Boubaker Sy, porte-parole de la jeunesse de GPS : « Guillaume Soro ne mène pas une lutte par procuration (…) La Cedeao doit agir maintenant en Côte d’Ivoire »

Guillaume Soro ne participera pas à la présidentielle d’octobre prochain. Le Conseil constitutionnel en a décidé ainsi. Une décision décriée par le candidat de Générations et peuples solidaires à travers ses différents supports numériques. Ses partisans affichent la même position. Porte-parole de la jeunesse de GPS, membre de la cellule stratégique de GPS et coordinateur de la Coalition Ensemble avec Soro, Boubaker Sy n’est pas moins indigné. Le jeune leader qui a accordé un entretien à Dakaractu trouve inacceptable l’exclusion de son leader et invite la CEDEAO à agir maintenant en Côte d’ivoire pour éviter une escalade de la violence.


Monsieur Boubaker Sy, vous êtes le porte-parole de la jeunesse de Générations et Peuples solidaires (GPS), mouvement de Guillaume Soro. Sa candidature vient d’être déclarée irrecevable par le Conseil constitutionnel. Espériez-vous autre chose ?

C'est dommage que chaque dix ans, dans l'histoire de ce pays les vieux démons resurgissent et prennent possession de nos juges constitutionnels. Évidemment on s'y attendait. Au regard des nombreuses violations des droits de l'homme aujourd'hui en Côte d'Ivoire, au regard de la gestion du pouvoir Ouattara et sa main mise sur non seulement le pouvoir législatif et judiciaire, on s'attendait à ce qu'une telle décision inique soit rendue.
Cependant, les ivoiriens et les amis de la Côte d'Ivoire espéraient pourtant voir les magistrats du Conseil constitutionnel faire preuve de courage et dire le droit. Hélas, en voulant faire plaisir à son ami Ouattara, Monsieur Mamadou Koné, président du Conseil constitutionnel, a décidé de tordre le cou au droit. Notre candidat remplit toutes les conditions pour être éligible. C'est un coup d'État pour nous et une insulte envers le peuple souverain de Côte d’Ivoire.

Réagissant à l'irrecevabilité de sa candidature par le Conseil constitutionnel, Guillaume Soro a annoncé une nouvelle étape dans son combat pour la démocratie en Côte d'Ivoire. À quoi pouvait-il bien faire allusion ?

Parler d'irrecevabilité de la candidature de Guillaume Soro reviendrait à mon sens à dire que la décision du Conseil constitutionnel est juste et aurait une certaine logique juridique et morale. Or nous savons que ce n'est pas le cas. On parle d'irrecevabilité quand toutes les règles et analyses au regard du droit sont respectées pour aboutir à une telle décision. Or, dans notre cas, on remarque que notre candidat est écarté non pas suite à des analyses juridiques mais en réalité pour des raisons politiques. Au regard du droit et conformément à la récente décision de la Cour africaine qui nous donne raison et estime que notre candidat est bien éligible. Les hors la loi sont à Abidjan. La CADHP (Cour africaine des droits de l’Homme et des Peuples, ndlr) étant une juridiction supranationale, ses décisions sont exécutoires et sont frappées du principe du droit communautaire qui prime sur les décisions des pays membres. Alassane Ouattara le sait.
Ce qui est donc ici irrecevable pour nous et l'ensemble des ivoiriens, c'est bien la décision de ce Conseil constitutionnel.
La nouvelle phase du combat pour la restauration de la démocratie consistera à travailler de sorte à rétablir l’ordre constitutionnel en Côte d’Ivoire, aller à des élections inclusives, libres et surtout maintenir la paix en Côte d’Ivoire. Le président Guillaume Soro lui-même tiendra une conférence de presse ce Jeudi donc logiquement vous aurez toutes les grandes lignes qui donneront le ton pour la naissance de cette Côte d'ivoire basée sur le respect des textes et des libertés.

Ne croyez-vous pas que votre leader Guillaume Soro, est trop loin de la Côte d'Ivoire pour mener son « combat ». N'est-il pas en train de mener une lutte par procuration ?

Comparaison n'est pas raison, mais De Gaulle a mené la résistance étant loin de la France. L'actuel président Guinéen était en exil lui aussi. Aujourd’hui, il est président. Mandela était emprisonné. Il a mené la lutte. Alassane Ouattara lui-même a mené une partie de sa lutte étant en exil. Ce n'est pas une lutte par procuration ! Pas du tout.
J'ai l'habitude de dire que Guillaume Soro est un esprit et pas plus tard que le week-end dernier, la rumeur nous annonçait à Abidjan. Aussitôt l'armée fut déployée. C'est vous dire à quel point le régime d'Abidjan a une peur bleue de notre mentor qui est aujourd'hui le principal opposant de Ouattara capable de le battre dès le premier tour.

