Ultime assaut contre le « Macky » : Idy refuse d’être à l’octobre de sa carrière / Chances et déchéances d’un leader

Lors de sa conférence de presse pré-carcérale de juillet 2005, Idrissa Seck avait prévu d’arrêter sa carrière politique en 2022, quand il aura épuisé deux quinquennats successifs à compter de 2012. S’il tient promesse, 2019 sera son ultime combat. Mais, pour avoir perdu des forces depuis 2006 (veille de la première « audience du midi »), le nouveau lion du Cayor, qui entame une revue nationale des troupes à partir de la très symbolique Fatick, loin des douceurs élyséennes de l’hôtel Saint-James, peut-il rebondir sur sa proie ?


La démission de Thierno Bocoum a eu le don de soulever plusieurs interrogations sur l’état de santé de Rewmi, affecté par plusieurs départs qui semblent décliner les symptômes d’un cancer incurable. En effet, outre l’ex-chargé de communication de cette formation politique, de grandes figures de ce parti ont quitté le navire, qui au nadir de l’aventure qui  au milieu du gué. Youssou Diagne, Omar Guèye, Pape Diouf, Ousmane Thiongane, Awa Guèye Kébé, Omar Sarr, Wally Fall... La saignée n’a pas épargné la notaire Me Nafissatou Cissé, étiquetée comme l’éminence grise de Idrissa Seck dans l’affaire des Chantiers de Thiès.
Ainsi, des observateurs de la scène politique sénégalaise en ont hâtivement conclu que l’ancien Premier ministre a perdu toute chance d’accéder au plus haut destin politique en devenant cinquième président de la République du Sénégal.
Comme pour couper quelques herbes sous les pieds des augures, Idrissa Seck, soudainement, sort du mutisme suspect dans lequel il s’était emmuré après avoir théorisé le Protocole de Doha (sorte d’entente secrète supposée entre l’Apr et le Pds préalablement à la libération, en juin 2016, de Karim Wade).  
De Fatick, il entame une nouvelle Marche orange, à l’image de la Longue Marche bleue du Sopi. La symbolique du lieu se passe de commentaires pour celui qui, prompt à se ranger dans le mouvement de l’Histoire, avait choisi la date du 4 avril 2006 pour annoncer sa candidature à la présidentielle de 2007.
L’ex-homme de confiance de Me Abdoulaye Wade n’a pas oublié que sorti des législatives de 1978 avec 18 députés, le Pape du Sopi en a perdu la moitié avant les élections de 1983. Il n’a pas non plus oublié l’épisode du Parti libéral sénégalais (Pls), quand des rebelles gênés par son omniprésence aux côtés du leader sopiste, sous la houlette de Me Ousmane Ngom en 1998, avaient quitté le Pds pour rejoindre Abdou Diouf. A travers le prisme d’une prophétie auto-réalisatrice, il croit que tous ces départs sont autant de signes prémonitoires d’un destin exceptionnel.
A cet égard, son porte-parole le Dr Abdourahmane Diouf, dans un entretien, au long protocole, accordé aujourd’hui au quotidien L’Observateur, aborde la question de sa candidature à la présidentielle de 2019.
« Idrissa Seck a l’ambition intacte et s‘est bonifié. Nous pouvons espérer un mouvement massif de retours de tous les militants qui ont douté, à un moment, de la viabilité du projet », souhaite M. Diouf.
Toutefois, un ballon fourré peut-il rebondir ? Ou, pour donner davantage d’ampleur à la question, Idy, qui s’est fait hara-kiri en tombant dans le piège de Abdoulaye Wade à l’époque des fameuses « audiences du midi »,  peut-il  survivre à la déchéance de crédibilité qui l’a privé des recettes de sa posture victimaire des lendemains de sa première exclusion du Pds en 2005 ?  
En effet, annoncé par des sondages au second tour de la présidentielle de 2007 face à Abdoulaye Wade, il se disait que c’était pour endiguer la concurrence de Idy que le pape du Sopi avait reporté les législatives initialement prévues en 2006, excipant des inondations, pour organiser ces élections en juin 2007. En l’espèce, ce qui est trivialement considéré comme un double-jeu de Ndamal Kajoor est, en réalité, la conséquence de son entêtement guerrier à ne pas laisser aux Wade (père et fils) le patrimoine matériel et immatériel du Pds, pour la constitution duquel il a contribué en « actionnaire ».
L’erreur de Idy, guetté par le syndrome Djibo Kâ, a été, peut-être, de croire naïvement, contrairement à un certain Macky Sall, que le Parti démocratique sénégalais devait être son unique rampe de lancement pour accéder au pouvoir. 
Ce dernier commettra une maladresse d’ours en boycottant les Assises nationales  pour retourner au Pds en janvier 2009. En cette année-là, même la nomination de Me Souleymane Ndéné Ndiaye, crayonné comme à la fois opposé à Karim et à Idy, participait d’un stratagème pour mieux piéger l’ex-maire de Thiès en lui faisant croire que la Génération du Concret était enterrée pour de bon suite à la défaite de Wade-fils aux locales de 2009.
Pourtant, par-delà l’écorce des choses, le temps semble avoir donné raison à Seck au sujet du projet supposé de dévolution monarchique du pouvoir.  De Pape Samba Mboup à Farba Senghor, la plupart de ceux qui étaient appelés « faucons du Palais » à cause de leur hostilité à Seck ont fini par être écartés du Pds du fait des antagonismes qu’ils affichent à l’égard de Karim Wade.
En définitive, Idy est à la croisée des chemins. Son destin présidentiel dépendra de sa capacité à faire oublier ce passé de revirements spectaculaires et à se positionner comme l’alter ego de Macky Sall en proposant une alternative crédible par rapport au Plan Sénégal émergent. Sous ce rapport, il a annoncé la couleur en disant que ce « Pse s’arrête à Diamniadio ». Et lui ? Sa base politique s’arrête-t-elle à la Ville de Thiès ? Le temps le dira !
Mardi 17 Octobre 2017




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