
DAKARACTU.COM Les évènements qui sont survenus ce week-end entre le Sénégal et la Guinée, suite au blocage d’un avion de Sénégal Airlines sur le tarmac de l’aéroport de Conakry-Gbessia, pour une dette datant d’Air Sénégal International envers l’aviation civile guinéenne, ont jeté un froid dans les relations entre les deux pays. Ils appellent un éclairage particulier sur les relations tendues et en dents de scie qu’entretiennent les présidents sénégalais et guinéen.
Alpha Condé et Abdoulaye Wade n’ont jamais été bons amis à aller passer ensemble des vacances. Ils n’ont jamais cultivé des rapports intimes, cela est connu de tous les observateurs avertis. Cette brouille de la Toussaint a été précédée de l’accusation par le numéro un guinéen des autorités sénégalaises lors des assauts menés contre son domicile, le 19 juillet 2011, selon lui préparés au Sénégal.
Cette inimitié latente et tenace entre Condé et Wade ne date pas d’aujourd’hui. Les deux hommes étaient brouillés bien avant l’arrivée du second au pouvoir, en 2000. Il y avait quelques méfiances, levées par un ami commun, sénégalais, qui travailla à leur rapprochement. De ce rapprochement naît une nouvelle proximité qui a pour conséquence, dans les années 2006-2008, une présence quasi continuelle d’Alpha Condé à Dakar, logé aux frais de l’Etat sénégalais lors de ses séjours au Méridien Président. En 2008, cela tourne à l’aigre, avec l’arrivée brutale et controversée de Moussa Dadis Camara aux commandes de la Guinée. Il est noté à ce moment une certaine « affection » de Wade envers Dadis Camara qui le lui rend bien en l’appelant affectueusement « Papa ». La sortie de Me Wade à Conakry, lors d’un meeting du sulfureux guide de la transition, incitant ce dernier à se présenter à l’élection qui suivai, met quelques grains de sable dans les relations déjà pas si huilées entre les deux hommes. Le deuxième accroc entre Wade et Condé intervient lorsque après la blessure de Cellou Dalein Diallo lors des tragiques évènements du 28 septembre 2009, ce dernier est évacué à Dakar, chouchouté par Wade et traité comme le candidat préféré de la diplomatie sénégalaise. C’est le clash. Après la présidentielle controversée, mais admise comme régulière par la communauté internationale, Alpha Condé arrive au pouvoir. Là il déchante et découvre l’étendue des deals qui avaient été passés entre Dadis Camara et certaines très hautes personnalités de la galaxie Wade, deals qui touchaient aux concessions minières, à des transferts d’argent entre Dakar et Conakry, et à des opérations immobilières de grande envergure. Alpha Condé dénonce ces accords, remet tout en cause… C’est la guerre.
L’attaque du domicile du président guinéen, le 19 juillet 2011, est la goutte d’eau qui fait déborder le vase des mauvaises relations entre les deux hommes. Alpha Condé accuse officiellement le Sénégal d’avoir laissé des hommes liés à Cellou Dalein Diallo préparer tranquillement, dans les allées feutrées et aseptisées du Méridien Président, cette tentative de coup d’Etat portée contre son pouvoir encore naissant. Il le dit à notre ministre des Affaires Etrangères, Madické Niang, et il s’en ouvre tout aussi franchement à un vieil ami à lui, du temps de la FEANF à Paris, en la personne de Mamadou Diop Decroix. Les amis communs retentent des médiations entre les deux chefs d’Etat aux personnalités si complexes et contraires. Alpha Condé reste intransigeant. L’épisode de l’avion de Sénégal Airlines n’est que la manifestation de la dégradation de ces relations, et de la frigidité du climat actuel. La réaction sénégalaise a été violente, car fermer l’espace aérien sénégalais aux avions qui vont vers ou viennent de la Guinée équivaut à un étranglement certain de ce pays et de son économie. C’est le mettre de fait sous embargo. Un enclavement fatal auquel le président guinéen n’aurait pas résisté, ce qui a valu cette marche arrière et le retour à la normale avec l’autorisation donnée à l’aéronef sénégalais de reprendre les airs.
