Soumbédioune : un village aux « mille et une merveilles » menacé de ruine


Soumbédioune : un village aux « mille et une merveilles » menacé de ruine
Le village artisanal de Soumbédioune, vitrine de l’artisanat au Sénégal se situe au quartier de la Médina, sur la corniche Ouest. Il a été créé en 1961 par le président Mamadou Dia, en prélude au Festival Mondial des Arts Nègres...

En vérité, ce n’est pas un village, mais plutôt un quartier, la baie de Soumbédioune constituant un haut lieu touristique avec un débarcadère de poisson et le village artisanal. Le village offre des articles raffinés qui font souvent office de cadeau, et autres souvenirs pour les visiteurs.

« L’objectif premier du village était de former des jeunes et ce gratuitement, mais tout de même sous la supervision et l’accompagnement de l’Etat. Presque tous les artisans Sénégalais ont été formés ici au village», nous révèle Mamadou Sangott, la soixantaine, maître sculpteur et président de son corps de métier.
Dans les lieux, l’art est au rendez-vous comme l’indique d’ailleurs son nom, les boutiques sont disposées les unes après les autres, proposant une large gamme de produits rares et de qualité, reflétant parfaitement la beauté africaine. On y trouve toute la panoplie de l’art africain qui va de la maroquinerie, des sculptures en bronze sous diverses formes, des boucles d’oreille et bracelets en bois d’ébène, à la peinture sous verre, en passant par nos fameux «cars rapides» confectionnés à partir de tôle de récupération et des bouts de tissu wax.

Visage ridé et épuisé par le travail à 55 ans, Khadim M’bow, artisan-vendeur, arborant un caftan noir à rayures blanches, de déplorer : « puisque le village est la vitrine de l’artisanat Sénégalais, pourquoi ne pas conduire les touristes directement ici, au lieu de les amener dans les galeries ? »  Bassirou Douhansi, un Bambara de 51 ans, cheveux poivre-sel et parlant un français châtié d’ajouter : « nous avons essayé de travailler avec les guides, les galeries et les hôtels, allant même jusqu’à leur promettre une somme pour chaque car de touriste ramené, mais cela n’a pas marché, parce que les guides gagnent auprès des galeries et hôtels près de 20 pour cent sur les achats effectués par les touristes... » 
Pour résoudre les innombrables difficultés auxquelles ils font face, les acteurs interpellent leur ministre de tutelle dont ils ne connaissent même pas le nom à plus s’investir dans la promotion du village, et plus précisément dans l’artisanat en général. Et Douhansi de revenir sur ce point : « même si on gère aujourd’hui nous-mêmes le village artisanal à travers la chambre de commerce, il faut être franc et dire qu’on régresse plus qu’on avance, le virus Ebola et la mise en place du visa biométrique -qui heureusement a aujourd’hui été rapporté- sont autant de facteurs qui ont conduit les touristes vers d’autres destinations, et on sait que nous Sénégalais ne sommes pas consommateurs d’objets d’art! »
Néanmoins, le village fait le bonheur de ses occupants malgré quelques petits tracas. Ainsi, Tilde Knudssen, 44 ans et de nationalité Danoise, qui a été séduite par les merveilles qu’offre le Sénégal puisqu’elle a élu domicile à Yoff-Océan, partage avec nous son impression sur le village : « quand je dois aller en Europe, je viens acheter des cadeaux pour les parents et amis; c’est très beau ici, mais on n’a pas le temps de tout regarder parce que les vendeurs nous interpellent tout le temps. Sinon, c’est calme, joli, bien présenté et ça donne envie… » 
Khadim M’bow, cet artiste sculpteur,  sourire au coin de nous raconter : « J’ai déjà vendu un article qui coûte 1 000 F CFA à 200.000 F CFA. »
En fin de compte, « il faut croire que malgré toutes les difficultés recensées, le village artisanal de Soumbédioune est une fenêtre ouverte sur des merveilles avec des travailleurs  qui, par la magie de leurs mains, nous transmettent tout leur savoir-faire. Ils n’auront besoin que d’un peu plus d’attention pour sauver toute cette richesse d’une triste mort... », lancera cet apprenti sculpteur qui a préféré garder l’anonymat.
Mardi 4 Août 2015




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