Thierno BOCOUM : Prémices d’une vision économique patriotique et recentrée sur le Sénégal

Lors d’un interview accordé à Mamadou Ibra Kane dans le cadre de l’émission Grand Jury, Thierno Bocoum est revenu sur plusieurs points autour de la gestion du Sénégal par le régime de Macky SALL mais aussi sur des concepts comme l’alternance générationnelle.


Economie - Prémices d’une vision économique patriotique et recentrée sur le Sénégal

Le Président Macky SALL et son gouvernement s’enorgueillissent d’un taux de croissance qui progresse ces dernières années. Outre le fait que l’objectif attendu pour l’année 2017 et inscrit dans le scénario de stratégie d’émergence du PSE était de 8% et non pas de 6,8%, Thierno BOCOUM a relevé le caractère « emprunté, dépendante et fragile » de cette croissance. Il a rappelé que les deux moteurs qui impulsent soixante pour cent (60%) de la croissance économique du Sénégal sont les télécommunications et les services financiers. Ces deux piliers du secteur tertiaire, bien que fortement contributeurs dans l’économie de notre pays sont aujourd’hui détenus par des firmes internationales, ce qui nous fait courir un risque de catastrophe en cas de réorientation stratégique de ces firmes et nous fait vivre le cauchemar d’une redistribution, hors du Sénégal, des richesses produites dans le territoire national. En clair les Sénégalais ne bénéficient pas de cette richesse produite à l’intérieur du pays.

Thierno Bocoum exhorte donc le gouvernement à réorienter sa stratégie économique et à revoir ses priorités. Il dénonce le fait que l’Etat du Sénégal s’évertue à sauver des emplois dans d’autres pays par un investissement inconsidéré pour l’achat d’un TER alors que les services de premières nécessités ne sont pas assurés pour la population. Il exhorte le gouvernement à travailler pour renforcer le secteur privé national, à s’occuper du financement des PME/PMI, à mettre en place un plan d’action pour aider l’économie informelle à s’organiser, à payer à temps la dette intérieure qui continue à pénaliser beaucoup d’entreprises et à mettre en œuvre des réformes structurelles qui permettront de générer une richesse intérieure. Il a dans ce cadre-là dénoncé la signature des APE qui, déplore-t-il, entrainera la destruction du tissu économique local. Avec ces APE nous exposons nos entreprises à une concurrence internationale déloyale là où nous devrions faire preuve de patriotisme économique. 

Thierno Bocoum s’est dit aussi choqué par un Président Macky SALL qui, selon lui, n’a pas le profil nécessaire pour faire face aux périls de notre temps. Aujourd’hui plus que jamais nos gouvernants doivent comprendre que coopération ne veut pas dire soumission. Nous avons « un secteur privé national qui est humilié tous les jours » par un gouvernement qui ne gère pas les intérêts de notre pays. Comment peut-on créer de l’emploi si on tue à petit feu son secteur privé ? Le leurre des cinq cents (500) milliards de Francs CFA inscrits dans le budget prévisionnel de 2018 comme dépenses sociales confortent le jeune leader dans l’idée que ce gouvernement ne travaille pas pour un Sénégal meilleur mais plutôt pour des intérêts purement crypto-personnels, avec une gestion conjoncturelle ayant pour objectif unique l’obtention d’un second mandat pour le Président Macky Sall. Il questionne le Président sur l’impact à long terme de ces mesures sociales qu’il juge honteux et qu’il qualifie de « corruption déguisée ». 

Concernant la future manne financière que représente le pétrole et le gaz, Thierno Bocoum fait appel à la responsabilité de l’Etat. Il rappelle l’exemple de l’or, cette matière est en effet en train d’être exploitée au niveau de la région de Kédougou de façon industrielle. De 2009 à 2014, les exportations en or industriel ont fortement évolué passant de 85 milliards 403 millions de FCFA à 170 milliards 744 millions de FCFA. Paradoxalement Kédougou fait partie des régions les plus pauvres du Sénégal en termes d’infrastructures et de développement ; elle ne dispose par exemple d’aucun (Zéro) hôpital mais uniquement de trois centres de santé pour une population d’environ 160.000 habitants.

Thierno Bocoum rappelle en outre que le code pétrolier du Sénégal date de 1998 et que les futurs gouvernements qui auront la lourde tâche de corriger les fautes de la présente se heurteront à l’écueil de la non-rétroactivité des lois et des clauses de stabilité dans les contrats déjà paraphés. Il rappelle la nécessité de la transparence dans la gestion des affaires pétrolières notamment par la publication des contrats et de leurs avenants. Il donne l’exemple d’un bonus de signature de cinq millions d’euros (Trois milliards et deux cent soixante-dix-neuf millions de francs CFA) lié au contrat signé entre l’Etat du Sénégal et l’entreprise Total. Cette somme doit en principe être reversée au budget, l’opposition sera vigilante sur ce point.

Alternance générationnelle – Une jeunesse responsabilisée 

Comme l’on pouvait si attendre Thierno Bocoum est revenu sur l’expression « alternance générationnelle » qu’il n’a cessé d’agiter depuis sa démission du parti Rewmi. Il affirme que suite à « une longue réflexion » qui a précédé la rupture de son compagnonnage avec Idrissa Seck, il a décidé de prendre en main son destin politique. Il affirme s’être inscrit dans une dynamique de projet, pour le Sénégal. Les jeunes sont au centre de ce projet. Thierno Bocoum souhaite remobiliser cette jeunesse qui a fini par se désintéresser totalement de la politique. L’espace politique est en effet très peu attrayant pour les jeunes. Ceux qui s’aventurent à dépasser le seuil des partis politiques déchantent très vite, ces espaces sont très peu souvent des cadres d’expression du talent et de la compétence. Ils sont plutôt construits pour faire prospérer les plus déterminés et parfois les moins vertueux.
Thierno appelle les jeunes engagés et patriotes, ceux imbus d’éthique et de vertu à « ne pas rater le train qui mène vers les sphères de décision », sphère au sein desquelles nous pourront tous mener le combat pour le Sénégal. Il invite ces jeunes à « ne pas renoncer aux notions de transparence, de vertu, de démocratie et de république » qui sont aujourd’hui « galvaudées » par le pouvoir en place. Les meilleurs d’entre nous en compétence et en vertu doivent se mettre au service du pays.

Alternance générationnelle ne veut pas dire jeunisme, autant le talent et la vertu sont recherchés pour la jeunesse, autant l’expérience, la compétence et la sagesse des plus âgés seront appréciées à leur juste valeur. La participation de cette couche de la population sera déterminante pour la réussite du projet et pour le développement du Sénégal. L’idée n’est donc pas d’exclure les plus âgés, au contraire toutes les personnes se reconnaissant dans les valeurs prônées par Thierno BOCOUM sont invitées à le rejoindre pour construire ensemble le Sénégal du futur en agissant dès maintenant. 

Autour de la nouvelle plateforme qui se dessine la jeunesse et ceux qui l’accompagne pourront, ensemble, poser un débat constructif et pragmatique autour d’une seule idéologie : le Sénégal.  

Cheikh T. Cissé
 
Mardi 24 Octobre 2017




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