​BIOGRAPHIE DE FEU SAÏD ABASSI « ABOU FAHD »


Saïd Abassi est né en 1939 à Silwan, quartier palestinien de Jérusalem qui surplombe la Mosquée Al Aqsa et le Dôme du Rocher, lieu de naissance auquel il était si attaché qu’il appellera plus tard sa fille Silwan.
Il suit sa scolarité à Jérusalem, puis ses études universitaires à l'Université d’Amman en Jordanie. Il bénéficie alors d’une bourse d’étude pour les Etats-Unis d’Amérique qu’il décide de rejoindre. Sur son trajet, lorsque le navire qui le transporte s’arrête à Marseille, Saïd décide de stopper son voyage, et de rejoindre le Front de Libération Nationale d'Algérie (FLN) pour le soutenir. Il gagne alors les frontières du Maroc et de l’Algérie, où il rencontre l'actuel président Abdelaziz Bouteflika.
Son parcours le mène alors à Casablanca puis plusieurs villes au Maroc, pour devenir enseignant puis directeur de plusieurs écoles. C’est à ce moment qu’il rejoint le mouvement de Libération de la Palestine (Fatah). Avec ses camarades, ils sont chargés de diffuser les nouvelles de la lutte du peuple palestinien afin de libérer la patrie. Il noue alors des liens forts avec le leader marocain Allal El fassi chef du parti « Al Istiklal ». Ils institueront ensemble avec d’autres personnalités marocaines un comité de soutien à la résistance du Peuple palestinien toujours actif à ce jour.
A ses heures perdues, Saïd est poète et écrit sur sa nation dans divers journaux dont le journal du Parti « Al Istiklal ». Un de ces poèmes suscita même une réponse de la part d’Allal El fassi. Les Marocains le connaissaient alors sous le surnom de Saïd le palestinien.
Sur instructions, il se rend en Mauritanie afin d'ouvrir sur place en 1969 le premier bureau du Fatah, et la première radio palestinienne « la voix de la Palestine ». À partir de Nouakchott, il se rend plusieurs fois au Sénégal où il rencontre le Président Léopold Sedar Senghor. Des liens forts se tissent alors avec le peuple sénégalais et la diaspora libanaise du Sénégal.
En janvier 1973, l’ouverture du Premier Bureau de l’OLP au Sénégal avec à sa tête Ibrahim Altari «Abou Khalil» vient couronner ce travail. A partir de Dakar, les représentations palestiniennes en Afrique de l’Ouest voient le jour notamment en Guinée Conakry où Saïd est muté en 1974. Il y devient le premier ambassadeur palestinien et chef du bureau de l’OLP en Guinée. C’est durant cette période qu’il fait la connaissance d’Agostinho Neto, chef du Mouvement Populaire de Libération de l’Angola (MPLA), qui avait de bons rapports avec le Président Ahmed Sekou Touré, ou encore les frères Cabral, Amílcar et Luís. Ce dernier deviendra en 1973 le premier président de la République de Guinée-Bissau. Il côtoiera aussi Kwamé Nkrumah, Oliver Tambo, Robert Mugabe, et Sam Nujoma.
En 1978, sous les ordres directs de feu Yasser Arafat, il a quitté l’Afrique pour l’Amérique Latine et réussit à mettre en place des bureaux représentatifs de l’OLP au Venezuela, au Pérou et au Chili et aide à réorganiser la diaspora palestinienne dans ces pays.
En 1979, de retour en Afrique et mandaté par le Président Arafat, il devient le premier Ambassadeur de l'OLP en Angola après son indépendance, puis Doyen des Ambassadeurs. Il vit les moments difficiles de la guerre civile angolaise qui verra le soutien palestinien aux côtés des forces progressistes, et notamment Cuba, au MPLA angolais contre l’Unita financé et armé par l’Afrique du Sud de l’apartheid qui contrôlaient encore la Namibie. Par sa situation, il
approfondit ses relations avec le mouvement de libération namibien la Swapo (Organisation du peuple du Sud-ouest Africain), et avec l’ANC qui lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud, où il est à l’origine de la première rencontre entre les deux leaders historiques, Nelson Mandela et Yasser Arafat.
En 1989, il retourne au Sénégal, pour être le premier ambassadeur résident de l’Etat de Palestine au Sénégal, premier pays d’Afrique subsaharienne à reconnaître l'État de Palestine dans l'exil, à l’issue de la déclaration de l’Indépendance proclamé à Alger le 15 Novembre 1988. Il devient également l’Ambassadeur de l’Etat de Palestine en Guinée Conakry, en Guinée Bissau, en Gambie et au Cabo Verde. Diplomate chevronné et au regard de son expérience et son parcours en Afrique, le Président Yasser Arafat le chargeait souvent de porter des messages aux chefs d’Etats africains ou de préparer ses visites et sa participation aux instances et conférences africaines.
Il aimait à parler de la « Terranga » du Sénégal, et vantait souvent le caractère de cette «Terre de tolérance religieuse, de Paix, de démocratie et d'ouverture». Il était fier de travailler au Sénégal et s'était mêlé au peuple et aux dirigeants du Sénégal. Il a connu et travaillé durant l’époque du Président Senghor, ainsi que ses deux successeurs le Président Abdou Diouf et le Président Abdoulaye Wade. Il a également connu le Président Macky Sall, lorsqu'il était Premier Ministre, et l'estimait beaucoup.
Said Abbassi devenu Doyen du Corps diplomatique au Sénégal, a renforcé les relations entre la Palestine et toutes les composantes de la société sénégalaise, l’ensemble des partis politiques sans exception et avait des liens très forts avec toutes les familles confrériques et religieuses. Il défendait la Cause de la Palestine sous le joug de l'occupation israélienne, mais aussi et avec la même ferveur, la Cause de l’Afrique qui a souffert de beaucoup d'injustices historiques.
Le 27 mai 2004, Saïd est rappelé à Dieu après un combat de grand courage contre la maladie, durant lequel il est restédebout. Durant ses derniers jours Saïdavait confié à sa femme « Mayyada » et à sa fille « Silwan » son souhait que la Terre du Sénégal soit le lit de son dernier repos. Sa demande a été exaucée, il a été inhumé au cimetière de Yoff, à Dakar.
Cheikh Tidiane Gadio, Ministre des Affaires étrangères du Sénégal, de 2000 à 2009 lui avait rendu un vibrant hommage posthume, au nom du Président Wade, de l'Etat et du peuple Sénégalais : « Le Président Arafat personnellement au téléphone m'a dit sa douleur mais aussi sa fierté devant l'œuvre majestueuse accomplie par Saïd Abbassi en Afrique... Le Sénégal et l’Afrique ont perdu en l'Ambassadeur Saïd Abbassi, digne représentant du grand peuple martyr de Palestine, un ami, un frère, dont il ne sera pas exagéré de garder le Souvenir dans les Anales de la Libération Nationale Palestinienne comme Saïd Abbassi l’Africain ».
C’est ainsi que le résistant et militant Saïd le Palestinien, puis le Doyen Saïd Abbassi, après avoir vécu plus de 32 années en Afrique, restera dans la mémoire de tous les sénégalais comme Saïd l’Africain.
Vendredi 27 Mai 2016




Dans la même rubrique :