(VIDÉO) SEYDOU GUÈYE FACE A DAKARACTU : « Ne cherchant pas à faire le buzz, Seynabou N'diaye Diakhaté…. Les bailleurs ne définissent pas notre politique… Ces personnes handicapées arrêtées ont maille à partir avec la justice… »

Dans ce « face à Dakaractu », le ministre auprès du Premier ministre, porte-parole du Gouvernement a accepté d’aborder plusieurs questions dont la non-reconduction de Nafi N'gom Keïta à la tête de l’Ofnac, la mirobolante somme de 1 800 milliards allouée à la région de Dakar dans le cadre du conseil des ministres délocalisé, la mise en prison de 7 personnes handicapées pour « délit de mendicité », la rumeur selon laquelle le Président Sall serait d’attaque pour construire une pyramide de 100 milliards…


SUR L’AFFAIRE NAFI N'GOM KEÏTA

Point de considérations politiques dans la non-reconduction de Nafi Ngom Keita à la tête de l’Ofnac. C’est du moins l’avis du ministre Seydou Guèye qui estime que le Président Macky Sall a agi suivant ce pouvoir discrétionnaire que lui confère la constitution à nommer aux fonctions civiles et militaires. Ce, sous le respect de ce qui est du domaine de la compétence liée puisque la loi dit, en l’espèce, que ne peuvent être nommés à ce poste que des magistrats ou des fonctionnaires de tel rang ». Notre invité de préciser, en passant, que « le Président de la République n’a pas l’obligation de motiver l’acte qu’il prend en l’espèce. »

Pour répondre à ceux qui disent, comme le professeur Nzouankeu, que le mandat de Nafi N'gom n’était pas épuisé à cause de la prestation différée, Seydou Guèye martèle « qu'il s’agit d’un principe fondateur du droit qui dispose que les actes administratifs sont d’effet immédiat et ne souffrent d’une exception que lorsque la loi le dit expressément. Il ajoute que la formule employée, à ce propos, est  "sauf disposition contraire". En guise d’exemple, le porte-parole du Gouvernement se rappelle la jurisprudence feue Mireille N'diaye. « Nous avons eu dans le passé une situation analogue. Il s’agit de la nomination de celle-ci comme Présidente du Conseil Constitutionnel. Elle a été nommée par un décret du 8 septembre 2004 avec prise d’effet au 18 juin 2004… donc trois mois après. Au terme de son mandat, on n’a pas considéré la date du 8 septembre mais la date du 18 juin 2010, ce qui faisait 6 ans et elle a été remplacée. Pour revenir spécifiquement sur le cas de Nafi N'gom Keïta, dès qu’elle a été nommée, elle a acquis la qualité de Présidente de l’Ofnac et elle répondait de cette qualité.

Ce qui lui a permis justement d’exercer en prenant des actes administratifs, louant des locaux, signant des contrats d’embauche et décidant même si sa prestation de serment a été différée. De façon claire, la date de nomination c’est le 25 juillet d’il y a trois ans ».

Le ministre dira ne pas partager l’avis du professeur Nzouankeu qui « est par ailleurs, conseiller spécial de Madame Nafi N'gom ».

A la question de savoir si Nafi N'gom Keïta « ne s’est pas mise elle même en difficulté » en décidant d'ouvrir une enquête sur l’affaire Petrotim et en demandant la défenestration de Cheikh Omar Hann, directeur du Coud, Seydou Guèye s’est limité à se poser une autre question. « Est-ce qu’il est du ressort du Président de l’Ofnac de demander qu’on mette fin au contrat de quelqu’un ? » Il poursuit en déclarant que le combat pour la bonne gouvernance et la transparence va se poursuivre. « Ce n’est pas parce que Madame Nafi N'gom Keïta n’est plus à la tête de l’Ofnac que le travail ne se poursuit pas. Au contraire ! » 

Et d’encenser la nouvelle présidente : « Seynabou N'diaye Diakhaté ? Nous avons un profil qui pourrait rassurer, habitué à l’investigation puisqu’elle a été doyenne des juges, habituée au respect des prescriptions légales en matière d’obligation de réserve et ne cherchant pas à faire le buzz… Je pense qu’en matière de lutte contre la corruption ou la promotion de la bonne gouvernance, ce qui est spectaculaire n’est pas forcément le plus significatif. »

1800 MILLIARDS, RÉALITÉ OU SUPERCHERIE ?

Pour ceux qui s’étonnent de la somme astronomique promise à la région de Dakar, le ministre Seydou Guèye rassure. « Il n'y a pas de doute sur les capacités à mobiliser les 1800 milliards. » Mieux, point de raison d’avoir des craintes à ce niveau, selon lui. Il donne les garanties suivantes. « Quand vous êtes un pays qui s’appelle le Sénégal, où sur la base de votre croissance en 2015, vous êtes la 3 ème économie africaine la plus rapide en terme de croissance, vous êtes la 10 ème économie mondiale en terme de croissance, vous avez, après la revue de l’ISPE, votre endettement qui est déplafonné, vous avez une qualité de signature et vous avez une attractivité renforcée. Les projets de Dakar ont pour vocation de faire justement des villes de la banlieue des zones d’attractivité renforcée pour que Dakar joue sa véritable fonction de métropole. » 

Toutefois, il explique qu’il a été «  intégré dans ce volume de financements planifiés pour le développement de la région de Dakar un train express régional avec ses 16 gares et son système de 450 bus diffuseurs qui devront permettre à la descente du train de rallier certaines localités de la banlieue, les réalisations au niveau du pôle urbain de Diamniadio, la reconstruction du canal de Rufisque… »

PERSONNES HANDICAPÉES EN PRISON

Précision de taille du porte-parole du Gouvernement : « Le Chef de l’Etat ne met pas en prison.
Ces personnes arrêtées ont maille à partir avec la justice. Avoir maille à partir avec la justice c’est ou bien commettre un délit ou ne pas respecter une prescription légale. Pour moi, une personne handicapée c’est avant tout une personne ». Seydou Guèye justifiait l’arrestation et la mise en prison de 7 personnes handicapées pour « délit de mendicité. » Ainsi, salue-t-il la décision ferme de l’Etat d’aller jusqu’au bout de sa logique. « Il y a une volonté politique forte exprimée par le Chef de l’Etat et mise en œuvre par le Gouvernement de retirer de la rue les enfants qui n’ont rien à y faire, exposés à tous les risques et à tous les périls. Je pense qu’on peut être enfant des daaras sans être dans la précarité. Être mal vêtu, mal nourri, mal soigné. Cela ne nous semble pas être les bonnes conditions d’apprentissage du Coran…Le projet ne concerne pas les daaras. Il concerne la protection qu’il faut donner à nos enfants par rapport à ceux qui les exploitent dans les rues. » Il conclut sur ce chapitre :

« Oui nous allons être plus déterminés. Oui, nous allons apporter l’humanisme nécessaire à cette question », non sans démentir l’implication des bailleurs dans cette affaire. « Les bailleurs ne définissent pas notre politique. Ils nous accompagnent dans la politique que nous avons définie. »

Par rapport à la pyramide que le Président Sall aurait prévu de construire à hauteur de 100 milliards, le porte-parole du Gouvernement dément formellement : « C’est totalement faux ! »
Mercredi 27 Juillet 2016




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