C’est le ministère de l'Intégration africaine, des Affaires étrangères et des Sénégalais de l'Extérieur qui a confirmé la terrible nouvelle ce samedi : le corps sans vie de Cheikh Touré a été déposé à la morgue Ebenezer de Tafo, située dans la région d'Ashanti, à 200 kilomètres d'Accra.
Pensionnaire de l'académie Esprit foot de Yeumbeul, Cheikh Touré croyait rallier le Ghana pour des tests qui devaient ensuite le mener au Maroc. Mais, depuis mardi dernier, sa famille n'avait plus de ses nouvelles. En vérité, rapporte Libération de ce jour, le gardien de but âgé de 18 ans, était sous l'emprise d'un dangereux réseau spécialisé dans l'extorsion de fonds. Une fois au Ghana où il est arrivé par bus, et sous la menace de ses ravisseurs, sa maman lui a fait parvenir, en deux fois, une somme totale de 650.000 Fcfa alors que ses ravisseurs réclamaient 850.000 Fcfa. Ce, pour les supposés « frais ».
Quand sa maman a insisté, faute de l'avoir au téléphone après le deuxième versement, un des ravisseurs lui a fait savoir que Cheikh Touré, fils unique depuis le décès de sa petite sœur, aurait eu un « choc ». Manifestement, il a succombé à ses blessures dues aux tortures subies, selon des images du corps sans vie. Le défunt, habillé tout juste d'un caleçon présente plusieurs blessures visibles.
Dans tous les cas, les autorités sénégalaises s'activent puisque quatre autres jeunes, dont un ami de Cheikh Touré du nom de Bamba qui l'a le plus incité à venir, seraient aussi entre les mains des ravisseurs. Certains jeunes ont été piégés avec de fausses annonces de recrutements de mécaniciens qui pourraient toucher 400.000 Fcfa par mois.
Ce que l’on sait des supposés ravisseurs
Les échanges audios avec les escrocs laissent penser qu'ils ne sont pas Ghanéens. En effet, même s'ils opèrent depuis le Ghana, il semble que ce sont des francophones. Du moins dans les échanges ils parlaient français et n'ont pas d'accent Anglais.
Un film similaire aux « Qnet »
En attendant les conclusions de l'enquête ouverte au Ghana, la méthode des ravisseurs rappelle celle utilisée par des réseaux se réclamant de Qnet. En effet, des cas similaires, certes sans perte en vie humaine, ont été enregistrés ces derniers temps au Sénégal. À preuve, en fin juillet 2025, le commissariat de Saint-Louis avait interpellé au quartier Hlm de Ngallèle, 11 individus pour association de malfaiteurs, escroquerie et tentative d'extorsion de fonds et séjour irrégulier. Leur arrestation faisait suite à une dénonciation d'un enseignant-chercheur à l'Ugb, domicilié au quartier Hlm de Ngallèle, relatif à la séquestration d'une jeune fille de nationalité malienne dans une maison audit quartier.
Lors de son audition, renseigne Libération, cette dernière, A. Fofana avait déclaré avoir connu l'un des mis en cause via Facebook. Pendant leurs échanges, il lui a fait croire qu'elle pourrait avoir, au Sénégal, un travail avec une rémunération de 100.000 Fcfa par semaine.
Sur ces entrefaites, A. Fofana s'est déplacée pour venir au Sénégal afin d'adhérer à l'entreprise. Cependant, à son arrivée, elle a vite compris qu'il s'agissait de la société à l'enseigne
«Qnet »; voulant rentrer dans son pays, elle s'est heurtée au refus des malfaiteurs qui ont tenté de la rançonner.