E-Commerce : Afrimarket placée en liquidation judiciaire


E-Commerce : Afrimarket placée en liquidation judiciaire
La plateforme d'e-commerce française, Afrimarket, qui opère en Afrique de l'Ouest n'a pas résisté à la puissance financière de Jumia. Après huit mois d'audit, les deux fonds en lice pour y investir 20 millions d'euros (13  milliards 119 millions 140 .000 F) se sont retirés.
 
Une demande de mise en liquidation judiciaire a été effectuée par Afrimarket auprès du tribunal de commerce de Paris. Une décision qui s'est imposée aux fondateurs Rania Belkahia et Jeremy Stoss après que leurs nouveaux investisseurs potentiels aient décidé de se retirer du processus de levée de fonds en fin juillet dernier.
 
La start-up parisienne qui opère l'une des toutes premières places de marché, dans le domaine du commerce électronique en Afrique de l'Ouest voulait réunir des capitaux frais pour nourrir sa croissance et se donner une chance de résister au géant Jumia qui a levé près de 200 millions de dollars (118 milliards  368,5  millions F) lors de son introduction au New-York Stock Exchange en avril dernier, avait confié Rania Belkahia à nos confrères des ‘’Echos’’.
 
‘’Dans le courant de l'année dernière, nous avons commencé à chercher des investisseurs pour un tour de table de 20 millions d'euros et nous sommes entrés en discussions avec plusieurs fonds. Nous étions en due-dil (process d'audit pré-levée) avec plusieurs acteurs. Deux d'entre eux se sont positionnés dans la dernière ligne droite, mais nous ont lâché au milieu de l'été. Le principe d'une start-up est que si on ne la finance pas, elle s'arrête’’.
 
La chute est rude pour les fondateurs de la pépite qui avaient misé dans son développement un total de 50 millions d'euros depuis 2013, via des levées de fonds (13,5 millions d’euros soit 8 milliards  855,4 millions au total), des concours bancaires et son chiffre d'affaires. ‘’Nos investisseurs historiques nous ont soutenus depuis le début et durant les huit mois de la période d'audit auprès des fonds intéressés, mais après, il n'y avait plus de trésorerie…’’ En liquidant son activité, l'entreprise laisse 250 personnes sans emploi, dont une trentaine en France. 
 
Eliminée de la course par la puissance financière de Jumia
 
Le Pdg et la présidente d'Afrimarket veulent les accompagner durant cette période de transition, notamment ceux présents sur le continent africain. Pour les français, l'avenir paraît plus clairement tracé puisque leur expérience acquise dans l'e-commerce est très recherchée. D'ailleurs, certains ont déjà rejoint d'autres acteurs comme Amazon.
 
Mais qu'est qui explique cette fin brutale qui vient rappeler que le modèle des start-up repose d'abord sur une très grande prise de risque ? Tout d'abord la maturité du marché : le e-commerce, extrêmement prometteur en Afrique, n'a pas encore délivré toutes ses promesses et se heurte encore à des complexités opérationnelles qui finissent par peser dans le bilan comptable. Ensuite, la frayeur des investisseurs qui estiment que seul un grand acteur peut réellement émerger et s'imposer, ce que Jumia a su concrétiser en se finançant massivement sur le marché boursier américain. Enfin, le modèle de croissance qui repose sur des investissements très importants. Sur ce point, R. Balkahia explique avoir mal évalué les besoins réels en capitaux : ‘’Nous avions tous conscience que ce marché de l'e-commerce en Afrique requiert beaucoup de capitaux et il en aurait fallu dix fois plus pour y arriver. Il nécessite des moyens colossaux pour l'évangéliser et le stimuler’’, a-t-elle expliqué.
 
Une chute, malgré une bonne ascension entre 2015 et 2019
 
Malgré ce manque de confiance et de fonds fléchés vers le continent au 1,3 milliard d'habitants, Afrimarket avait pourtant réussi à assurer une belle ascension durant les quatre dernières années : le volume d'affaires de sa plateforme a fini par atteindre 30 millions d'euros (19 milliards  678,7 millions F Cfa) en 2018, contre 250 000 euros (163 milliards  989,2 millions) en 2015, et elle avait passé la barre du demi-million de clients depuis ses débuts. Elle avait aussi réussi à réduire ses coûts d'acquisition par huit et atteint une marge brute positive. Mais cela n'aura pas suffi à la jeune pousse prometteuse, mais confrontée à la réalité d'un système pas encore suffisamment mature pour la soutenir davantage. Ce qui laisse forcément un goût amer à la présidente d'Afrimarket qui veut terminer l'aventure avant de tenter une nouvelle expérience sur la base de ses acquis.
Vendredi 13 Septembre 2019




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