Alpha Condé reviendra-t-il à la charge ? Avec quels arguments va-t-il nourrir cette inimitié qu’il entretient avec son homologue sénégalais ? Jusqu’où est-il prêt à aller dans son bras de fer avec les autorités sénégalaises ? Les jours prochains seront lourds de signaux diplomatiques à observer avec minutie.
Alpha Condé et Abdoulaye Wade n’ont jamais été bons amis à aller passer ensemble des vacances. Ils n’ont jamais cultivé des rapports intimes, cela est connu de tous les observateurs avertis. Cette brouille de la Toussaint a été précédée de l’accusation par le numéro un guinéen des autorités sénégalaises lors des assauts menés contre son domicile, le 19 juillet 2011, selon lui préparés au Sénégal.
Cette inimitié latente et tenace entre Condé et Wade ne date pas d’aujourd’hui. Les deux hommes étaient brouillés bien avant l’arrivée du second au pouvoir, en 2000. Il y avait quelques méfiances, levées par un ami commun, sénégalais, qui travailla à leur rapprochement. De ce rapprochement naît une nouvelle proximité qui a pour conséquence, dans les années 2006-2008, une présence quasi continuelle d’Alpha Condé à Dakar, logé aux frais de l’Etat sénégalais lors de ses séjours au Méridien Président. En 2008, cela tourne à l’aigre, avec l’arrivée brutale et controversée de Moussa Dadis Camara aux commandes de la Guinée. Il est noté à ce moment une certaine « affection » de Wade envers Dadis Camara qui le lui rend bien en l’appelant affectueusement « Papa ». La sortie de Me Wade à Conakry, lors d’un meeting du sulfureux guide de la transition, incitant ce dernier à se présenter à l’élection qui suivai, met quelques grains de sable dans les relations déjà pas si huilées entre les deux hommes. Le deuxième accroc entre Wade et Condé intervient lorsque après la blessure de Cellou Dalein Diallo lors des tragiques évènements du 28 septembre 2009, ce dernier est évacué à Dakar, chouchouté par Wade et traité comme le candidat préféré de la diplomatie sénégalaise. C’est le clash. Après la présidentielle controversée, mais admise comme régulière par la communauté internationale, Alpha Condé arrive au pouvoir. Là il déchante et découvre l’étendue des deals qui avaient été passés entre Dadis Camara et certaines très hautes personnalités de la galaxie Wade, deals qui touchaient aux concessions minières, à des transferts d’argent entre Dakar et Conakry, et à des opérations immobilières de grande envergure. Alpha Condé dénonce ces accords, remet tout en cause… C’est la guerre.
L’attaque du domicile du président guinéen, le 19 juillet 2011, est la goutte d’eau qui fait déborder le vase des mauvaises relations entre les deux hommes. Alpha Condé accuse officiellement le Sénégal d’avoir laissé des hommes liés à Cellou Dalein Diallo préparer tranquillement, dans les allées feutrées et aseptisées du Méridien Président, cette tentative de coup d’Etat portée contre son pouvoir encore naissant. Il le dit à notre ministre des Affaires Etrangères, Madické Niang, et il s’en ouvre tout aussi franchement à un vieil ami à lui, du temps de la FEANF à Paris, en la personne de Mamadou Diop Decroix. Les amis communs retentent des médiations entre les deux chefs d’Etat aux personnalités si complexes et contraires. Alpha Condé reste intransigeant. L’épisode de l’avion de Sénégal Airlines n’est que la manifestation de la dégradation de ces relations, et de la frigidité du climat actuel. La réaction sénégalaise a été violente, car fermer l’espace aérien sénégalais aux avions qui vont vers ou viennent de la Guinée équivaut à un étranglement certain de ce pays et de son économie. C’est le mettre de fait sous embargo. Un enclavement fatal auquel le président guinéen n’aurait pas résisté, ce qui a valu cette marche arrière et le retour à la normale avec l’autorisation donnée à l’aéronef sénégalais de reprendre les airs.
Alpha Condé reviendra-t-il à la charge ? Avec quels arguments va-t-il nourrir cette inimitié qu’il entretient avec son homologue sénégalais ? Jusqu’où est-il prêt à aller dans son bras de fer avec les autorités sénégalaises ? Les jours prochains seront lourds de signaux diplomatiques à observer avec minutie.
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