Tirez sur Macky, il en restera toujours quelque chose…


Tirez sur Macky, il en restera toujours quelque chose…

 
Je m’empresse de dire que je n’ai voté ni pour le président Macky Sall-je n’ai même voté pour personne aux élections présidentielles de 2012-et qu’en revanche j’avais accordé mon suffrage au président Abdoulaye Wade en 2000. Je ne suis pas non plus membre de l’Alliance pour la République. Je peux parler, en toute équité, de ces deux présidents puisque Senghor est décédé et que le président Diouf garde, depuis son départ du pouvoir, un silence sur les affaires nationales, silence qui l’honore. Et l’hommage que le prochain Sommet de la francophonie lui rendra n’est que justice.
 
Il est vrai que je suis Toucouleur comme le président Sall et que je suis originaire de Fatick comme lui. Je pressens qu’on me le reprochera, ainsi que mon abstention aux élections de 2012, après le jugement que je vais porter sur les adversaires et les alliés du président Sall. Mais cela ne me disqualifie nullement pour apprécier ces hommes et ces partis politiques. Par conséquent, je dirai abruptement ce que je pense de la campagne de déstabilisation du pays qui, à mes yeux, est orchestré par le PDS et ses satellites. En parlant de satellites, je songe évidemment au Rewmi d’Idrissa Seck, à l’UCS d’Abdoulaye Baldé et à l’Aj PADS tendance Mamadou Diop Decroix. Il me semble que le Sénégal est l’otage du PDS et de son chef. Pour être tout à fait juste, on ne peut certes dénier au président Wade son patriotisme et son combat pour le pluralisme au Sénégal. Il a beaucoup œuvré pour la démocratie dans l’opposition mais il en a été le principal fossoyeur à son accession au pouvoir. Il existe aussi quelques femmes et hommes de grande valeur au PDS ; malheureusement ils sont minoritaires.
 
Mais j’ai le sentiment que ces Libéraux sénégalais d’un type assez spécial ignorent et la République et la démocratie, malgré leurs douze ans de pouvoir. Le président Diouf nous avait laissé un Etat organisé que les Libéraux ont déstructuré, en substituant l’amateurisme et l’improvisation au professionnalisme. C’est méconnaître la vraie nature du libéralisme que de le réduire à la théorie de la main invisible d’Adam Smith. Au contraire, le libéralisme, en politique en tout cas, et les Libéraux français du XIXe siècle (Guizot, Royer-Collard) l’avaient compris, est la conciliation entre la liberté individuelle et le pouvoir de l’Etat. Il suffit d’ouvrir Politique libérale de Charles de Rémusat pour s’en convaincre. Quant à la question de la république, il faut en ignorer le sens étymologique de chose publique pour s’élever contre la politique d’audits et de traque des biens mal acquis initiée par le président Sall.
 
Faut-il rappeler à nos chers Libéraux que c’est pour avoir méconnu le fonctionnement d’une république exemplaire qu’ils ont constamment confondus, pendant leur règne, la chose publique avec la chose privée ? A-t-on oublié que c’est Monsieur Samuel Sarr qui a systématisé les délestages au Sénégal ? Il est vrai que le régime actuel y a aussi sa part. Aucun Sénégalais de bonne foi n’a, néanmoins, omis qu’il fut un temps où pour obtenir quelque chose dans ce pays il fallait faire partie ou être dans les bonnes grâces de la Génération du concret ? En ce qui concerne l’affaire Bassirou Faye, les étudiants de l’UCAD devraient se souvenir des cas d’étudiants tués dans des circonstances nébuleuses sous le régime du président Wade. La sagesse commande d’attendre les conclusions de l’expertise balistique et de l’enquête judiciaire. Ils jugeront alors sur pièce la détermination du président Sall à faire la lumière sur toute cette affaire et à sanctionner effectivement les personnes reconnues coupables.
 
