Thiès/ Immersion dans les Tangana: Gagnée par le chômage et la pauvreté, la jeunesse se tourne vers les Maïga.


Il est 21 heures à Thiès centre où les petits coins communément appelés " Tangana" foisonnent. Et pour avoir une idée de la tranche d'âge qui fréquente les Maïga, nous nous sommes rendus dans l'une de ces gargotes implantées non loin d'un hôtel de la place.

À l'entrée, un panneau lumineux est accroché au dessus de la porte. Un rideau sale, déchiré et perdant complètement sa couleur initiale, accueille les clients qui, pour entrer doivent obligatoirement le soulever pour se frayer un chemin.

À l'intérieur, deux jeunes gens s'affairent dans ce qu'on pourrait appeller la cuisine. Devant eux, deux bonbonnes de gaz qui sont installées ça et là, assurent la cuisson. Une saveur étrangère de la marmite embaume l'air. Une grande table est installée au milieu et deux longs bancs tout autour. 

Entassés comme des sardines, les cliens majoritairement des jeunes, chacun devant un petit bol rempli de spaghettis, un peu de brochettes de viande, quelques petites pommes de terre complètement grillées, des oignons...se gavent de cette nourriture ratatinée comme le contenu d'une sébile d'un talibé après un porte-à-porte à l'heure du déjeuner.

Un jeune qui se disputait avec un des gérants après le refus de ce dernier de le laisser utiliser les toilettes, lança très énervé. " La vie est dure quoi! Et pourtant, nous sommes des habitués, mais regarde les, ils refusent qu'on utilise leurs toilettes", Son vis-à-vis d'ajouter. " Nous nous connaissons tous ici ou presque. Nous savons que nous mangeons toutes les nuits la même chose: 200 FCFA de spaghettis, 4 à 5 brochettes, 100 à 150 FCFA de pommes de terre, j'en passe. Et très souvent, je peine même moi à trouver cet argent c'est-à-dire moins de 800 Fcfa", a-t-il lancé. 

À Thiès, hormis le transport de Jakarta et le petit commerce de chaussures, les jeunes peinent à trouver un emploi. " C'est très déplorable...La jeunesse est laissée à elle-même. Aucun appui et aucun projet pour pouvoir sortir de cette galère", regrette un autre client. " Dans les foyers, seul le déjeuner est maintenant assuré.  La nuit, on est obligé de venir ici pour trouver quelque chose à manger. Dans les quartiers, nos mamans et nos sœurs prennent d'assaut elles aussi les vendeuses de bouillies et de couscous en vue d'avoir de quoi mettre sous la dent", martèle un autre jeune se présentant comme étant un vendeur de chaussures qui a son étal sur la place de France.

Prêtant une oreille attentive à ce qui se passait à l'intérieur, un homme vêtu tout de blanc, s'est permis de prendre la parole.  " Il faut dire que les conditions de vie sont devenues très précaires pour les jeunes. Et le nouveau gouvernement doit s'atteler à créer les conditions idoines pour que la jeunesse sénégalaise puisse trouver de l'emploi et s'épanouir, sinon elle représente une bombe à retardement pour lui", a-t-il alerté.
Lundi 15 Avril 2024
Dakaractu



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