Déclassification de la forêt de Diass au profit de l’Apix : Les populations battent le macadam et donnent un ultimatum.


À Diass, une commune située dans le département de Mbour, la déclassification de la forêt locale au profit de l’Apix a semé les graines de la violence à Sakirack, quartier le plus proche du périmètre octroyé à l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd). 

Dans cette localité, ce mercredi, les populations, comme un seul homme, ont initié des manifestations pour exprimer leur désaccord relativement à cette décision présidentielle de mettre les terres à la disposition de ladite agence. D’avis que cette zone demeure le seul espace à même de permettre l’extension de leur village, ils sont montés au créneau pour se faire entendre. Elles ont barré la route et brûlé des pneus pour attirer l’attention des autorités. Une initiative motivée par la descente musclée d’un chapelet de véhicules remplis de gendarmes sur le site concerné.

Porte-parole des populations, Pape Daouda Faye et ses camarades ont exprimé leur fortement leur opposition  aux travaux entamés sur le site. ‘’Nous sommes réunis pour dénoncer avec la dernière énergie, le manque de considération et le souhait des autorités étatiques de faire disparaître l’ethnie Saafi. Nous sommes quotidiennement menacés de tous bords par les projets de l’État et des prédateurs fonciers. En effet, depuis 48 heures, un homme décidé à occuper le site destiné à l’extension du quartier de Sakirack est en train d’aménager le site accompagné par une forte présence des forces de l’ordre. Ce que nous déplorons parce que nous estimons que les travaux entrepris sur le site sans le consentement des populations, sont frappés d’illégalité’’, a-t-il confié.

À l’en croire, les habitants de Sakirack sont d’avis que le site offert à l’Apix sur un plateau ‘’doit revenir légitimement aux populations dont l’habitat est étouffé de tous bords par les projets de l’État. Ce qui fait qu’elles ne disposent d’aucun espace pour une éventuelle extension de leur zone d’habitation’’.

Concernant ce site d’une superficie de 31 hectares, il représente, selon Pape Daouda Faye, ‘’l’espoir de toute une population qui a accepté de céder des milliers d’hectares au bénéfice de l’État du Sénégal’’. Rappel est fait, à ce titre des sacrifices consentis par Diass. ‘’La commune de Diass a cédé à l'Aibd plus de 75% de ses terres sans aucune indemnisation’’. Aujourd’hui, ses voisins et lui, dit-il, regrettent la monnaie que l’État tente de leur rendre. ‘’À travers la Zone économique spéciale intégrée (Zesi), l’État et ses partenaires veulent réduire à néant, l’existence de toute une communauté. Ce qui est inadmissible et inacceptable’’, tonne le porte-parole des populations.

D’avis que les projets de l’État doivent prendre en compte les préoccupations des autochtones, il dit regretter l’attitude des autorités qui, malheureusement, pour eux, semblent ignorer ‘’complètement le mot Intégrer qu’ils veulent substituer par le mot Éliminer’’.

Son camarade Abdoulaye Faye, a quant à lui, rappelé tout ce qui a été fait par les autorités locales pour la régularisation du site. ‘’La population a mené le combat depuis 2009 sans violence pour le viabiliser. C’est ce qui fait qu’elle dispose d’un plan d’urbanisme délivré par les autorités, d’un permis d'occuper délivré par les Eaux et Forêts et d’une délibération par la mairie. La population est donc légalement, propriétaire de ce site’’. Une situation qui fait que Abdoulaye Faye et Cie disent, déplorer ‘’l’insuffisance d’informations concernant le démarrage des travaux entrepris sur le site. Ainsi que la descente musclée des forces de l’ordre dans la localité et les intimidations dont font l’objet les populations locales’’.

Pour un retour au calme, dans la zone, les populations réclament ‘’l’arrêt des travaux engagés sur le site, dans un délai de 24 heures’’. À défaut, les populations disent ne pas exclure de prendre leurs responsabilités et d’aller déloger et son occupant et les forces de l’ordre. Dans leur élan, elles ont fait appel à l’équipe municipale. ‘’Nous demandons aux autorités municipales de nous accompagner dans ce combat parce que c’est un combat communautaire. La population est déterminée à combattre par tous les moyens. Donc d’ici vendredi, le propriétaire et les forces de l’ordre n’ont qu’à quitter le site’’.

M. Faye de sonner l’alerte. ‘’La gendarmerie est en train d’effectuer des patrouilles dans le village pour intimider les habitants, mais nous allons faire face parce que la population est déterminée. Nous interpellons et prenons à témoin le Président Sall. D’ici 24 heures, si rien n’est fait, nous irons récupérer le site destiné à l’extension du quartier. Donc qu’il prenne ses responsabilités.

Nous avons constaté ce jour, une présence massive de forces de l’ordre dans la localité. Ce qui nous intrigue car si des forces de l’ordre viennent encadrer des travaux, c’est grave. Cela montre tout simplement que le processus d’attribution du site ne s’est pas fait dans les règles de l’art. Et la population s’est levée aujourd’hui pour parler de la même voix.

Le quartier de Sakirack où se trouve le site controversé est étouffé de tous bords. L’aéroport, la route nationale et l’usine Kirène empêchent le quartier qui est l’un des plus grands de Diass, de s’agrandir et permettre à ses habitants d’avoir des parcelles où habiter. On leur avait donc affecté un site à l’entrée de Diass pour les besoins de l’extension du quartier. Les Eaux et Forêts ont octroyé des permis de coupe et la Mairie a délivré des permis aux attributaires. Mais au nom de quoi, l’État octroie donc ces terres à un tiers au détriment des populations ?, s’interroge-t-il. Et ce avant de signaler que plus de 7 à 10 véhicules font chaque jour la navette.






Jeudi 16 Septembre 2021




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