Situation universitaire la déclaration de la Génération 88 (G88)


Situation universitaire la déclaration de la Génération 88 (G88)
Une Année Blanche c’est comme un hiatus dans la vie d’une nation, une année intercalaire, comme si le pays avait cessé de grandir pendant 365 j ¼. Nous, la génération 1988, avons connu cela et le spectre de l’année blanche nous poursuit encore partout et constitue une page vide et dramatique dans nos curricula. Comment en effet expliquer que l’on n’a pas existé pendant douze longs mois ?
L’année 1988 a été un terrible gâchis pour le Sénégal et l’Afrique toute entière. Des rêves ont été brisés, des vocations compromises et des carrières, à jamais, entachées d’une abomination dénommée Année Blanche.
Ce cauchemar, qui ne doit absolument pas se reproduire, est malheureusement à nos portes. Depuis la rentrée scolaire et universitaire nous avons constaté, avec tous les sénégalais, la persistance des perturbations, notamment au niveau de la communauté estudiantine où les revendications strictement académiques ont été amplifiées, jusqu’à l’absurde, par l’incapacité des autorités étatiques à résoudre et communiquer convenablement sur la question des bourses qui, comme chacun le sait, sont indispensables à la survie de très nombreux étudiants. Est il besoin de rappeler que la  résolution de cette question récurrente sera toujours tributaire de la capacité de l’Etat à respecter ses engagements et à faire face à ses responsabilités ?
Avec le pourrissement de la situation et la présence ostentatoire des forces de l’ordre, l’irréparable, que tout le monde craignait, est arrivé.
Une réaction disproportionnée et inexplicable des forces de l’ordre dans le campus social a conduit à la mort de l’étudiant Bassirou FAYE, à des blessures graves de très nombreux autres, ainsi qu’à des saccages dans les chambres d’étudiants dont certains peuvent être assimilés à de véritables autodafés.
G 88 condamne, avec la dernière énergie, ces violences et demande à ce que tout soit mis en œuvre pour identifier et sanctionner les coupables. Le G 88 s’incline pieusement devant la mémoire du disparu et présente ses condoléances à la famille éplorée.
Dans ce contexte, comme de nombreux sénégalais, nous sommes inquiets et avons décidé de nous impliquer pour trouver une issue à l’impasse née de la crise en cours et qui menace dangereusement notre système universitaire et la paix sociale dans notre pays.
Notre vécu et notre amour pour ce pays et sa jeunesse, nous commandent de sortir du mutisme et de prendre à témoins la nation toute entière en proposant une solution de sortie de crise d’autant plus urgente que le contexte actuel n’est pas propice à des échanges sereins sur notre système d’enseignement qui, quoiqu’il advienne, devrait être réformé, car les crises récurrentes sont des signes qui ne trompent pas sur son inadaptation. A tous les acteurs de cette douloureuse crise et sous l’autorité de la nation plurielle nous faisons les propositions suivantes :
  1. Rencontre immédiate et sans conditions entre les Ministères concernés, les étudiants et les syndicats pour évaluer la situation et relever les accords et les désaccords dont la mise en œuvre devrait être planifiée;
  2. Rédaction d’un mémorandum de sortie de crise signé des parties prenantes avec des échéances précises ;
  3. Prendre des dispositions  pour éviter l’année blanche et ses conséquences pour la jeunesse de notre pays ;
  4. Mise en place de dispositifs appropriés pour installer des amicales dans les facultés qui n’en disposent pas ;
  5. Mise en place immédiate d’un cadre de concertation, impliquant tous les acteurs du secteur, pour élaborer les modalités de mise en place d’une police universitaire appropriée;
  6. Mise à la disposition de l’UCAD de locaux transitoires (le CICES par exemple) en attendant l’ouverture de la nouvelle université.
  7. Mise au point d’un programme de recrutement afin de parvenir à un niveau d’encadrement conforme aux standards internationaux.
Le G88, après plus d’un mois d’efforts et les tragiques évènements du jeudi 15 août, pense que le temps joue maintenant contre l’université. Il exhorte les autorités, les étudiants et les syndicats à mettre l’intérêt supérieur du pays au dessus de toutes les contingences et de trouver une solution immédiate qui ne pourrait être qu’à leur honneur. Il faut parvenir à une paix des braves, pour l’intérêt exclusif de la nation.
 
Fait à Dakar le 18 aout 2014
Contacts : Souleymane Gaye  77 561 35 15
                 Boubacar Mbodj    77 325 34 34
            Moctar Sourang     77 637 10 17
Vendredi 22 Août 2014




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