encouragée au Sénégal. Au rythme où les détournements publics comme privés d’ailleurs, s’amplifient au Sénégal, nous amène à nous poser la question de savoir, pourquoi les pouvoirs passés et présents, ne s’engagent pas résolument à mettre un terme définitif à son expansion qui prend de plus en plus des dimensions inquiétantes? A coup sûr, l’absence de punition sévère et exemplaire des auteurs de tels délits, fait partie des causes profondes de sa persistance dans l’espace social sénégalais, comme un mal profond et contagieux. En effet, cette pratique malfaisante qui devient banale maintenant dans notre pays de certains individus parmi mais nous peu recommandables, pratique consistant à détourner allégrement les fonds mis sous leur garde et qui ne leur sont que simplement confiés, perdure et semble devenir tout à fait un encouragement au vol. Par conséquent, comme une source intarissable, confortable et la meilleure façon pour eux de s’enrichir facilement et rapidement sans cause. C’est l’évidence, dans la mesure où les auteurs de tels faits condamnables ne courent en fait ou peu alors, aucun risque de subir les foudres de la loi, par de lourdes peines d’emprisonnement et d’être dépossédés ensuite de leur gigantesque butin volé à leur peuple. Voilà pourquoi, certains Sénégalais, s’adonnent à cette pratique et ne cherchent plus actuellement qu’à convoiter des postes de gestionnaires de fonds, de responsables financiers, de directeurs généraux… dans le but de se voir confiés des ressources financières importantes, qu’ils détourneront ensuite tout simplement, sans autre forme de procès. Au Sénégal, il est devenu très commode aujourd’hui pour des gestionnaires véreux, de disposer comme bon leur semble des fonds mis sous leurs responsabilités, comme leurs propres biens. A y regarder de près, on dirait qu’il n’existe pas dans notre arsenal judiciaire, des lois spécifiques qui condamnent sévèrement de tels délits de prévarication ? Si tel est toutefois le cas, notre pays devrait alors se doter d’une juridiction adéquate aux de les juger légalement. En tout cas, depuis la courte séquence de notre pays sous le président Mamadou Dia, les détournements de deniers publics ne font que prendre plus d’ampleur et inversement, leurs auteurs bénéficient en plus d’impunité inadmissible, quel que soit l’ordre de grandeur au demeurant, de leur importance. Cette pratique, qui est parfaitement un crime économique, est absolument incompatible à l a bonne gouvernance et au développement, qui plus est, économique d’un pays quel qu’il soit. Le constat que tout Sénégalais de bonne foi peut faire facilement en toute objectivité, c’est celui de l’absence d’autorité conséquente et apte à faire face énergiquement contre les fossoyeurs des ressources nationales. Autrement dit, nous n’avons pas un Etat fort, une République juste et équitable avec un chef d’Etat équitable et équidistant entre tous les citoyens sans aucun parti pris, et qui veille scrupuleusement comme la prunelle de ses yeux à la sauvegarde des ressources nationales. L’Etat a l’obligation de faire parfaitement preuve d’une impartialité à tous égards et toute épreuve, pour démontrer aux Sénégalais qu’il n’existe pas une justice à deux vitesses et deux catégories de citoyens. Le discours seul ne suffit plus pour les convaincre du contraire. Ces individus égoïstes qui, par leurs agissements délictueux réduisent dans une large mesure, nos maigres moyens de développement qui devraient nous permettre en principe avec une bonne gouvernance, de pouvoir se doter des infrastructures adéquates, créer des emplois nécessaires pour résorber le chômage surtout des jeunes, construire plus d’écoles publiques pour tous les enfants de la République, d’hôpitaux, de logements sociaux à la portée des faibles bourses, diminuer le coût de la vie, etc. L’absence de contrôle et suivi de près, ainsi que la systématisation d’audits réguliers et inopinés sur la gestion des affaires publiques, permettent à ces gestionnaires indélicats et leurs complices, d’avoir toute la latitude et tout le temps nécessaires pour exécuter leur forfaiture, en toute tranquillité. Le bilan global des détournements de deniers publics dans notre pays de l’indépendance à nos jours, dévoilerait un chiffre hallucinant qui donnerait des vertiges et crises de nerf aux plus coriaces d’entre nous. Déjà la compilation des différents rapports de l’IGE, de la Cour des comptes, etc., pour les deux dernières décennies seulement, nous en fournit un bilan accablant des sommes détournées, dont les auteurs sont toujours aussi libres que le vent. D’ailleurs, c’est à partir de ces ressources soustraites frauduleusement de notre patrimoine national, que certains d’entre eux se sont construit des empires financiers et nous narguent à l’occasion, parce que nous sommes des « pauvres » et aussi que n’avons pas été des voleurs comme eux. C’est vraiment désolant pour les honnêtes gens de constater que dans notre pays, les plus grands détourneurs de deniers publics deviennent après leur forfaiture, quasiment des « rois » tout, faits. Et le plus navrant en plus de tout cela, c’est qu’ils bénéficient du soutien de certains marabouts véreux qui les couvrent et réclament leur impunité sous forme de pardon et de magnanimité du Chef de l’Etat, alors que ces biens ne sont aucunement pour lui, car il n’en