Crise des sous-marins / Snobée par l’Australie, la France se console auprès de la Grèce : Une réponse Européenne face à la stratégie AUKUS en perspective ?


Crise des sous-marins / Snobée par l’Australie, la France se console auprès de la Grèce : Une réponse Européenne face à la stratégie AUKUS en perspective ?
C'était un véritable coup dur pour la France de voir un contrat d'envergure stratégique lui échapper avec tous les espoirs qu'il englobait. En effet, la rupture par l'Australie de ce contrat promis à la France, pour 12 sous-marins conventionnels a été tout bonnement annulé au profit d'un partenariat avec le Royaume-Uni et les États-Unis. Le prétexte avancé était simplement le fait d'obtenir des sous-marins d'attaque à propulsion nucléaire, pour faire face à la fragilité géopolitique dans la zone indopacifique.

C'est ce contrat du siècle, dénommé Attack, auquel il a été mis fin après l'annonce, le 16 septembre 2021, du Premier ministre australien Scott Morrisson. 
Rappelons-le, ce contrat était évalué à 35 milliards d’euros, moins de la moitié de cette somme devant revenir à des entreprises françaises puisque si sa conception était française, les systèmes d’armes et de combat auraient été fournis par les États-Unis. Il devait également être développé à partir du modèle de SNA Barracuda, mais doté d’une propulsion classique diesel-électrique et non nucléaire. C'est pourquoi, l’annonce de la rupture a été un coup dur pour le français Naval Group dont 300 ingénieurs travaillaient à Adélaïde (en Australie) et 500 salariés à Cherbourg (une ville en France) sur ce projet. 

Cette rupture de contrat, qui s’est effectué au profit de  trois dirigeants à l’occasion du G7 en Cornouailles en juin 2021, fait naître un nouveau partenariat de sécurité entre Washington, Londres et Canberra :  l’AUKUS (Australia - United Kingdom - United States). Une alliance très clairement tournée contre la Chine dans l’espace indopacifique. Ce rapprochement stratégique est à la fois une réponse de la nouvelle administration Biden à ce qu’elle jugeait être les errements de l’administration Trump face à la Chine en Asie-Pacifique, et la réponse de Boris Johnson au « Brexit » par sa nouvelle stratégie de « Global Britain ». Cette annonce englobe la fourniture de SNA à l’Australie, et un partenariat très étroit sur les technologies de l’intelligence artificielle, le cyberespace ou les missiles (achats de Tomahawk par l’Australie). Pour l’exécutif français, elle est une nouvelle démonstration du peu de considération dont fait preuve la Maison blanche à l’égard des alliés européens, quel que soit le parti au pouvoir.

Ce mardi, le président Français Emmanuel Macron et le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis ont signé mardi un protocole d'accord portant sur la commande par Athènes de trois frégates. La France qui estime que le renforcement des relations avec les autres pays de l'Europe à l'instar de la Grèce qui sont en général, situés dans des zones de tensions, prévoit la signature pour la vente de ces trois frégates d'environ 3 milliards d'Euros de contrat qui devra etre signé en fin d'année. Ces frégates de défense FDI-HN seront construites en France, à Lorient.
Pour le président Français, optimiste, ce contrat qui doit etre finalisé dans quelques semaines est un "témoignage de confiance et de démonstration de la qualité de l'offre française".
Cependant, même s'il y a  l'aspect du business, il y'a également le côté de partenariat stratégique avec notamment la Grèce qui prévoit, qu'en cas d'agression, les clauses d'assistance mutuelle puissent se faire entre les pays partenaires.

Lors d'une conférence de presse ce matin, le président Emmanuel Macron considère que la réponse de l'Europe doit être effective pour sa défense. " Les Européens doivent sortir de la naïveté. Lorsque nous sommes sous l'effet de pression, de puissance qui, parfois se durcissent, réagir et montrer que nous avons aussi la puissance de nous défendre devient un impératif", a martelé le président français tout en réaffirmant que les États-Unis restent un allié historique même si, durant ces 10 dernières années, ils se sont concentrés sur eux mêmes et ont des intérêts stratégiques orientés vers la Chine et le Pacifique. 

Au regard de cette position du président Macron, il est clair que le sociétaire du palais de l'Elysée est pour une Europe de la défense. La France va prendre d'ailleurs la présidence de l'Union Européenne pour six mois à partir du premier janvier 2022. Le président Emmanuel Macron serait bien dans cette posture de faire de cette crise des sous-marins, une opportunité pour renforcer l'autonomie stratégique de l'Europe". 

Dans cette perspective, qui va suivre la France qui est, au sein de l'UE, la seule véritablement équipée pour mettre en place un bloc compact européen de défense? L'Italie, l'Espagne de même que d'autres pays de l'Europe de l'Est peuvent-ils suivre cette percée progressive unitaire de la France? Des questions qui trouveront certainement leur réponse dans les prochaines semaines.
Mardi 28 Septembre 2021




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