Quelle sera la part de la jeunesse de Générations et Peuples solidaires dont vous êtes le porte-parole dans ce combat ?

Les jeunes membres de Générations et peuples Solidaire sont issus de cette race de jeunes Africains ayant soif de démocratie réelle, qui a pleinement conscience de ce que la nouvelle  Côte d'Ivoire se fera avec eux, par eux et pour eux. Ils sont nombreux parmi ces 77% de jeunes que comptabilise notre pays qui croient en ce nouveau leadership incarné par Guillaume Soro. Cette jeunesse autrefois taxée de génération sacrifiée et sans repère est désormais une génération consciente et engagée à faire la politique autrement. Cette jeunesse a déjà répondu présent en accordant massivement son parrainage à Guillaume Soro et ça il faut le dire. Elle sera encore là dans cette nouvelle lutte qui s'annonce.
Les premières victimes de l'injustice sous le régime Ouattara ce sont les jeunes qui hier voyaient en lui le démocrate qu'il n'a en réalité jamais été. Ils sont nombreux à avoir été déçus. Ne comptez donc pas sur la jeunesse ivoirienne en général pour lâcher prise et regarder la démocratie être immolée sur l’autel des caprices d’Alassane Dramane Ouattara.

Compte tenu des troubles que la Côte d'Ivoire a connus ces dernières années, ne risque-t-on pas d'aller encore vers des lendemains incertains pour votre pays ?

Je le disais dès l'entame de cet échange. C'est dommage que chaque dix ans les vieux démons ressurgissent. Les acteurs politiques et surtout le président Ouattara n'a tiré il semble, aucune leçon personnelle. Lui qui a pourtant subi toutes les pires formes d'injustices devrait être un homme de rassemblement et non vecteur d'injustice. Nous sommes déjà de plain pied dans la violence. Il suffit de lire les derniers rapports de Amnesty international qui accablent le gouvernent ivoirien pour s'en rendre compte. Il suffit de voir les leaders de la société civile être emprisonnés, d'autres poignardés comme Samba David dans son bureau, voir les discours de haine distillés par les partisans du régime en place sur les réseaux sociaux pour dire que effectivement la Côte d'Ivoire est aujourd'hui au bord du gouffre.
Nous interpellons la communauté internationale et surtout la Cedeao qui reste sourde et muette. C'est maintenant qu'il est important d'agir et non après comme on le voit au Mali actuellement.
Nous sommes à 26 morts déjà pour de simples manifestations pacifiques sous la démocratie selon Alassane Ouattara.
Ce qui est encore plus choquant, c'est que ces violences sont le résultat de l'entêtement d'un homme qui avait été présenté comme un grand démocrate, policé et donc respectueux des libertés individuelles qui malheureusement veut s'accrocher au pouvoir à tout prix.
Dix ans après son arrivée à la tête du pays, je peux vous assurer que Ouattara est bien loin de cette image de démocrate policé. Ce ne sont pas les anciens alliés et amis qui d'ailleurs l'ont tous abandonné qui diront le contraire. C'est un homme aujourd'hui isolé diplomatiquement et amoindri dans sa coalition politique. Une coalition qui en réalité n'existe que de nom sans aucune quintessence.
Les troubles en cours en Côte d'Ivoire ont déjà fait 26 morts et c'est inacceptable. L'avenir de notre pays est incertain et nous interpellons la communauté internationale à avoir un regard particulier sur la situation.

Les élections se tiennent dans quelques jours. Peut-on s'attendre à ce que GPS et son leader soutiennent l'un des candidats de l'opposition ? Henri Konan Bédié peut être ?

 Certains partis membres de GPS sont déjà dans la plateforme du président Henri Konan Bédié. Mais la question actuellement qui mérite d'être posée, c'est peut-on d'abord imaginer aller à des élections dans ces conditions ? Imaginer battre Mr Ouattara dans ce contexte est une vue de l'esprit. Quelqu'un qui viole la constitution pour se déclarer candidat en complicité avec le Conseil constitutionnel, qui a affirmé avoir eu million de parrainages alors qu'il n'a pas eu la  moitié, comment peut-on imaginer qu'il respectera le résultat des urnes s’il est battu ? Le candidat Ouattara n'a pas violé la constitution pour se faire battre.
Pour l'heure nous en appelons à l'union des forces vives de la nation pour faire barrage au coup d'État en cours. Les calculs politiques face à l'urgence n'ont pas droit de cité. Il faut sauver la nation en péril...
Mercredi 16 Septembre 2020




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