TOUBA –CET ARRÊTÉ QUI ENVOIE 5 000 CHAUFFEURS AU CHÔMAGE : Fin d’une illégalité génératrice de torts!


TOUBA –CET ARRÊTÉ QUI ENVOIE 5 000 CHAUFFEURS AU CHÔMAGE  : Fin d’une illégalité génératrice de torts!

A Touba, il y a des véhicules « Rim », des personnes « Rim » et des habitations « Rim ». Ces véhicules, ces personnes et ses maisons ont la fâcheuse ressemblance de fonctionner sans documents valables : (respectivement) cartes grises en bonne et due forme, pièces d’état civil et titres fonciers. L’Etat s’évertue, en ce qui le concerne, à octroyer aux personnes des pièces d’état civil par le canal de la mairie. Cette dernière, de son côté,  appelle les propriétaires de maisons à régulariser leur situation et ne manque pas parfois de brandir des menaces. L’épineux problème des véhicules « Rim » appelés, par ailleurs, « Goana » est resté entier pendant un peu plus d’une décennie. Les autorités ont multiplié les avertissements allant jusqu’à donner des ultimatums fantoches  qui n’ont jamais été respectés.

Aujourd’hui, les données ont changé, l’autorité a rugi, a pris un arrêté renforcé par l’approbation du Khalife, mais  a envoyé du coup, plus de 5 000 pères de familles au chômage.

Chronique d’un arrêté urgent mais peu courageux, et aux effets collatéraux terribles….
 

Ils sont près de 5 000 véhicules à avoir été interdits de circulation dans la cité religieuse de Touba, du moins pour ce qui concerne certains tronçons empruntés par les minibus « Tata » injectés par l’Etat du Sénégal. Ce, dans le cadre du programme de modernisation du transport urbain de Touba. Qui dit 5 000 véhicules dit forcément 5 000 travailleurs jetés au chômage pour mettre fin à une illégalité. Parmi ces nouveaux chômeurs, Alioune. Agé de 43 ans, le jeune père de famille affirme endurer les pires moments de sa vie. « Cet arrêté du préfet a chamboulé mon quotidien. Mon véhicule est interdit de circulation. Depuis une semaine, je n’arrive pas à donner à manger à mon épouse et à mes quatre enfants. Si les vivres en stock dans ma cuisine s’épuisent, c’est certain que je risque d’aller mendier ». Son épouse accepte de témoigner mais ne pourra le faire… ses larmes tombant des yeux. Bref, dans cette affaire, les responsabilités peuvent être situées.
 

Tares et non-dits d’une décision administrative contestée

Dans le document qu’il émet, le sous-préfet de Ndame mentionne dans sa phase analyse que « l’arrêté porte interdiction de circulation de Minibus’’ Goana’’ sur les lignes instituées pour les bus TATA dans le cadre du programme de Modernisation des Transports ». Au niveau de son article premier il dit explicitement : « le stationnement et la circulation des véhicules Minibus Goana dits ‘’MOUSS ‘’ sont interdits sur les tête de ligne, circuits et terminus institués pour les bus TATA dans le cadre du Programme de Modernisation des transports de Touba ». A y voir de plus près, on se rend compte que ce sont les 150 minibus TATA qui ont eu raison des 5 000 autres véhicules qui circulaient et qui assuraient la desserte au niveau de la cité religieuse. En poussant la réflexion, on peut bien se poser des questions pour mieux comprendre.
 

Pourquoi avoir attendu tout ce temps avant de prendre une telle décision ? Qu’est-ce qui justifie l’implication du ministère de l’intérieur ?

Les réponses sont simples. Dans la décision administrative prise, l’on peut sentir aisément un manque de courage notoire. Parce qu’en fait, les véhicules ciblés sont les « GOANA »… et pas tous les « GOANA » mais ceux qui sont appelés « MOUSS » et justement pas tous les « MOUSS », mais ceux qui gênent les TATA. Autrement dit d’autres véhicules comme ces derniers vont pouvoir continuer à circuler illégalement s’ils se résolvent à éviter les dix lignes exclusivement réservées aux TATA. Inutile de dire que les autres lignes sont impraticables ou peu fréquentées. De ce fait, l’autorité envoie au chômage des personnes pour une faute et pour la même faute acceptent à d’autres ,la possibilité de continuer l’exercice de leur métier. Deux poids, deux mesures qui ont conduit certains chauffeurs à se livrer à des batailles rangées jusqu’à voir un de leurs leaders sous les verrous, sans que personne n’en parle.

En fait ce que nul ne veut expliquer aux populations, c’est que dans le protocole d’accord qui a abouti à la livraison et à la mise en circulation des minibus TATA, il était fixé des moratoires de paiement et des lignes de circulation. Les propriétaires de ces minibus ont mis la pression sur l’Etat prétextant que l’occupation de ces lignes par d’autres véhicules les empêchait de respecter leurs engagements financiers en plus du fait que les véhicules en question tombaient souvent en panne. De là, on pouvait craindre d’eux qu’ils arrêtent de payer pour non-respect de certaines clauses du contrat. L’autre chose à découvrir, c’est que dans ce tourbillon, deux camps se sont opposés. L’un, très populeux mais misérable, l’autre, restreint mais composé de gros bonnets riches jusqu’à la moelle de leurs os. Ces derniers sont propriétaires des minibus TATA et savent par où passer pour imposer leur loi. Le résultat immédiat, en sus de créer un chômage effarant et de mettre terme à une illégale circulation de véhicules « Rim » qui n’a que trop que duré, a été de mettre la population dans une circulation inconfortable. En effet, les minibus TATA , désormais seuls maîtres du jeu sont en nombre très limités (150 même si on déclare 200 déjà injectés dans la cité) ne peuvent satisfaire la demande. Cette situation permettra de remplir les poches des promoteurs ,mais paralysera à coup sûr l’économie locale, confie un professeur en Sciences économiques.
 

La mairie s’en lave les mains
Accusée d’être à l’origine de cette affaire, la mairie que dirige Abdou Lahad Kâ s’est lavée à grandes eaux au cours d’un point de presse. El Hadj Fallou N’diaye s’est voulu on ne peut plus clair : «  nous ne sommes ni de loin ni de près mêlés à cet arrêté. Nous l’avons vu en même temps que tout le monde. Que les gens arrêtent de nous incriminer ». Autrement dit, le maire a dégagé toute responsabilité.

Mercredi 17 Juin 2015




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