Je me rappelle que, sous le régime du président Diouf, le PDS avait constamment l’habitude d’instrumentaliser le mouvement estudiantin pour intégrer le gouvernement. On parlait à l’époque d’entrisme. Quel est l’étudiant sénégalais qui peut dire que Me Abdoulaye Wade a jamais fait appel a lui pour partager les strapontins avec lui ? Il suffit de peser tous ces éléments pour comprendre que l’actuelle indignation des Libéraux (y compris Idrissa Seck) est à géométrie variable. Ce que les Libéraux ne vous pardonneront jamais, Monsieur le président, c’est de ne pas leur ressembler, en dilapidant les deniers publics et en préférant les griots qui vous louent aux Sénégalais qui travaillent. De toute façon, en politique comme dans la vie quotidienne, les thuriféraires d’aujourd’hui sont souvent les ingrats de demain.
 
Maintenant je m’étonne que les prétendus alliés du président Sall se soient emmurés dans un silence que rien ne semble pouvoir perturber. Je croyais qu’un allié équivaut à un ami. Et le proverbe latin dit bien qu’un ami certain se reconnaît dans les circonstances difficiles. Ces alliés devraient méditer cela. Quand on les invite au banquet du gouvernement ou de la direction d’agences, ils se dépêchent pour s’y rendre. Et lorsque les difficultés s’accumulent, personne ne se manifeste, ni les responsables du PS ni ceux de l’AFP. Pourtant ce ne sont pas les plus mal servis par le président Sall. Ne serait-ce que par reconnaissance, ils devraient avoir honte de se taire. Ce n’est pas du suivisme, c’est de la loyauté.
 
Je voudrais conclure par deux conseils au président Sall. Rassurez-vous, Monsieur le président, ils coûteront toujours moins chers que ceux de vos Ministres-conseillers, puisqu’ils sont gratuits. Je vous dirai donc, tout Liberal que vous êtes, de vous inscrire dans la lignée de votre prédécesseur socialiste Abdou Diouf, celle de la République, du droit et de la démocratie bien entendue. Le président Diouf avait certes ses torts-et la figure d’Ousmane Tanor Dieng le prouve amplement-mais il connaissait l’Etat et savait s’entourer de femmes et d’hommes compétents. Le second conseil, c’est de garder à l’esprit qu’en démocratie seul le peuple est la constante. Vous êtes, Monsieur le président, une variable comme tous les présidents qui vous ont précédés. Et le Sénégal n’a ni la culture de la révolution, ni celle de la dictature, ni celle du coup d’Etat.
 
Votre seule planche de salut réside dans la réintégration de la morale dans la politique. On dira que la politique se moque de la morale. Elle n’est qu’une lutte d’intérêts. C’est du machiavélisme à l’état pur mais c’est aussi un retour anachronique au XVIe siècle et au Prince. L’une des premières fois, dans l’histoire moderne de la France, par exemple, où la politique a été réduite à la préservation des intérêts, c’était sous la Restauration (1814-1830). Demandez-vous ce que cela a produit. Cela a engendré le retour de Napoléon 1er et les Cent jours, la Chambre introuvable, une tentative de retour à la monarchie absolue avec Charles X et la révolution de juillet 1830.
 
Maintenant vous avez le choix entre l’Empire, la monarchie et la révolution. Eh ! bien, restez fidèle à la démocratie car il n’est pas sûr que si nous vivions sous les trois régimes ci-dessus vous seriez devenu président du Sénégal, d’autant que vous n’êtes issu d’aucune noblesse de robe ou d’épée et que vous n’avez pas le tempérament d’un Louis XIV, d’un Lénine ou d’un Bakounine. Quoi qu’il en soit, le Sénégal restera une République, quel que soit le président qui nous gouverne. Soyez-en, Monsieur le président, la sentinelle. Toute l’histoire de nos présidents se résume à ceci : Senghor connaissait l’Etat et le pays, Diouf connaissait l’Etat mais pas le pays, Wade connaissait le pays mais pas l’Etat. Ne soyez pas le président qui ne connait ni l’Etat ni le pays. Si l’ivresse du pouvoir ou les conseils intéressés de vos proches essayaient de vous détourner du respect des principes républicains, souvenez-vous du président Wade. Nul n’avait plus de pouvoirs que lui de 2000 à 2012. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?
 
