Entretien / Guérie de la Covid-19, la députée Yéya Diallo raconte son expérience : « ce que je me suis dit quand j'ai commencé à tousser du sang... Les détails que les gens ignorent de la maladie à coronavirus... »

Ce sont deux semaines de douleur et de peine que la présidente du mouvement national des jeunesses féminines du parti socialiste a dû endurer pour sortir enfin ce mercredi, totalement guérie de la covid-19. La parlementaire qui avait piqué le virus a accordé sa première réaction à Dakaractu juste après sa sortie de l'hôpital principal ce mercredi. Elle nous a également fait part de son ressenti dès le début de son infection, de sa découverte de la réalité quotidienne dans l'environnement des patients. Entretien...


Entretien /  Guérie de la Covid-19, la députée Yéya Diallo raconte son expérience : « ce que je me suis dit quand j'ai commencé à tousser du sang... Les détails que les gens ignorent de la maladie à coronavirus... »

Dakaractu: Le 23 Juin dernier, vous avez été testée positive à la Covid-19. Comment se sont présentés les premiers signes ?
 
Permettez-moi tout d'abord de présenter mes condoléances à toute la Oummah islamique avec la disparition de mon guide Serigne Pape Malick Sy. Cela a été un choc et une grande perte pour tout le pays. Tout au début, je ressentais des douleurs articulaires, je toussais beaucoup et j'avais également une forte fièvre. Néanmoins, je me suis dit intérieurement que j'étais malade. J'avais même pensé à la grippe. Mais je tiens à signaler que je faisais tout pour respecter les gestes barrières.
Cependant, quand j'ai commencé à tousser du sang, je me suis inquiétée. C'est à ce moment que j'ai pris l'initiative moi-même, d'appeler l'hôpital principal de Dakar.
J'ai d'abord essayé de joindre le directeur de l'hôpital que je n'ai pas eu et c'est par la suite que j'ai appelé son adjoint, le colonel Razack qui m'a mise en rapport avec le Docteur Bâ. C'est à la suite d'un questionnaire téléphonique que ce dernier m'a dit que je dois venir à l'hôpital. C'était d'ailleurs un lundi et c'est ce même jour que je suis venue faire le test qui s'est avéré par la suite, positif.

 Dakaractu- Comment avez-vous trouvé l’environnement dans lequel se trouvent les malades de la covid-19 ? Comment vous-vous êtes sentie une fois parmi eux ?
Il faut savoir que c'était la première fois que je vis une situation pareille. Je n'ai jamais été enfermée dans une chambre plus de 15 jours. Donc forcément, il y’avait de l’inquiétude, mais aussi on devait faire très attention parce qu'une fois à l’intérieur, on nous disait qu’il faut continuer à respecter les mesures barrières avec surtout, le port de masque. On avait également un petit jardin dans lequel on se promenait parfois. Les médecins attiraient aussi notre attention sur certains objets qu'on ne devrait pas toucher.
Dans cet environnement nous voyons aussi des malades qui sont guéris mais, à l’interne, ils repiquent le virus parce que soit, ils marchent en touchant les escaliers ou certains objets. C’est pourquoi, les soignants jugeaient impératif le respect de ces mesures barrières qui peuvent nous aider à limiter la propagation. Toutefois, avec l’anxiété on avait un sentiment de tristesse parfois, d’inquiétude. Mais, au-delà de la maladie, le plus important était cette relation établie entre patients pour s’entre-aider, mais également avec le personnel soignant qui nous a beaucoup soutenus car, ne voulant pas qu'on soit stressé entre autre. En tout cas entre personnel et patients, y’avait rien à dire parce que le courant passait bien.

Dakaractu : Venons-en au traitement. Comment le décrivez-vous ?
Comme vous le savez, le personnel de santé a adopté le traitement à base de la chloroquine. Moi je prenais le plaquinine le matin, à midi et le soir. Je suis hypertendue donc je suivais également un traitement pour des gens qui sont hypertendus. Je recevais aussi un traitement pour la fièvre, les céphalées ainsi de suite. Il faudra préciser que le traitement se fait également de manière spécifique. Autrement dit, ceux qui souffrent d’autres pathologies, suivaient un traitement parallèle selon, ce dont ils souffrent. Maintenant, pour ce qui est du coronavirus,  on avait des médicaments à prendre à des heures bien définies.
 
Dakaractu- Que dites-vous à ceux qui banalisent les maladies à coronavirus ou qui l’ignorent ?
Je dirais à tous ceux ou celles qui pensent que la maladie n'existe pas, qu’ils se trompent lourdement. Je reste un cas patent et bien placé pour en témoigner. J’ai vu des jeunes et des adultes souffrir à cause de cette maladie. J'ai vu un bâtiment rempli de sénégalais et de sénégalaises, certains même avec des masques respiratoires. J’ai vu des hommes et des femmes tousser difficilement et pleurer de douleur à cause de cette maladie. C'est pourquoi je lance un appel à tous ces gens qui en doutent encore, que la maladie à coronavirus est bel et bien réelle et qu'elle est en train de tuer et de massacrer des jeunes contrairement à ce que pensent certains. Il est temps d'intensifier la conscientisation et la sensibilisation pour les amener à la raison. C'est bien dommage parce qu'au moment où nous sommes, nous comptons des milliers de cas et plus d'une centaine de morts, les sénégalais sont toujours dans leur « vie irréelle » en pensant que la covid-19 est derrière nous ou même, n’a jamais existé. Aujourd'hui, la conscience citoyenne, l’esprit patriotique et républicain, auraient voulu que tout le peuple sénégalais soit solidaire avec le personnel de santé parce que ce sont des hommes et des femmes de valeur qui ont appris la science de la santé, ont prêté serment et par conséquent, n’ont aucun intérêt à mentir au peuple sénégalais. Il faut avoir confiance au personnel de santé et avoir confiance à ceux qui en sont déjà guéris parce que nous avons vu des gens mourir devant nous à cause de la Covid-19. J’appelle ainsi à la solidarité car, nous avons tous un proche qui pourrait  piquer le virus et en pâtir. Donc, c'est un appel que je lance à l'endroit de tout citoyen encore dans le doute.

Dakaractu : Les perspectives de combat face à la pandémie ?
Nous allons faire plus dans le sens de la bataille à coronavirus parce que l’épidémie est toujours là. C'est vrai que je suis guérie et je rends grâce à Allah mais je me dis que nous n'avons pas encore atteint notre objectif. La preuve, vous avez tous remarqué qu'il y’a un relâchement du côté de la population sénégalaise. Je suis dans une plateforme dénommée « Covid-19 Femmes-Debout » et nous allons continuer à mener le combat de sensibilisation. On va d'ailleurs faire le bilan de nos activités déjà menées à partir de cette semaine. Mais, je suis dans une autre plateforme avec les élus du département de Tivaouane. On avait confectionné 55.000 masques et fait une tournée départementale pour aider les femmes et les jeunes dans la dynamique de la sensibilisation.
 
 
 
Je terminerai par remercier l'Assemblée nationale car, elle a posé un acte fort lors de la clôture de la session de l'Assemblée. Le président Moustapha Niasse dans son discours avait formulé des prières pour moi. Donc, je le remercie du fond du cœur, de même que le président du groupe parlementaire BBY Aymérou Gningue car ils m'ont beaucoup soutenu.
 
 

Mardi 14 Juillet 2020
Dakar actu




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