Diass : accusés de vol de chèvres, deux chauffeurs échappent de peu à la mort sous les coups de la foule


À Diass, une affaire de vol de bétail a bien failli tourner au drame. Deux chauffeurs, violemment lynchés par des habitants qui les soupçonnaient d’avoir volé des chèvres, comparaissent ce jour devant le Tribunal de grande instance de Mbour. Un dossier aussi sensible que révélateur des tensions persistantes autour du vol de bétail en milieu rural, rapporte L’Observateur.

 

Les mis en cause, B. Faye et Ch. T. Guèye, sont détenus à la Maison d’arrêt de Mbour depuis début décembre. Ils sont poursuivis pour vol de bétail, après avoir été passés à tabac par une foule en colère qui les accusait d’avoir dérobé 60 chèvres appartenant à un berger de la localité.

 

 
Une virée qui tourne mal derrière le lycée de Diass

 

 

Selon les informations rapportées par L’Observateur, les faits remontent au début du mois de décembre, aux environs de 15 heures. Les deux chauffeurs se seraient rendus à Diass à bord d’un véhicule. Profitant de l’isolement d’une zone située derrière le lycée de la ville, ils auraient subtilisé deux chèvres appartenant au berger A. Sow, avant de les charger dans leur voiture.

 

Mais leur fuite est de courte durée. Repérés par des habitants, les présumés voleurs voient leur véhicule terminer sa course contre une grosse pierre. Rattrapés par les villageois, ils sont aussitôt extraits de force du véhicule. La découverte des deux chèvres à bord déclenche alors une violente colère collective.

 

Les deux hommes sont sauvagement battus. Leur survie, selon L’Observateur, ne serait due qu’à l’intervention rapide des éléments de la gendarmerie de Diass, alertés à temps.

 

 
À la barre, des versions opposées

 

 

À l’audience tenue mardi dernier, les débats ont mis en lumière des versions totalement contradictoires. Ch. T. Guèye, qui avait initialement reconnu les faits lors de l’enquête préliminaire, est revenu sur ses déclarations. Il affirme désormais n’avoir commis aucun vol, expliquant leur présence à Diass par le dépôt d’une dame à une cérémonie familiale. Selon lui, ils auraient été attaqués sans raison par les villageois.

 

Son coaccusé, B. Faye, adopte une position différente. Il reconnaît le vol d’une chèvre, mais tente de minimiser sa responsabilité en impliquant son compagnon. Il soutient que c’est Ch. T. Guèye qui l’aurait invité à se rendre sur les lieux.

 

 
Le berger parle de vols répétés et d’une méthode rodée

 

 

Face aux deux chauffeurs, le berger A. Sow campe sur ses positions. À la barre, il accuse les prévenus d’avoir volé 60 têtes de bétail, affirmant qu’il ne s’agissait pas d’un acte isolé. « Ce n’est pas la première fois que je les vois voler mon bétail. C’est seulement cette fois qu’on les a attrapés », a-t-il déclaré.

 

Toujours selon L’Observateur, le berger évoque une méthode bien rodée : les accusés auraient l’habitude de donner aux chèvres du maïs mélangé à des comprimés pour les neutraliser avant de les emporter. Il réclame 3 millions de FCFA à titre de dommages et intérêts.

 

 
Verdict très attendu

 

 

Lors de ses réquisitions, le procureur de la République a demandé l’application stricte de la loi, rappelant la gravité du vol de bétail, un fléau qui continue d’empoisonner la vie des éleveurs. Après les débats, la présidente du tribunal a mis l’affaire en délibéré.

Mardi 30 Décembre 2025
Dakaractu