"Le pilote a peut-être pensé qu’il l’avait complètement évité et a voulu revenir sur la droite afin de reprendre son itinéraire initial. Et c’est en faisant cette manœuvre, à ce niveau, que l’accident est arrivé", a-t-il expliqué sur RFI. Le contact est perdu avec le contrôle aérien quand l'appareil est à une altitude 7 500 mètres après avoir déjà perdu 2 500 m en quelques secondes. "Le dernier contact a eu lieu à 1h47. Le témoin nous a donné une heure approximative de 1h50, c'est-à-dire qu’il a chuté de 10 000 mètres d’altitude à zéro, en trois minutes à peu près, ce qui est vraiment très vertigineux, compte tenu de la masse de l’appareil", a ajouté le général, qui précise que les images radar ont été versées au dossier de l'enquête préliminaire ouverte mardi en France pour "homicides involontaires par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement".
Deux juges d'instruction nommés
Deux juges d'instruction français du tribunal de grande instance (TGI) de Paris ont été désignés mardi pour mener ces investigations qui seront parallèles à celles du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), organisme public dont le rôle est de mener les enquêtes techniques pour déterminer les causes d'un accident d'avion.
Rémi Jouty, le directeur du BEA, a indiqué mardi sur la radio Europe 1 qu'il espérait avoir "dans quelques semaines" un scénario de l'accident. "Toutes les hypothèses seront examinées dans le cadre de l'enquête", a redit lundi le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius. "Ce que nous savons d'une façon certaine, c'est que la météo était mauvaise cette nuit-là, que l'équipage de l'avion avait demandé à se dérouter, puis à rebrousser chemin, avant que le contact ne soit perdu", a-t-il précisé lors d'une conférence de presse.
Des enquêteurs sur le site du crash, le 29 juillet 2014, dans la région de Gossi, dans le nord du Mali. © Sia Kambou/AFP
Sur les lieux du crash, à environ 150 km de Gao (nord-est du Mali), la collecte des éléments de l'enquête se poursuit. Chaque mètre carré est passé au peigne fin par des experts de la gendarmerie, de la police française et du BEA. "Nous avons tout de suite su que nous allions devoir procéder à l'analyse ADN", a affirmé le colonel Patrick Touron, directeur adjoint de l'institut de recherches criminelles de la gendarmerie française, chargé de l'identification.
"Aucun corps intègre"
"Nous avons constaté que nous n'avions aucun corps intègre" mais "des corps profondément fragmentés et aucun n'était identifiable par des mesures classiques de médecine légale, de dentisterie légale, ni même d'empreintes digitales", poursuit-il. Les prélèvements effectués au milieu des débris sur le site sont emportés sous deux tentes blanches estampillées gendarmerie nationale (française). À l'abri des regards sous une autre tente de fortune, les experts récupèrent également des échantillons sur des proches de victimes transportés sur les lieux depuis Ouagadougou avec des journalistes.
"Il est impératif pour nous de récupérer l'ADN des proches de manière à pouvoir ensuite essayer d'identifier un frère, un père, une soeur. (...) Plus nous aurons d'informations, plus l'identification sera rapide", indique le colonel Touron. Rodrigue Sandwidi, qui a perdu un de ses parents dans l'accident, a pu échanger avec les experts. "Ils nous ont expliqué avoir récupéré des centaines de restes de victimes. Mais (...) cela peut être les restes de deux ou trois personnes" sur les 116 tuées.
(Avec AFP)
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