Budget 2026 du MUCTAT : 270 milliards pour la décentralisation et la gestion des tensions foncières… Entre ambitions territoriales et fortes attentes des députés


Le projet de budget 2026 du Ministère de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des Territoires (MUCTAT) a été minutieusement examiné par les députés lors de la séance du 17 novembre 2025. Présenté devant la Commission des Finances et les commissions élargies, le budget s’élève à 270,8 milliards FCFA en autorisations d’engagement (AE) et 250,8 milliards FCFA en crédits de paiement (CP)  .
 
Cette enveloppe est répartie en cinq grands programmes couvrant la gouvernance territoriale, l’urbanisme, le logement, l’aménagement du territoire et le financement du développement local.
 
 
 
Une répartition budgétaire stratégique
 
Le budget 2026 du MUCTAT se structure comme suit :
•  Programme Pilotage & Gestion administrative : 4,7 milliards FCFA (AE)
•  Aménagement et développement urbains et ruraux : 107,9 milliards FCFA (AE)
•  Gouvernance territoriale : 4,5 milliards FCFA
•  Financement du développement territorial : 124,8 milliards FCFA
•  Logement, construction et cadre de vie : 28,7 milliards FCFA 
 
Le programme le plus important reste celui dédié au développement territorial, reflétant la volonté de soutenir les collectivités et de renforcer l’aménagement national.
 
 
 
Des préoccupations multiples soulevées par les députés
 
Durant l’audition, les députés ont abordé une longue série de préoccupations liées à la réalité des territoires. Plusieurs thèmes majeurs se sont dégagés :
 
1. Urbanisme et constructions illégales
 
Les parlementaires ont dénoncé :
•  les lenteurs des autorisations de construire,
•  les morcellements irréguliers impliquant élus et représentants de l’État,
•  les effondrements d’immeubles à Dakar et Touba,
•  les occupations anarchiques à Keur Massar.
Ils ont plaidé pour un renforcement de la DGSCOS et de l’Inspection générale des Bâtiments  .
 
2. Logement social : attentes élevées
 
Les élus ont réclamé :
•  plus de transparence dans les critères d’attribution,
•  un quota de 50 % des terrains pour la SN HLM et SICAP SA,
•  l’opérationnalisation d’un Numéro Vert,
•  une meilleure prise en charge des besoins en zones rurales.
 
Des dossiers sensibles ont été évoqués, comme :
•  les souscriptions non satisfaites depuis 2005,
•  les retards dans le projet des 100 000 logements,
•  les difficultés des Sénégalais de la diaspora à accéder à l’information  .
 
3. Litiges fonciers persistants
 
Les députés ont longuement insisté sur :
•  les conflits de délimitation (Diama, Thiénaba, Fandène, Ndiaffate, etc.),
•  les spoliations dans des zones comme Ndingler,
•  la mauvaise gestion des réserves foncières à Mpal-Médina Nguinte,
•  les pratiques frauduleuses dans certains lotissements.
Ils ont demandé la réforme foncière annoncée dans le cadre de l’Acte 4  .
 
4. Gouvernance territoriale : vers l’Acte 4 de la décentralisation
 
Les élus ont interpellé le Ministre sur :
•  l’avenir des Pôles-Territoires,
•  la viabilité de certaines communes issues de découpages politisés,
•  la nécessité d’un statut clair de l’élu local,
•  les lenteurs dans les contrôles de légalité,
•  la modernisation de l’état civil.
 
Le Ministre a annoncé un projet de loi sur les pôles-territoires et une réforme profonde de l’Acte 4 destinée à corriger les incohérences territoriales  .
 
5. Cadre de vie et aménagement
 
Plusieurs urgences ont été signalées :
•  gestion des déchets à Touba Toul, Niaguis, Oussouye,
•  réhabilitation des routes secondaires,
•  clarification des limites territoriales à Keur Massar,
•  risques liés à l’embouchure dans certaines zones de pêche,
•  problèmes d’inondations liés aux plans d’urbanisme.
Les députés ont aussi alerté sur la création supposée d’une nouvelle décharge entre Somone et Ngaparou  .
 
6. Modernisation des cités religieuses
 
Bien que saluant les efforts de l’État, les élus ont jugé insuffisante la dotation de 987 millions FCFA au Programme National d’Aménagement des Villes Religieuses, et ont appelé à soutenir davantage les cités de Mpal, Darou Salam, Ndande, Bounkiling et celles de la Casamance  .
 
 
 
Les réponses clé du Ministre
 
Face à ces nombreuses interpellations, le Ministre Moussa Bala Fofana a rappelé :
•  que les incohérences territoriales seront corrigées dans la réforme Acte 4 ;
•  que les pôles-territoires seront dotés de schémas territoriaux contraignants ;
•  qu’une plateforme nationale d’accès au logement (PNALRU) sera mise en place pour tous les Sénégalais, y compris la diaspora ;
•  que 20 millions de pièces d’état civil sont déjà indexées dans le cadre du Programme NEKKAL ;
•  que l’audit des 100 000 logements est en cours via la Cour des comptes ;
•  que les fonds transférés aux collectivités seront réorganisés pour plus d’efficacité  .
 
Le Ministre des Finances, Cheikh Diba, a pour sa part précisé que, malgré une apparente baisse du budget, le périmètre élargi du ministère traduit en réalité une augmentation de 34,3 milliards FCFA comparée à 2025  .
Mardi 9 Décembre 2025
Dakaractu