TOUBA ET SES 400 PHARMACIES CLANDESTINES - Bara Sylla, devra-t-il payer tous les pots cassés...?. Seul ?


Au moment où ces lignes sont écrites, Touba ne compte pas moins de 400 pharmacies clandestines détenues par des commerçants ''ordinaires". À côté de celles-ci, on dénombre juste 33 pharmacies légales gérées par des professionnels.

Malgré le tollé de ces derniers jours avec l'arrestation du  tristement célèbre Bara Sylla, soupçonné avoir récemment convoyé deux camions remplis de médicaments contrefaits, ces officines continuent d'exercer librement leurs activités. Si l'on n'y prend garde, Sylla est bien parti pour payer seul tous les pots cassés depuis une décennie par ces fraudeurs.

Ces fraudeurs, justement, semblent être protégés comme personne. Pour preuve, ce système ésotérique qu'ils ont mis en place au fil des années contrôlant royalement le secteur de la pharmacie. Ce système fonctionne au nez et à la barbe des vrais médecins et pharmaciens qui n’ont que leurs yeux pour constater les choses se dérouler.  Le million ou les deux millions d’âmes qui vivent dans la ville de Touba ne peinent point à se soigner. L’offre en médicaments, parfois de véritables placébo, est parfois même supérieure à la demande.  

Ces pharmacies clandestines appartiennent à des commerçants très connus qui vendent ces médicaments autant qu’ils le font avec les denrées alimentaires dans leurs autres boutiques. Parfois, les deux types de marchandises se disputent les étals. Et pour se procurer une médecine, nul besoin de présenter une ordonnance. Il suffit de connaître le nom du médicament recherché et de disposer de la somme requise. Ces pharmacies sont, pour certaines d’entre elles, mieux dotées que les pharmacies dites légales. 

Elles s’approvisionnent par le biais de cargaisons frauduleuses comme celles de Bara Sylla. C'est aussi, à l’image de ce réseau de trafic de médicaments de 11 millions de francs démantelé en 2010 par la gendarmerie de Diourbel. Il s‘agissait dans cette sinistre affaire, d’une cargaison de 250 cartons transportées par un véhicule appartenant à la société Ecopharm. Si cette affaire est restée encore dans les mémoires, c’est que dans le deal figurait un vrai pharmacien.

QUI SONT LES VÉRITABLES CRIMINELS ?
Commerçants ? Vrais pharmaciens ? Chefs religieux ? Simples citoyens ? Ou tous ensemble ?

Le juge de Diourbel considère que le trafic de médicaments est un crime. C'est justement ce qui a amené l'affaire en instruction. La suite peut être imaginée. Bara Sylla  sera (certainement) arrêté. Et il paiera seul pour tous les autres.

Pourtant, tout le monde sait où trouver les officines et leurs propriétaires. Ils sont au marché Ocass, sur la route de Guédé, à Darou Moukhty... Ceux de Darou ont été inquiétés une fois. Juste inquiétés et puis... Ceux de Touba ne l'ont jamais été et ne le seront jamais peut-être.

À côté des commerçants, il y a les pharmaciens eux-mêmes, malgré leur fougue.
En fait, sans que l’on ne puisse désigner du doigt ceux qui le font, le business est devenu tellement juteux que de «vrais» pharmaciens ont, personnellement, financé des pharmacies clandestines pour ne pas disparaître.   Nous vous disions qu'en 2010, un vrai pharmacien avait été alpagué, vendant à des officines des médicaments. Récemment Dakaractu a appris qu'un autre pharmacien officiant à Mbacké apprivionnait des clandestins à Darou Moukhty.

Ce système ne s'arrêtera jamais tant que les contrebandiers sont protégés par des Chefs religieux, mal informés sur le danger que représente ce trafic. Par leurs pressions exercées sur les autorités, ils mettent hors menaces policières ces individus qui sont aujourd'hui, somme toute, extrêmement riches.

Par le caractère bon marchand de leurs marchandises, les officines clandestines attirent aussi malheureusement vers elles les populations généralement aux bourses limitées. Touba est, de ce fait , la localité où les maladies de reins causent le plus de dégâts au Sénégal.
Lundi 20 Novembre 2017




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