Covid-19 / Centre de traitement de Ziguinchor : Les agents paramédicaux réclament près de 4 mois de primes et envisagent une grève.


Les agents paramédicaux du centre de traitement de Ziguinchor réclament au ministère de la santé et de l’action sociale près de quatre mois de primes de motivation. Ils sont au total une bonne trentaine d’infirmiers et d’hygiénistes qui crient leur ras-le-bol et menacent d’aller en grève si la situation persiste. Pour démontrer leur détermination à aller au bout de leur plan d’action, l’un d’entre eux qui a préféré garder l’anonymat, a contacté la rédaction de Dakaractu afin de revenir en détails sur l’actuelle situation qui prévaut dans ce centre dirigé par le directeur de l’hôpital régional.

Alors que le Sénégal lutte contre la pandémie de la covid-19 officiellement depuis le 2 mars dernier, les agents paramédicaux qui sont sur tous les fronts, et souvent sur la première ligne, payent un lourd tribut. Entre les cas de contamination dont ils sont malencontreusement victimes et les difficiles conditions de travail dans lesquelles ils exercent au niveau des centres de traitement disséminés un peu partout sur le territoire national, l’absence de motivation vient parfois plomber leur engagement dans la bataille contre le virus à couronne.

À peine sorti de sa garde et d’une courte nuit de sommeil, l’infirmier en question de se faire le porte-parole de ses collègues. « Nous sommes des agents de l’hôpital régional et de l’hôpital de la paix de Ziguinchor. Je suis infirmier j’ai été affecté ici (Centre de traitement de Ziguinchor) avec l’apparition de la pandémie au Sénégal. On peut compter 20 agents dont 10 issus de l’hôpital de la paix et 10 autres sélectionnés au niveau de l’hôpital régional en plus des hygiénistes. Il y’a aussi des médecins contractuels et d’anciens infirmiers qui ont été mobilisés par le ministère de la santé pour renforcer l’équipe de travail au niveau du centre. » Une équipe assez élargie qui prend en charge les personnes testées positives à la covid-19 dans cette région sud du Sénégal.

S’il reconnait que leurs conditions de travail sont plus ou moins acceptables, l’agent de santé avouera que l’effectif a été revu à la hausse avec l’augmentation du nombre de cas. « En réalité ces infirmiers retraités sont venus ici en appoint il y a près de deux mois pour nous prêter main forte. » Sauf que, « contrairement à nous, ils ont des contrats signés en bonne et due forme. Alors que nous avons été cooptés par désignation. Dès que la pandémie s’est signalée à Ziguinchor, nos superviseurs de soins ont choisi des infirmiers au niveau de chaque service pour constituer des équipes au niveau du centre de traitement », soulignera-t-il dans un premier temps.

Comme pour dénoncer un peu plus la précarité sociale dans laquelle travaillent les agents de santé, il poursuit ses complaintes. « Depuis que nous avons démarré les soins au niveau du centre, à la date du 22 mars on est en train de faire notre travail. Une fois que les médecins ont fini de faire les consultations quotidiennes, nous faisons quasiment tout le reste du travail. Certes nous ne sommes pas embauchés par le ministère du travail, mais ils nous doivent des primes de motivation. Depuis le mois de mars, on attend désespérément de rentrer dans nos fonds. D’ailleurs le directeur du centre qui est également le directeur de l’hôpital régional, nous avait même convoqués en réunion, en présence d’autres médecins, pour nous dire que la situation est visiblement compliquée pour nous. Mais que, d’après ses informations tout devrait se décanter assez rapidement. Depuis lors, toujours rien et on n’a reçu aucune motivation de la part du ministère de la santé », a-t-il fustigé.

Etonnante révélation si l’on sait qu’à la date du 30 avril 2020 une enveloppe de plus de 360 millions FCFA avait été annoncée par le ministère de la santé et de l’action sociale en guise de primes de motivation. Une prime destinée à 7.250 agents de santé à raison de 50.000 FCFA par mois et par agent pendant au moins 6 mois.

Concernant toujours ces primes de motivation, il était prévu par les services du ministère de la santé, une répartition de celles-ci comme suit : Tout le personnel est concerné, communautaire ou prestataire seuls les vacataires étant exclus. Le centre de traitement aurait-il été oublié ? « Ce qui nous étonne le plus c’est qu’il y a des centres de traitement dont les agents ont déjà reçu leurs primes de motivation. C’est assez injuste puisque le centre de traitement de Ziguinchor fait partie des premiers qui ont démarré la prise en charge des malades de la covid-19… Les agents du ministère nous ont demandé nos numéros de comptes bancaires, des compléments de dossiers, nos diplômes, notre domiciliation de salaire, adresses etc... Mais en vain ! C’est le statu quo depuis un voire deux mois. Que ça soit les médecins ou les infirmiers nous sommes tous dans la même situation concernant ces primes de motivation. »

Les agents paramédicaux du centre de Ziguinchor ont reçu un maigre lot de consolation venant d’un bienfaiteur dont l’identité reste à définir. Toutefois, je tiens à préciser que durant les derniers jours du mois de mars, les agents paramédicaux ont chacun reçu une certaine somme calculée selon le nombre de jours de travail effectué entre le 22 et le 30 mars, à raison de 5.000 FCFA la journée. Ceux qui avaient touché les plus fortes sommes avaient perçus environ 50.000 FCFA. À préciser qu’ils nous ont dit que ces primes étaient d’origine locale. Autrement dit que cela venait des autorités locales et non pas du ministère de la santé. »

Une situation frustrante qui pourrait pousser ces agents de santé dans leurs derniers retranchements : « Nous avons plusieurs fois menacés d’aller en grève. Ce sont les superviseurs qui nous demandaient d’obtempérer en attendant de trouver une issue heureuse. Seulement, nous commençons à atteindre le seuil de tolérance face à cette situation. Ceci n’a que trop duré et nous sommes déterminés passer à l’étape supérieure. » Une grève qui serait très mal venue en ces périodes ou la pandémie fait plus que jamais des ravages en territoire Sénégalais avec 8.198 cas positifs et déjà 150 décès enregistrés.
Mercredi 15 Juillet 2020




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