Dakar a été, le temps de la 7 ème Assemblée générale de la PAFO, le centre névralgique du mouvement paysan africain. À l’issue des travaux, Gumede Phenias, élu nouveau président de la Plateforme panafricaine des organisations paysannes et de producteurs agricoles, et Nadjirou Sall, président du CNCR et figure de proue du ROPPA, se sont exprimés dans un entretien croisé.
Le premier dit avoir accueilli son élection « avec responsabilité et engagement », conscient des attentes de millions de petits producteurs. Le second salue le choix du Sénégal comme pays hôte, estimant que Dakar a offert « un cadre politique et symbolique fort » à cette rencontre continentale.
Pour Gumede Phenias, cette Assemblée générale marque un tournant. Renouvellement des instances, validation des rapports, adoption du plan stratégique 2026-2030 : « la PAFO se dote d’outils pour peser davantage dans les décisions agricoles africaines », affirme t-il. Nadjirou Sall, lui, recentre le débat sur la souveraineté alimentaire, pilier du combat du ROPPA. « Produire ce que nous consommons et protéger nos marchés », résume-t-il, dénonçant une dépendance persistante aux importations qui fragilise les exploitations familiales.
Sur les défis du monde paysan, les deux responsables se répondent. Le président de la PAFO plaide pour un dialogue renforcé avec les gouvernements afin d’améliorer l’accès aux technologies agricoles, au financement et aux marchés pour les petits producteurs. Le leader du ROPPA insiste, de son côté, sur l’urgence d’enrayer le désengagement des jeunes : « sans perspectives économiques claires, l’agriculture ne retiendra pas la jeunesse », prévient-il, appelant à des politiques publiques plus incitatives. Enfin, l’entretien met en lumière des convergences fortes. Gumede Phenias annonce vouloir renforcer le leadership féminin et le rôle des plateformes nationales, qu’il considère comme le socle de la PAFO. Nadjirou Sall détaille les priorités de plaidoyer du ROPPA auprès de la CEDEAO, de l’UEMOA et des États.