Élections locales, occupation de l’environnement de l’école, privatisation : Cheikh Mbow (Directeur exécutif de Cosydep) se prononce


Directeur exécutif de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’école publique (Cosydep), Cheikh Mbow, dans une tribune à la presse, s'est prononcé sur les prochaines élections locales, la « cantinisation » des écoles, les écoles d’excellence et la privatisation de l’éducation. Donnant son point de vue sur les élections prévues en 2022, le D.E de Cosydep estime que « ces élections ne doivent pas bloquer le fonctionnement normal de l’école.
 Les acteurs politiques doivent respecter la neutralité de l’institution scolaire. Les élèves doivent être épargnés des jeux d’acteurs. » Occasion d’ailleurs pour M. Mbow d’interpeller les futurs élus à prendre en compte dans leurs programmes, la gestion de l’environnement des écoles, surtout sur le phénomène des cantines autour des écoles. Selon, lui, « la « cantinisation » est l’occupation de l’environnement de l’école par des boutiques et autres cantines. Les conséquences sont nuisibles à la quiétude et à la sécurité requises pour des enseignements de qualité. Une étude que nous avons menée en 2017 montrait que parmi les déterminants de la qualité de l’environnement des apprentissages, il y a la sécurité, la sûreté et la salubrité. »
 Le D.E Cosydep impute cette situation aux maires. En effet, estime-t-il, « les principaux responsables sont les maires, qui vendent des portions de l’espace scolaire pour élargir l’assiette des taxes. Les élections offrent ainsi l’opportunité de demander aux maires d’arrêter la commercialisation de l’espace scolaire. Ils devront s’engager à fournir aux écoles de leur commune des toilettes fonctionnelles, des espaces d’épanouissement et un personnel d’appui tel que gardien et femme de ménage. » Par ailleurs, M. Mbow invite les futurs maires à prendre en compte la démographie galopante dans leurs localités respectives. À cet effet, dira M. Mbow, « un maire visionnaire devrait penser à prévoir des réserves foncières pour le développement du réseau scolaire. »
Dans un autre registre, Cheikh Mbow s’est prononcé sur les établissements dits d’excellence. L’entrée dans ces écoles est soumise à une sélection rigoureuse, par voie de concours. Ces dernières années, le quota du public dans ces écoles d’excellence a fortement baissé. Les élèves du privé confessionnel sont souvent premiers dans les concours d’entrée. En effet, leurs élèves passent par une triple sélection : test d’accès à l’école privée, concours d’entrée en 6ème et concours d’entrée à l’école d’excellence Mariama Bâ. En tout état de cause, dira Cheikh Mbow, « la Cosydep soutient l’excellence mais s’oppose à l’élitisme. Toutes les écoles, notamment celles du public, doivent offrir de bonnes conditions pour que l’excellence soit démocratisée et que le système ne creuse pas davantage les inégalités entre riches et pauvres. Pour soutenir les écoles classiques, il faut s’appuyer sur ce qui justifie les performances des établissements d’excellence. Dans ces établissements, on trouve les professeurs les plus motivés, les meilleurs équipements, des élèves bien entretenus, un encadrement particulier du fait des effectifs réduits. Pour la Cosydep, il s’agit de modèles à ne pas opposer aux autres établissements, mais à multiplier » a dit M. Mbow qui, pour finir, s’est encore prononcé sur la question de la privatisation de l’éducation.
Selon lui, « la marchandisation est un phénomène que nous constatons dans le monde. Elle fait ses pas au Sénégal. Or, l’éducation est un droit, elle ne doit pas être un produit à vendre ou à acheter. Notre Constitution, précisée par la Loi d’orientation, affirme que l’éducation fondamentale doit être gratuite et obligatoire pour tous les enfants de 6 à 16 ans, quelle que soit leur situation. Cette obligation repose sur l’État. Cependant, on note de plus en plus, que notre école coûte cher. Les parents sont sur-sollicités avec des frais d’inscription qui, cette année, ont connu des hausses exorbitantes. En 2021, la Cosydep a mené une étude sur l’impact de la privatisation sur le droit à l’éducation. L’étude a révélé que les établissements privés de l’échantillon sont majoritairement à but lucratif (84%) et font des bénéfices (60%). Moins de 20% des écoles comptent 15% d’agents qualifiés. 74% des parents interrogés déclarent scolariser leurs enfants en écoles privées non pas par choix mais par obligation. 26% des écoles étudiées sont reconnues, 69% sont autorisées et 5% non autorisées. Au pré-primaire, le privé représente 43%, l’élémentaire 17% et le moyen 18%. Le développement de l’élémentaire privé est 5 fois plus rapide que celui du public.
 L’étude a conclu par 8 recommandations parmi lesquel­les l’exigence de renforcer le dispositif de contrôle des normes du secteur privé, d’évaluer régulièrement l’impact des interventions des acteurs privés sur le droit à l’éducation, d’améliorer les conditions d’enseignement dans les écoles publiques, souvent sous dotées d’infrastructures, d’équipements, avec des ratios élèves-enseignant élevés et un quantum horaire insuffisant. » a révélé Cheikh Mbow...
Mercredi 15 Décembre 2021
Dakar actu




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