Dans un entretien exclusif accordé à L’Observateur, Ousmane Kane, magistrat à la retraite crédité de 42 années de carrière, apporte un éclairage décisif sur les secousses actuelles du paysage judiciaire sénégalais. Avec la rigueur qui a fait sa réputation, l’ancien Président de la Cour d’Appel de Kaolack décrypte une série de décisions qui ont récemment créé un véritable vent de dégel judiciaire, tout en révélant les zones d’ombre qui persistent dans certains dossiers sensibles.
Un “desserrement” de l’étau judiciaire : simple rigueur juridique ou recul de l’État ?
Interrogé par L’Observateur sur les multiples décisions favorables à certains justiciables — non-lieux, libertés provisoires, placements médicaux — Ousmane Kane balaie l’idée d’une mansuétude ou d’un affaiblissement de la politique de reddition des comptes.
Selon lui, la réalité est plus simple : « les charges sont insuffisantes » dans plusieurs dossiers, et les juges d’instruction comme les chambres d’accusation n’ont fait qu’appliquer la loi.
Il cite notamment les cas de Lat Diop et d’autres inculpés ayant bénéficié de décisions contraires aux réquisitions initiales.
Farba Ngom & Mabintou Diaby Diagne : “Ils doivent être élargis”
Mais à l’inverse de ce mouvement, deux cas font exception :
• Farba Ngom, député-maire des Agnam,
• Mabintou Diaby Diagne, épouse du journaliste Madiambal Diagne.
Les deux souffrent, selon leurs conseils, de pathologies graves, mais demeurent incarcérés — une situation que le magistrat juge incompréhensible et juridiquement problématique.
L’expertise “incomplète” dans le cas Farba Ngom
Trois médecins spécialistes ont conclu à l’incompatibilité de ses pathologies avec la détention en milieu carcéral.
Mais la Chambre d’accusation, plutôt que de prononcer sa mise en liberté, a ordonné son placement dans un centre hospitalo-carcéral.
Pour Ousmane Kane, ce placement relève de l’Administration pénitentiaire, non du juge — un précédent dangereux.
Il va plus loin :
« Le respect des droits élémentaires de Farba Ngom aurait dû conduire parquet et juge d’instruction à ordonner une expertise complémentaire. »
— Analyse rapportée par L’Observateur
Le cas de Mabintou Diaby Diagne : une détention hospitalière décidée sans juge
Encore plus surprenant selon Kane : le placement en milieu hospitalier de Mme Diagne n’a même pas été décidé par un juge, mais exclusivement par l’Administration pénitentiaire.
Un signe, selon lui, que le système fonctionne à l’envers.
Un “desserrement” de l’étau judiciaire : simple rigueur juridique ou recul de l’État ?
Interrogé par L’Observateur sur les multiples décisions favorables à certains justiciables — non-lieux, libertés provisoires, placements médicaux — Ousmane Kane balaie l’idée d’une mansuétude ou d’un affaiblissement de la politique de reddition des comptes.
Selon lui, la réalité est plus simple : « les charges sont insuffisantes » dans plusieurs dossiers, et les juges d’instruction comme les chambres d’accusation n’ont fait qu’appliquer la loi.
Il cite notamment les cas de Lat Diop et d’autres inculpés ayant bénéficié de décisions contraires aux réquisitions initiales.
Farba Ngom & Mabintou Diaby Diagne : “Ils doivent être élargis”
Mais à l’inverse de ce mouvement, deux cas font exception :
• Farba Ngom, député-maire des Agnam,
• Mabintou Diaby Diagne, épouse du journaliste Madiambal Diagne.
Les deux souffrent, selon leurs conseils, de pathologies graves, mais demeurent incarcérés — une situation que le magistrat juge incompréhensible et juridiquement problématique.
L’expertise “incomplète” dans le cas Farba Ngom
Trois médecins spécialistes ont conclu à l’incompatibilité de ses pathologies avec la détention en milieu carcéral.
Mais la Chambre d’accusation, plutôt que de prononcer sa mise en liberté, a ordonné son placement dans un centre hospitalo-carcéral.
Pour Ousmane Kane, ce placement relève de l’Administration pénitentiaire, non du juge — un précédent dangereux.
Il va plus loin :
« Le respect des droits élémentaires de Farba Ngom aurait dû conduire parquet et juge d’instruction à ordonner une expertise complémentaire. »
— Analyse rapportée par L’Observateur
Le cas de Mabintou Diaby Diagne : une détention hospitalière décidée sans juge
Encore plus surprenant selon Kane : le placement en milieu hospitalier de Mme Diagne n’a même pas été décidé par un juge, mais exclusivement par l’Administration pénitentiaire.
Un signe, selon lui, que le système fonctionne à l’envers.
