Covid-19 : « Quand Guterres a fait cette déclaration pour prédire le malheur en Afrique, ce que les autorités auraient dû faire... » (Bamba Ndiaye, ex-ministre)


 
La situation dans le monde, causée par l’infection au coronavirus, apeure. C’est pourquoi cette situation préoccupante  devrait être connue de tous pour une meilleure traversée de la crise. C’est du moins ce qu’a affirmé l’ex-ministre des affaires religieuses, Mamadou Bamba Ndiaye qui liste ce qu’aurait dû faire nos autorités étatiques face à cette situation qui a montré l’essentiel des failles dans tous les secteurs de la vie.  
 
‘’Dans le passé, lorsqu’un drame survenait dans un pays sous développé, les regards étaient tournés vers les puissances occidentales. Aujourd’hui, le Covid-19 a fait que chaque État est préoccupé par les méfaits de cette pandémie. Chacun panse ses blessures et cherche tous les moyens de s’en sortir seul. Au sortir de cette crise sanitaire, il faut que le Sénégal soit conscient que ce qui va favoriser son essor ne viendra ni des Usa, ni de la Chine, encore moins de la France. On doit comprendre cela, et le peuple doit en être conscient autant que ses leaders. J’estime qu’ainsi, malgré la rigueur de cette maladie et les drames qu’elle aura engendrés, le coronavirus nous aura procuré beaucoup d’effets positifs’’, a déclaré le ministre, à travers un entretien téléphonique au cours de l’édition spéciale initiée ce dimanche 12 avril 2020 sur Dakaractu.
 
Selon lui, ‘’toute crise constitue une opportunité pour d’autres. Il faut donc que nos Etats fassent de sorte à  transformer les contraintes qui se dresseront devant eux, en opportunité. Dieu (Lsi) a fait que cette crise passe pour une opportunité pour nous autres, pays africains. La situation est que le nombre de cas enregistrés en Italie est supérieur à celui du continent Africain tout entier. Il en est de même pour les Usa, l’Espagne, la France. C’est dire que l’Afrique aurait dû en profiter pour montrer son leadership. Mais le continent noir a failli quelque part. Quand le Secrétaire général de l'Onu, António Guterres a fait cette déclaration pour prédire le malheur en Afrique, ce que les autorités du continent auraient dû faire, ce n’est pas de fermer leurs frontières. Le Sénégal n’aurait pas dû fermer ses frontières et utiliser son institut Pasteur et se consacrer à la prise en charge de ses malades. Nos Etats auraient dû unir leurs efforts et se donner la main en étant conscients que si leur prédiction se concrétisait, le reste du monde allait nous regarder avec le sourire aux lèvres. On aurait dû se réunir donc, pour une fois. Ce, dès lors que ces pays qui nous avaient colonisés, ont compris l’importance de créer une union pour faire face aux autres puissances économiques de ce monde’’, regrette l’ex-ministre.
 
‘’Si la prédiction de l’Onu se concrétisait, le reste du monde allait …’’
 
À en croire le ministre, ‘’si nous n’unissons pas nos forces, nous ne pourrons jamais faire face aux puissances de ce monde. Les Etats européens ont, aujourd’hui, créé une union (Union européenne), ils ont mis en place une monnaie unique (Euro) et envisage d’éliminer leurs frontières pour en faire un seul Etat. Au même moment, nous en Afrique, on traine les pieds. L’Afrique devrait profiter de cette occasion pour créer une solidarité africaine capable, demain, face à n’importe quelle situation déplorable, de tout régler, sans attendre l’aide du reste du monde. Il nous faut une mutualisation des efforts pour que ce soit possible’’, dit M. Ndiaye qui parle d’une démondialisation causée par cette pandémie.
 
Proche collaborateur du président Abdoulaye Wade, alors que ce dernier était aux affaires, il dit croire que ‘’l’ordre mondial qui existait est en train de subir un bouleversement. Cette maladie a permis aux populations mondiales de se rendre compte que ces pays les plus développés et qui étaient les puissances, à tout point de vue, sont également vulnérables. La preuve, après la Chine qui a été l’épicentre de la maladie, aujourd’hui, les Usa est le pays le plus touché. Il est apparu que le gouvernement de Trump est apparemment même dépassé par la situation alors que personne n’a encore trouvé un remède contre le Covid-19. Peut-être que la maladie va avoir des répercussions positives. Aujourd’hui, au vu des performances, concernant la prise en charge de cette maladie, l’on peut dire que le Sénégal a les meilleurs résultats comparés à ceux de la France, des États-Unis, entre autres. Ce n’est pas une raison de s’en glorifier, mais que l’on rende grâce au Bon Dieu’’. 
 
‘’Ce discours qui manque aux populations en Afrique…’’
 
Pour l’ancien ministre en charge des questions religieuses, Bamba Ndiaye, il urge de prévenir les populations Africaines et de leur recommander de se préparer. ‘’Après cette crise sanitaire, il  faut nous attendre à une récession économique. Une situation qui sera sentie d’abord au niveau de l’Etat, ensuite dans les entreprises puis les ménages et enfin les individus. Tout le monde va ressentir cette situation. Je salue les mesures prises par nos chefs d’Etat. Je me félicite des décisions prises par le président de la République Macky Sall. Je trouve, cependant, qu’ils ont laissé de côté le plus important : Parler sincèrement aux populations. Le président Trump a annoncé à ses concitoyens que la situation est difficile est que la situation va s’empirer dans les jours à venir. Son homologue français en a fait autant et a invité ses semblables à se préparer à des lendemains difficiles pour faire face à cet ennemi invisible qu’est le Covid-19. Ce discours manque aux populations en Afrique’’, dit-il.
 
D’ailleurs, il est d’avis que procurer de la nourriture aux populations est important, mais il trouve cependant qu’expliquer aux populations ce, vers quoi on tend est plus judicieux. ‘’Il faut que le peuple soit conscient qu’on tend vers des situations extrêmement difficiles et que les Sénégalais se préparent psychologiquement pour ça. Un Etat qui s’abstient de tenir informé son peuple conduit celui-ci à des difficultés inattendues et des situations d’une extrême difficulté. Encore une fois, il nous faut préparer les populations, parce que l’Etat qui était son socle, est confronté à l’arrêt des paiements d’impôts et de collectes de recettes’’
 
Pour que le continent noir s’en sorte, il faut la solidarité africaine. (…) Il nous faut prendre en compte que nous n’avons pas assez d’outils et de mécanismes pour faire face véritablement à cette crise qui s’annonce. Ce qu’il nous faut faire, c’est  préparer nos populations à cette crise qui se dessine de sorte, qu’elles puissent se préparer en conséquence. Ceux qui ont une lecture réelle de la situation savent que cette crise sanitaire sera suivie d’une récession économique’’, a-t-il dit avec insistance. 
Dimanche 12 Avril 2020




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