est que le gardien. Il est sûr et certain que ces soi-disant marabouts agissent par cupidité et sont totalement en porte-à-faux avec les enseignements du Coran, relatifs au vol et à la consommation des biens illicites. A cet effet, je vous rapporte ceci : « Les habitants de la cité demandèrent à Oussama ibn Zaïd ibn Harithah d’intervenir en sa faveur auprès du Prophète, en raison de la place qu’il occupe dans le cœur du Prophète. Le Prophète se mit en colère et dit : « Comment oses-tu intercéder pour annuler l’une des interdictions de notre Seigneur ?! » Il déclara à la suite de cet évènement, dans un sermon à la mosquée : « Les nations qui ont vécu avant vous ont péri parce qu’elles fermaient les yeux sur un vol commis par un riche alors qu’elles sévissaient à l’égard d’un pauvre pour un délit identique. Je fais le serment par Allah que si Fatima, fille de Mohammed, venait à perpétrer un vol, je lui couperais la main » (rapporté par Boukhari N° 3475 et par Mouslim N° 1688). C’est vraiment net et clair ! Et nous pensons logiquement, que nos marabouts ne peuvent pas aller dans le sens contraire que ce qui précède, s’ils sont conséquents avec eux-mêmes. Au Sénégal, nous nous vantons et nous glorifions très souvent d’être musulmans, pour ne pas dire les plus musulmans de la Oumma islamique, mais en réalité, nous faisons peu, au-delà de nos proclamations et incantations, pour en être de véritables et meilleurs avec tout ce que cela renferme et exige comme obligations, tolérance et humilité selon le Coran et la Suna. Au regard de la récurrence de ce phénomène si nocif qui bénéficie jusque-là d’une haute protection taboue des autorités étatiques et religieuses, il y a lieux de reconsidérer la nature de ce délit, par une nouvelle caractérisation du délit et sa reclassification comme un crime incontestable. A cet effet, prévoir une sanction sévère correspondant à la hauteur de la gravité des faits et de leurs incidences néfastes, qui impactent notoirement sur la vie économique et sociale de notre pays. Etant donné que le crime (meurtre) est une infraction qui est du ressort des Cours d’assises, mais pourquoi donc, ce crime économique qui est aussi un acte immoral avec des conséquences négatives lourdes sur l’économie nationale, donc par ricochet, sur la marche normale du pays , n’est pas jugé comme tel par une Cour d’assises ou alors, une juridiction spéciale ? Et pourquoi, ne pas prévoir dans les mêmes circonstances que les crimes de sang, des peines maximums similaires à celles de la Cour d’assises dans les cas d’espèce, pour dissuader à jamais cette race de malfaiteurs insatiables d’argent, à renoncer définitivement à leur sale besogne. Par ailleurs, en sus de la peine d’emprisonnement, il faut exiger du délinquant la restitution intégrale des biens dissimilés. Dans ce genre de –délit-crime- aucune circonstance atténuante ne doit être accordée à leurs auteurs et moins encore, les libérer par intercession de qui que ce soit. La collision depuis quelques années entre les pouvoirs publics et religieux en faveur de ceux qui sont incriminés avoir volé ou qui sont supposés l’être, des biens publics appartenant à la nation tout entière, est une entreprise dangereuse et moralement inacceptable. Ceci n’est assurément pas loin d’un complot ourdi contre les simples citoyens, qui suent sang et eau pour permettre bon an, mal an à l’Etat de fonctionner correctement ; eux qui ne bénéficient plus ni de protection de la loi comme il se doit ni du privilège de fils, sont véritablement les victimes toute désignées des conséquences de cette malfaisance. C’est une attitude que tous les Sénégalais honnêtes, de bonne foi, épris de paix, de stabilité et de justice sociale doivent dénoncer avec la dernière énergie pour l’intérêt supérieur de la nation Sénégalaise. Car cette attitude, ne diffère en rien, avec celle des suceurs de sang des travailleurs, pour qui, l’unique objectif, est de s’enrichir davantage et toujours plus, pour vivre dans un luxe insolent en rendant davantage plus pauvres, ceux qui ne vivent justement que de la sueur de leur front. Et tout cela, sans le moindre souci ou peine à l’égard de ces derniers. Nous pouvons affirmer avec certitude et sans ambages, que ces « marabouts-là » sont de la même veine que ces suceurs de sang, ces détourneurs de deniers publics impunis et les pouvoirs publics complices, qui manquent de courage, de détermination et fuient devant leurs responsabilités et prérogatives régaliennes. En définitive, le Sénégal est un Etat de classe, comme tout Etat d’ailleurs, mais en plus, il tend à devenir à la longue celui d’une catégorie de privilégiés au-dessus de la loi, parce que justement, celle-ci ne s’applique pas à eux, en cas de délit, même bénin. C’est extrêmement grave et cela ne pressage point d’une paix sociale durable, de la cohésion de l’unité nationale et sa consolidation dans le cadre de nos diversités culturelle, linguistique, religieuse, ethnique et j’en passe. Au regard de tout ce désordre embuant ou ambivalent, notre serait très serait heureux, comme le souhaite Mamadou Oumar Ndiaye d’avoir en son sein : « un Jerry Rawlings » à sa tête mais non du tout un « Yaya Jamey » pour remettre les pendules à l’heure, après avoir bien nettoyé et assaini les écuries d’Augias. Mandiaye Gaye
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