Un risque pour l’image internationale du Sénégal
Ousmane Kane alerte sur un danger majeur :
« Le caractère sacré de la personne humaine est inscrit dans la Constitution et dans toutes les conventions internationales. »
Maintenir en détention des personnes dont l’état de santé est incompatible avec l’incarcération pourrait peser lourdement sur la coopération judiciaire internationale, notamment avec la France.
Affaire Badara Gadiaga : un dossier qui “intrigue”
Le magistrat s’attarde longuement sur le cas Badara Gadiaga, emblématique selon lui des contradictions du système.
Bien que la Chambre d’accusation ait décidé de sa mise en liberté sous contrôle judiciaire, il reste détenu, car :
• en matière de liberté provisoire, l’appel du parquet est suspensif,
• et celui-ci peut attendre « le dernier jour, à la dernière heure » pour se prononcer.
Une preuve, selon Ousmane Kane, que le Procureur général reste inféodé au ministère de la Justice, bien que tous les régimes successifs aient promis de couper ce lien organique.
Des charges “désespérément vides”
Kane se dit surpris par un point précis :
si Gadiaga est toujours poursuivi sous l’article 80 alinéa 2 du Code pénal — un article liberticide longtemps dénoncé — alors toute demande de mise en liberté est irrecevable.
Pour que juge d’instruction et Chambre aient tout de même décidé d’une libération, cela signifie selon lui une seule chose :
« Les charges sont désespérément vides. »
Une situation qui expose cette décision à une probable annulation par la Cour suprême, même si, souligne-t-il, les juges auront « la conscience tranquille ».
Une interdiction nocturne qui empêche Gadiaga de travailler
Le contrôle judiciaire lui impose une interdiction de sortir de 21h au matin, ce qui revient à l’empêcher de participer à son émission, diffusée à partir de 22h.
Une entorse flagrante selon Kane :
« La Constitution garantit le droit au travail à chaque citoyen. »
Une justice instrumentalisée ? Un État qui doit se “remettre en question”
Pour Ousmane Kane, le constat est clair :
la politique pénale actuelle complique inutilement la tâche des magistrats et crée des tensions inutiles.
Il donne un exemple frappant :
certaines personnalités anciennement détenues reviennent encore plus virulentes dans les déclarations qui les avaient menées en prison… sans aucune conséquence judiciaire.
Il conclut avec gravité :
« Un État qui en arrive à ce point doit se remettre en question dans ses rapports avec la Justice. »
Ousmane Kane alerte sur un danger majeur :
« Le caractère sacré de la personne humaine est inscrit dans la Constitution et dans toutes les conventions internationales. »
Maintenir en détention des personnes dont l’état de santé est incompatible avec l’incarcération pourrait peser lourdement sur la coopération judiciaire internationale, notamment avec la France.
Affaire Badara Gadiaga : un dossier qui “intrigue”
Le magistrat s’attarde longuement sur le cas Badara Gadiaga, emblématique selon lui des contradictions du système.
Bien que la Chambre d’accusation ait décidé de sa mise en liberté sous contrôle judiciaire, il reste détenu, car :
• en matière de liberté provisoire, l’appel du parquet est suspensif,
• et celui-ci peut attendre « le dernier jour, à la dernière heure » pour se prononcer.
Une preuve, selon Ousmane Kane, que le Procureur général reste inféodé au ministère de la Justice, bien que tous les régimes successifs aient promis de couper ce lien organique.
Des charges “désespérément vides”
Kane se dit surpris par un point précis :
si Gadiaga est toujours poursuivi sous l’article 80 alinéa 2 du Code pénal — un article liberticide longtemps dénoncé — alors toute demande de mise en liberté est irrecevable.
Pour que juge d’instruction et Chambre aient tout de même décidé d’une libération, cela signifie selon lui une seule chose :
« Les charges sont désespérément vides. »
Une situation qui expose cette décision à une probable annulation par la Cour suprême, même si, souligne-t-il, les juges auront « la conscience tranquille ».
Une interdiction nocturne qui empêche Gadiaga de travailler
Le contrôle judiciaire lui impose une interdiction de sortir de 21h au matin, ce qui revient à l’empêcher de participer à son émission, diffusée à partir de 22h.
Une entorse flagrante selon Kane :
« La Constitution garantit le droit au travail à chaque citoyen. »
Une justice instrumentalisée ? Un État qui doit se “remettre en question”
Pour Ousmane Kane, le constat est clair :
la politique pénale actuelle complique inutilement la tâche des magistrats et crée des tensions inutiles.
Il donne un exemple frappant :
certaines personnalités anciennement détenues reviennent encore plus virulentes dans les déclarations qui les avaient menées en prison… sans aucune conséquence judiciaire.
Il conclut avec gravité :
« Un État qui en arrive à ce point doit se remettre en question dans ses rapports avec la Justice. »