Touba : La question du déficit de ressources hydrauliques diagnostiquée par la Cour des comptes.


Touba : La question du déficit de ressources hydrauliques diagnostiquée par la Cour des comptes.
Dans la partie consacrée à la gestion des activités de l'Ofor (Office des forages ruraux), chargé du patrimoine de l'Hydraulique rurale entre autres missions, la Cour des comptes, dans son rapport 2017 fait un diagnostic sans complaisance du retard accusé dans la résolution du déficit de ressources hydrauliques dans la ville sainte de Touba.
Selon les contrôleurs, la pluralité des acteurs sans une véritable coordination en est une des causes. « La gestion de l'eau à Touba se caractérise par une large diversité des acteurs, constitués essentiellement de l'OFOR, de la Division régionale de l'Hydraulique (DRH), de l'Unité de Maintenance des Forages installés à Touba et du Comité d'Initiative de l'eau à Touba, communément appelé « MaouRahmati ». Les autres intervenants sont constitués du Conseil municipal, des Asufor et des comités de gestion », campe le rapport. « Il convient de relever que Maourahmati, association mise en place en 2006, sur instruction du Khalife Général, ambitionne, d'une part de suppléer l'Etat dans ses efforts de construction d'infrastructures hydrauliques et d'extension du réseau, et d'autre part, de veiller à la fourniture à la ville de Touba d'une eau suffisante et de qualité, notamment lors du Grand Magal », poursuit le rapport qui constate qu'en réalité « Maourahmati exécute de fait, une bonne partie des prérogatives dévolues à l'OFOR et à la DRH et aucune décision majeure ne peut être prise dans le domaine, à Touba sans qu'elle soit associée au processus ». « Il convient de faire observer que cette pluralité des acteurs, aux statuts, objectifs et modes de fonctionnement différents voire divergents, ne favorise pas une exploitation rationnelle et judicieuse des infrastructures et ressources hydrauliques », fait noter le rapport parcouru par Dakaractu.
L'absence d'élaboration d'un plan stratégique d'investissement et de gestion de l'eau est aussi relevée. Le rapport de la Cour des comptes se fait l'echo de l'absence de réseau d'adduction d'eau conçu dans le cadre d'un plan global et cohérent de planification urbaine, en adéquation avec le statut de la ville sainte qui ne cesse de grandir en terme de démographie. Ce qui naturellement augmente ses besoins en eau. Le rapport rappelle qu'une étude avait été élaborée en 2005 sur financement de la Banque islamique du développement pour évaluer les besoins en eau de Touba et les moyens de lui fournir une eau de qualité suffisante à l'horizon 2030. « Mais le plan directeur n'a pu être mis en œuvre du fait des divergences notamment sur les données utilisées et la gouvernance du système de gestion de l'eau », regrette l'organe de contrôle des organismes publics. « En conséquence, la construction d’infrastructures et l'extension du réseau ne sont pas réalisées sur la base d'une planification maîtrisée. Ainsi, au moment où certaines localités moins pourvues en populations bénéficient d'un réseau dense (Touba Bogo, Ndindy Abdou), d'autres zones à fort besoin en eau sont peu dotées en infrastructures hydrauliques (Dianatou Mahwa, Same, Madiyana). Il s'y ajoute la difficulté de gérer et de rationnaliser un service public gratuit, illustrée par une situation de gaspillage de la ressource qui se traduit par près de 10 000 fuites identifiées par année et représentant un taux de déperdition de 40% », déduit le document parvenu à la rédaction de Dakaractu. Le diagnostic s'appuie aussi sur la gestion ponctuelle de l'accroissement des besoins en eau de Touba lors du Magal. 
Toujours dans le rapport, l'accent est mis sur la mise en place d'un fonds d'avances (240 millions en 2016), la location de centaines de camions citernes, l'alimentation des bâches d'eau d'une capacité totale de 30 000 m3, une campagne de branchement non planifiée. « Au total, en l'absence de plan stratégique d'investissement et de distribution de l'eau à Touba, aucune politique structurelle n'est mise en œuvre pour pallier ou, à tout le moins, atténuer le déficit récurent en ressources hydrauliques constaté d'année en année, notamment à l'occasion du Magal de Touba », décèle la Cour des comptes. 

Face à ce qui semble bien être un casse-tête, le directeur de l'OFOR a indiqué que des études sont en cours pour une solution structurelle et durable de l’eau dans la ville de Touba. 
Samedi 1 Février 2020




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