Affaire Sonko-Adji / Aïda Mbodj 'immunise' son collègue et tire sur le "Macky" : « Cette machination judiciaire est une catastrophe pour notre démocratie. Il n'y a pas pire injustice que cette procédure... »


Affaire Sonko-Adji / Aïda Mbodj 'immunise' son collègue et tire sur le "Macky" : « Cette machination judiciaire est une catastrophe pour notre démocratie. Il n'y a pas pire injustice que cette procédure... »
La levée de l'immunité parlementaire du député Ousmane Sonko a été actée hier par la majorité des députés de la 13e législature. Le débat était houleux avec plusieurs contestations de la part des membres de l'opposition réfutant cette procédure qui, selon eux, "ne vise pas leur collègue accusé".

La députée Aïda Mbodj, par ailleurs, défenseur du député Ousmane Sonko dans la commission ad hoc qui était chargée de mener les travaux pour la levée de l'immunité parlementaire du député Pastéfien, a par contre alerté sur ce qu'elle considère comme des dérives qui entravent la marche de la démocratie. "Durant tout mon parcours en tant que parlementaire, j’ai rarement vécu une séance aussi grave et aussi pénible que celle à laquelle j'ai assisté hier. Je suis très peinée de le dire, mais notre assemblée vit aujourd’hui une des périodes les plus sombres de son histoire".

En effet, sur ce qui s'est passé hier, la présidente du mouvement « And Saxal Ligey» se désole de voir cette Assemblée se transformer en "rouleau compresseur contre leur collègue Ousmane Sonko dont on exige la levée de l’immunité, non pas parce qu’il serait un intouchable ou encore l'institution parlementaire de devrait pas collaborer avec la justice pour qu’elle fasse éclore la vérité dans l’affaire qui le concerne, mais juste parce que, non seulement ils ne disposent pas à ce jour d’éléments suffisants pour lever son immunité et pire, la procédure de saisine de l'institution s’est faite en violation flagrante de l’article 71 du Code de procédure pénale."

En effet, l’article 71 stipule clairement que la saisine de l’Assemblée aux fins de levée de l’immunité parlementaire d’un député se base sur le réquisitoire introductif du Procureur de la République. Or, considère la parlementaire, "dans le cas précis, ce réquisitoire ne vise aucunement leur collègue Ousmane Sonko, mais plutôt « X ».

Ainsi, Aïda Mbodj estime que l'Assemblée nationale en réalité ne se base sur aucune base légale pour lever l'immunité parlementaire du député Ousmane Sonko.

Outre cette violation de l’article 71 par le Doyen des juges qui ne se base que sur les PV de la gendarmerie pour sa saisine, la députée conçoit la précipitation avec laquelle il requiert la levée de l’immunité du député accusé par la jeune masseuse Adji Sarr.

La logique voudrait en effet, qu’il attende au moins l’audition de la plaignante, en l’occurrence Adji Sarr, pour avoir des éléments supplémentaires de nature à mieux asseoir sa demande. Or, l’audition de la principale concernée n’a eu lieu qu’hier seulement, donc bien après la demande de l’immunité de notre collègue" renchérit la parlementaire.

Selon "la lionne de Bambey", "l’actuel Exécutif bat malheureusement le record de levées d’immunité parlementaire et que l'assemblée a agi dans ce sens sans que cela n’ait permis de connaître la vérité sur les faits pour lesquels des collègues concernés étaient impliqués".

Aïda Mbodj donnera d'ailleurs les noms de certains anciens députés comme Omar Sarr ( devenu aujourd'hui ministre des mines et de la géologie) et Abdoulaye Baldé dont les dossiers n’ont connu aucune suite judiciaire et ont même été enterrés après qu’ils eurent affiché leur intention de rejoindre le camp de la majorité.

Mais le cas le plus frappant est sans conteste celui de Khalifa Sall. "On a levé son immunité parlementaire, de même qu’il a été dépouillé de son mandat de Maire de Dakar et jeté en prison". Et dans ce cas précis, la défenseure du député pastefien estime que le mal est déjà fait, bien qu’ayant bénéficié plus tard d’une grâce présidentielle. "Notre auguste institution ne doit pas être une nouvelle fois instrumentalisée à des fins de règlement de compte politique. Il nous faut arrêter de banaliser la levée de l’immunité parlementaire et de désacraliser, par la même occasion, ce bouclier qui est censé nous protéger tous contre l’injustice, députés de la majorité comme de l’opposition", conclut l'ancienne ministre sous Wade. 
Samedi 27 Février 2021




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