Pour vous préserver d’un tel sort, songez tous les jours, après la prière du matin, d’un côté au cimetière de Fatick où reposent vos parents et où vous reposerez probablement un jour et ouvrez d’un autre côté, après la lecture du Coran, une page des Essais de Montaigne et une page des Pensées de Pascal. Vous vous convaincrez ainsi qu’un président n’existe que par la volonté de Dieu déléguée au peuple et qu’en ce bas monde tout est vanité, comme dit l’Ecclésiaste. Paul-Louis Courier, soldat sous le premier Empire et pamphlétaire sous la Restauration en France, disait, dans ses Lettres écrites d’Italie, de Napoléon 1er qu’il aspirait à descendre parce qu’il préférait le titre d’Empereur au nom de Bonaparte. Voilà un appel à la modestie et à l’authenticité que tous les présidents et les rois du monde devraient méditer. Quant à vous, Monsieur le président, le jour où vous troquerez votre nom contre des titres clinquants, vous ferez un pas vers la déchéance. Sall vaut mieux que tous les Doctor Honoris causa du monde. En tout cas, c’est mon opinion.
 
Mamadou Abdoulaye LY
Fatick
Tel. 775684977
Email : malysn@yahoo.fr
Dimanche 14 Septembre 2014




1.Posté par OBSERVATEUR le 15/09/2014 10:02


Cher Monsieur

Je partage une bonne partie de votre opinion, à une exception près, à savoir votre appréciation du manque d'engagement des alliés à défendre Macky Sall

Il ne faut jamais perdre de vue qu'un allié tel que ceux membres de BBY ne sont pas des militants de l'APR. Il faut être réaliste, ce n'est pas à eux de défendre bec et ongles le Président ou Chef de Parti Macky Sall. Ils doivent tout au moins rester honnêtes et :
- Ne pas se taire lorsque c'est l'un des départements à eux confiés qui est mis au banc des accusés
- Ne pas se livrer à des attaques (en tout cas en public) du régime ou du bilan de Macky Sall auquel ils prennent part
- A faire preuve d'un minimum de solidarité gouvernementale quand ils sont interpelés

Par contre ce n'est pas à eux de répondre au coup par coup aux attaques de l'opposition aveugle. Les membres de l'APR doivent être mieux organisés, et avoir plus d'inspiration pour cela. Malheureusement ils sont nombreux à l'APR à ne pas savoir tenir leur langue, à vouloir jouer les hypocrites, à faire dans la démagogie, ...... Au lieu de s'exprimer dans les instances de leur parti ou dans les espaces de dialogues lorsqu'il s'agit d'émettre certaines critiques ou certains avis contraires, certains parmi eux préfèrent aller conseiller le président dans les radios, contrer leurs camarades de parti, et espèrent récolter des applaudissements de ceux qui adhèreront à cet avis. Des gens comme Moustapha Diakhaté, Moustapha Cissé Lo, les Macky 2012, et consorts rendent un mauvais service au régime de macky Sall

Il faut garder également à l'esprit que ces alliés du Président ou du régime vont se présenter en 2017 contre le Président Sall, même si ils ont intérêt à adopter un discours cohérent le moment venu. Il n'est pas question de faire comme Landing Savané : "je travaillais avec des voleurs, mais je ne suis pas un voleur" et se suicider au passage. Par contre ils peuvent tenir un autre discours du type : "oui Macky Sall a essayé de faire de son mieux avec notre aide, cependant si nous avions toutes les commandes et les décisions, nos résultats auraient été meilleurs"

OBSERVATEUR



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