Une synergie des acteurs pour la relance de Saly-Portudal (par Babacar Mbengue)


Une synergie des acteurs pour la relance de Saly-Portudal (par Babacar Mbengue)
La station de Saly a connu une phase d’exploration, avant de devenir une station balnéaire, c’est-à-dire entre les années 50 et les années 70. Les infrastructures rudimentaires : Saly étaient composées par des bungalows communément appelés « cabanons ». Les touristes procuraient aux villageois du travail informel. Ce tourisme local était donc un tourisme relativement intégré à la culture locale.
Dans le but d’atteindre un développement économique, en 1972, un Plan d’aménagement touristique de la Petite-Côte est mis en place à la suite d’une étude de faisabilité réalisée, en 1976, par le Cabinet Louis Berger International. Pour mieux réaliser ce projet, et plus particulièrement, l’implantation d’une station balnéaire compétitive sur le marché international, le gouvernement sénégalais crée, le 7 novembre 1975, la Société d’Aménagement de la Petite Côte (SAPCO-SA). Cette phase d’implication du secteur privé formel et informel mais surtout des autorités nationales va de 1977, quand la première unité, Saly Sud, fut réalisée ; à 1983, avec la création des trois premiers hôtels : Palm Beach (ouvert déjà le 23 Novembre 1980), Novotel Saly et Savana Saly. Pendant cette phase, le nombre de flux touristiques internationaux commence à augmenter et les locaux restent encore très impliqués.
C’est entre 1984 et 2006 (avec une petite interruption) que la station a connu une vraie phase de développement (particulièrement pour l’année 2002, qui a enregistré 132.947 arrivées internationales), en se positionnant sur le marché international comme station balnéaire et de loisirs. Plus précisément, la destination s’était positionnée entre les années 1980-1995 comme une simple station balnéaire de masse et, déjà, à partir des années 1995-1999 avait connu une première phase de déclin vu son produit peu original. Dans le but de relancer le tourisme, une nouvelle reconversion fut mise en place, notamment : de produit balnéaire à produit balnéaire de loisirs avec l’installation de sports nautiques, sports mécaniques, activités de loisirs, etc… C’est dans cette période que d’autres hôtels, les premières résidences et d’autres infrastructures commencent à s’installer. Des investissements publics mais surtout privés dans la promotion sont mises en place : des grands TO comme Thomas Cook, Jet Tours, Nouvelles Frontières, Fram, Look voyages et Tui signent des contrats d’exclusivité avec certains hôtels et vendent la destination dans le monde entier. Le secteur touristique devient la principale activité économique génératrice d’emplois dans la station : certains quittent les villages pour venir « gagner » leur vie à Saly. C’est dans cette période de développement que des spéculations s’organisent en nuisant le milieu naturel (exploitation des plages, vente des terrains de la forêt protégée, etc.) et socio-culturel (phénomène d’européisation, perte des valeurs traditionnelles, petite corruption, etc.), des impacts, amplifiés par d’autres facteurs (endogènes et exogènes), qui conduiront à une phase de déclin.
Comme déjà affirmé, la station de Saly n’a jamais connu une vraie phase de consolidation, de notoriété sur le marché national et international, par de grandes opérations de marketing. Malheureusement, la petite reconversion « autonome » (car aucune étude n’a été développée), adoptée dans les années 1990, n’était pas suffisante et efficace. Avec le premier choc exogène, notamment la crise économique en Europe, la station tombe dans une phase de maturité. En effet, on pourrait plutôt affirmer que de 2007 à 2016, la station a connu une phase de maturité vu l’interaction d’importants et tragiques facteurs endogènes (absence de politiques touristiques de 2000 à 2012, troubles à la suite des élections présidentielles en 2012, installation du Visa, manque d’une vraie stratégie de marketing touristique) et exogènes (érosion côtière, la crise économique en Europe, l’Ebola en 2014-2015 et la menace du terrorisme de nos jours). Cette phase est aussi caractérisée par le recul d’investisseurs privés internationaux (FRAM en Octobre 2015, Nouvelles Frontières et Tui en Novembre 2014), par le mécontentement de la population locale qui n’arrive plus à « gagner » du tourisme, par une diminution importante de flux touristiques, par des impacts socio-économiques et environnementaux négatifs comme conséquence d’une phase de développement non-maitrisée, par une concurrence déloyale et surtout par un vieillissement important du produit vu le manque de moyens pour investir. Tout ça amène à une perte importante de l’attractivité et de la compétitivité de la destination. 
Le rôle des professionnels du tourisme et des décideurs politiques devient alors essentiel afin de renouveler et repositionner l’offre touristique. Paradoxalement, c’est dans cette phase de déclin du tourisme balnéaire/de loisir international qu’une nouvelle courbe est venue se dessiner, notamment : le tourisme d’affaire/le tourisme local qui est, encore aujourd’hui, en plein développement et qui pourrait constituer le nouveau positionnement de Saly dans le marché touristique.
La station a enregistré déjà à partir de 2016 une légère reprise grâce à d’importants facteurs tels que la mise en place d’un projet d’embellissement de la station pour une valeur d’un milliard de francs CFA, la prise de conscience de la nécessité de travailler en synergie avec tous les acteurs de la station, l’organisation de certains événements comme la Semaine du Tourisme Local, etc. D’autres facteurs, impacteront encore plus de manière positive, notamment : l’ouverture du nouvel aéroport international et de l’autoroute, l’avancement du projet de la Banque Mondiale pour faire face au phénomène de l’érosion côtière, l’application de l’étude « Saly Ville Verte », la valorisation de la forêt à l’entrée de Saly, la disposition de prix plus compétitifs et l’installation du programme de Formation professionnelle pour l’emploi et la compétitive  - Projet Cluster Tourisme/Hôtellerie- financé par l’Etat du Sénégal, la Banque Mondiale et l’Agence Française de Développement. 
Mais il nous faut surtout beaucoup plus d’audace en mettant en œuvre des stratégies marketing plus agressives coordonnées entre l’Agence Sénégalaise de Promotion du Tourisme (ASPT), le Ministère du Tourisme et des Transports Aériens (MTTA), la SAPCO-Sénégal, et l’APIX, l’Agence Sénégalaise de Promotion des Exportations (ASEPEX) et même l’AIBD. Les budgets individuels de promotion de ces structures ne suffisent certes pas à mener des actions de grandes envergures sur le plan mondial. Il devient donc une nécessité pour ces entités de créer un cadre et de mutualiser leur force en guise de conquête du marché mondial. Alors dans ce cas nous pourrons nous permettre de rêver d’avoir des visibilités lors des grands rendez-vous (Jeux olympiques, Coupe d’Europe, coupe d’Afrique etc.).
Saly nécessite à l’heure actuelle de réfléchir à son repositionnement sur le marché mondial (ville verte, station d’affaire, pôle économique, station de sport, station balnéaire, etc.) et définir des stratégies marketing afin de renouveler son image et son identité. La reprise ne pourra être atteinte que dans un contexte de gouvernance et de synergie entre tous les acteurs. Nous devons trouver un consensus fort autour de la destination SALY. Pourquoi ne pas mettre en place des contrats de DESTINATION. Voilà pourquoi, il sera nécessaire de redynamiser le Comité de station de Saly. 
Mais d’abord posons-nous la question de savoir, Quel Saly nous voulons ? 
La réponse à une telle question servira de viatique pour la définition de la stratégie à mettre en œuvre pour relancer le tourisme à Saly.

Babacar Mbengue
Ingénieur Informaticien
Professionnel du Tourisme

Lundi 26 Septembre 2016
Dakar actu




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