Enquête Judiciaire sur la vente de la nationalité sénégalaise à des étrangers : Des aveux explosifs, le parquet dresse un réquisitoire de feu.

Libération révèle que le parquet de Dakar a ouvert une information judiciaire pour association de malfaiteurs, contrefaçon des sceaux de l’État, faux et usage de faux en écritures publiques authentiques, usage de faux commis dans des documents administratifs, corruption, obtention indue de documents administratifs, tentative d’obtention indue de document administratifs et blanchiment de capitaux dans l’affaire dite de trafic de la nationalité sénégalaise.
Ali Fawaz, qui servait de courtier au fonctionnaire en service à la direction des affaires civiles et du Sceau, s’est livré à une confession détonante. Tout comme les bénéficiaires des faux certificats de nationalité.


Selon des informations de Libération, le parquet de Dakar a ouvert une information judiciaire pour association de malfaiteurs, contrefaçon des sceaux de l’Etat, faux et usage de faux en écritures publiques authentiques, usage de faux commis dans des documents administratifs, corruption, obtention indue de documents administratif, tentative d’obtention indue de document administratifs et blanchiment de capitaux. 

Un réquisitoire de feu qui intervient à la suite de l’enquête de la Section de recherches sur un réseau spécialisé dans le trafic de la nationalité sénégalaise qui avait à sa tête un fonctionnaire en service à la direction des affaires civiles et du Sceau. 
Ce dernier, en fuite à l’étranger est sous le coup d’un mandat d’arrêt international.

Trois Syriens, un Sénégalais et un Libanais sous mandat de dépôt. 

En attendant les nommés Amer Alahmar (Syrien), Mohi Alboni (Syrien), Nabil Wizani (Sénégalais), Ahmed Bakkour (Syrien), et Ali Fawaz (Libanais) ont été placés sous mandat de dépôt par le doyen des juges de Dakar, en charge de l’instruction. 

Comme nous l'écrivions, Ali Fawaz était chargé de déposer les dossiers de naturalisation au centre principal de l’état civil. C’est d’ailleurs la fréquence des dépôts qui a alerté l’officier principal de l’état civil, Mamadou Diop, avant que les vérifications au niveau de la direction des affaires civiles n’établissent que les décrets annexés au dossier étaient des faux.

Au moins 22 faux certificats de nationalité "livrés" à des clients

Des sources autorisées affirment qu’Ali Fawaz s’est livré à des confidences détonantes qui renseignent sur l’ampleur de ce scandale. D’emblée, il a minimisé son rôle en précisant n’être qu’un intermédiaire entre l’agent de l’État véreux et les clients. 
A chaque opération, il recevait une commission comprise entre 100 et 125.000 tandis que le fonctionnaire en cause percevait entre 750 et un million de Fcfa pour chaque dossier. 
D’après toujours les confidences de Fawaz, à sa connaissance, le réseau a livré à 22 clients des certificats de nationalité sénégalaise.

Un Syrien paye 700.000 en guise de... "frais de décret" 

Le Syrien Amer Alahmar, arrivé au Sénégal en 2006 pour fuir la guerre dans son pays fait d’ailleurs partie des heureux bénéficiaires. Ce dernier a déclaré qu’il a rencontré l’agent véreux de l’État dans son bureau après avoir été présenté à lui au restaurant Sea Plazza. 
En plus de son cas, il a remis au fonctionnaire indélicat cinq autres dossiers de Syriens à la recherche de papiers sénégalais. 
Après échanges, il a payé 700.000 Fcfa en guise de... « frais de décret » - selon l'expression du mis en cause principal - pour chaque dossier. 

Au final, il n’a reçu « que » deux certificats de nationalité. À noter qu’un policier, qui était en service au parquet de Dakar, a été interrogé pendant l’enquête. Selon nos informations, il est d’ailleurs visé par le Procureur. Une affaire à suivre...
Jeudi 22 Août 2019




Dans la même rubrique :