Budget 2026 du Ministère de l’Intérieur : 222,25 milliards FCFA pour renforcer la sécurité, moderniser l’administration et préparer les enjeux électoraux majeurs


Le projet de budget 2026 du Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique s’élève à 222,25 milliards FCFA en Autorisations d’Engagement (AE) et 220 milliards FCFA en Crédits de Paiement (CP). Présenté devant la Commission des Finances et du Contrôle budgétaire élargie, ce budget traduit la volonté du gouvernement d’intensifier la sécurisation du territoire, de moderniser la gestion administrative et de préparer sereinement les échéances électorales de 2027.
 
 
 
Une priorité affichée : la sécurité publique
 
Avec 152,36 milliards FCFA en AE, le programme « Sécurité publique » concentre l’essentiel des ressources. Les députés ont salué les opérations de désencombrement menées à Dakar et dans les grandes villes, rappelant qu’il s’agit d’une action d’ordre public et non de déguerpissements. Colobane, Keur Massar ou encore Guédiawaye sont cités parmi les zones critiques où la circulation était devenue « chaotique ».
 
Le ministre Bamba Cissé a insisté sur l’impact économique des encombrements, évalué à 903 milliards FCFA par an selon un rapport du CETUD. Il a confirmé que les opérations se poursuivront, appuyées notamment par trois brigades de gendarmerie déployées à Keur Massar.
 
Les députés ont également alerté sur :
•  la montée du risque djihadiste aux frontières, particulièrement vers le Mali ;
•  l’insécurité rurale, marquée par la recrudescence des vols de bétail ;
•  les violences urbaines, agressions, arrachages et trafic de drogue dans plusieurs zones ;
•  la nécessité de créer ou réhabiliter de nombreux commissariats (Bignona, Gossas, Mbane, Koumpentoum, Grand-Yoff, etc.).
 
Le ministre a assuré que la surveillance des frontières sera renforcée avec la création d’unités spécialisées, en attendant le déploiement complet de la vidéosurveillance.
 
 
 
Sécurité civile : une refonte ambitieuse du maillage national
 
Dotée de 43,54 milliards FCFA, la sécurité civile fait l’objet d’un vaste programme de modernisation. Le ministre a annoncé la construction de 186 casernes de sapeurs-pompiers entre 2025 et 2035, un changement d’échelle inédit.
 
Parmi les infrastructures prévues ou en cours d’achèvement :
•  casernes de Goudiry (inauguration le 27 novembre 2025),
•  ouverture prochaine de celles de Nioro du Rip, Dahra, Diamniadio et Ndiaganiao,
•  chantiers en cours à Kédougou et Sokone.
 
Les députés ont relevé la vétusté des infrastructures actuelles, comme à Koumpentoum ou Goudomp, et demandé l’installation de nouveaux postes dans des zones à forte sinistralité (Sindia, Podor, île à Morphil…).
 
 
 
Administration territoriale : bâtiments vétustes et réformes en attente
 
Le programme « Administration territoriale », doté de 15,3 milliards FCFA, vise à moderniser un secteur fragilisé.
 
Les députés ont dénoncé :
•  l’état de délabrement de préfectures et sous-préfectures (Kolda, Sédhiou, Bignona, Koumpentoum),
•  des incohérences géographiques (préfecture de Pikine… située à Guédiawaye),
•  un manque criant de moyens logistiques.
 
Ils ont aussi réclamé une rotation plus régulière des préfets et sous-préfets pour éviter « connivences et influences locales ».
 
Le ministre a confirmé que les deux textes essentiels — loi d’orientation de l’administration territoriale et statut du corps préfectoral — sont élaborés mais pas encore finalisés. Un plan stratégique est en cours pour améliorer l’efficacité de la déconcentration.
 
 
 
Gouvernance électorale : une année 2026 décisive avant les territoriales de 2027
 
La gouvernance électorale reçoit 3,95 milliards FCFA en AE, mais les députés jugent cette enveloppe insuffisante pour préparer les élections territoriales de 2027, d’autant plus que des milliers de cartes d’identité CEDEAO arrivent à expiration.
 
Les préoccupations portent sur :
•  la révision des listes électorales,
•  la production suffisante de cartes d’identité,
•  l’ouverture de centres d’enrôlement dans les régions (Kolda, Diouloulou, Dagana, Rufisque…) et à l’étranger (Barcelone, Paris, Arabie Saoudite),
•  la sécurité des données confiées au prestataire étranger chargé des documents d’identité.
 
Le ministre a rappelé que 2026 verra le démarrage des préparatifs électoraux, avec la création prochaine d’une structure indépendante de gestion des élections, issue du dialogue national.
 
 
 
Une hausse du budget saluée, mais des défis persistants
 
Le ministre des Finances, Cheikh Diba, a souligné une progression de 7,63 % du budget du ministère de l’Intérieur entre 2025 et 2026, soit 15,5 milliards supplémentaires, tout en reconnaissant que les besoins demeurent supérieurs aux moyens.
Mercredi 10 Décembre 2025
Dakaractu