Coup d’État au Soudan / Vives tensions entre civils et militaires, arrestations de dirigeants du gouvernement : Une transition problématique ?

L’état d’urgence a été instauré après ce coup d’État qui, par ailleurs, a été dénoncé par les chancelleries étrangères, mais aussi et surtout par les soudanais qui ont manifesté ce lundi. Le dernier bilan officiel fait état de 7 morts et plusieurs blessés ont été décomptés.


Comme une histoire qui se répète. Des Soudanais en faveur d’un gouvernement civil tentent d’échapper à des tiers. Ce lundi, pour la sixième fois dans l’histoire du pays, les militaires ont pris le pouvoir au Soudan. Depuis 2019 à la chute de l’ancien dictateur Omar El Béchir les militaires ont partagé le pouvoir avec les civils dans un gouvernement de transition.  
 
Dans la matinée, la télévision nationale interrompt son programme et le général Abdel Fattah al-Burhane, annonce l’arrestation de la quasi-totalité des dirigeants du gouvernement du Premier ministre. 
Le ministère de l'information tenu par des civils et dirigé par Abdalla Hamdok qui est d’ailleurs toujours l’autorité de transition légitime du pays fait la réplique : « toutes les décisions prises par l’autorité militaire du pays n’ont aucune base constitutionnelle et sont considérées comme un crime. »
 
Il faut préciser que ces derniers mois, les tensions entre les militaires et les civils au sein de la transition n’ont cessé de croître. Des tensions alimentées par des dossiers clés comme la remise de l’ancien dictateur Omar Omar El Béchir à la CPI, le passage de relais du général Alborán aux dirigeants civils prévu pour 2022 et la crise économique. 
 
La communauté internationale a condamné ce coup d'État militaire et les membres du conseil de sécurité devraient se réunir en urgence à huis clos ce mardi à la Maison-Blanche. Le dossier soudanais est suivi de très près par le président Joe Biden. C'est un des premiers dossiers de politique étrangère auxquels s'est attaqué le président américain Joe Biden. Et même s'il a toujours été fragile, cet attelage entre civils et militaires qui devrait conduire à une transition démocratique à Khartoum, incarnait une forme d’espoir pour la Maison-Blanche et le département d’État. D'ailleurs, la réaction du président américain à ce qu'il qualifie de coup d’État est donc effectivement vive. 

Washington brandit d’ores et déjà des menaces. Anthony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, confirme que les officiers soudanais seront frappés au portefeuille. Individuellement d’abord pour ceux qui possèdent des comptes à portée de tirs de l'administration américaine mais également par le gel des avoirs accordés par le Fonds monétaire international d’une part et la Banque mondiale également à des fonds accordés ces derniers mois.

Joe Biden par la voix de son Envoyé spécial à Khartoum, exige donc un retour rapide à la normale qui commencera par la libération des fonctionnaires civils qui œuvraient il y a encore quelques jours à la transition démocratique au Soudan. 

La même idée est soutenue par le secrétaire général de l’ONU, qui considère « qu’il faut préserver et protéger la transition politique obtenue de haute lutte en assurant le plein respect de la charte constitutionnelle... » 
Mardi 26 Octobre 2021




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