Silence ! Nous parlons à Senghor

Senghor, ta voix continue de nous parler, ton souffle, plus que jamais nous murmure à l’oreille.


Silence ! Nous parlons à Senghor
Voici une décennie que tu nous as quittés.
A l’aune de ton legs humaniste, en passant par l’ensemble de ton œuvre pour une nation sénégalaise de paix, qui dans le tumulte de son éternel combat débonnaire, aurait terrassé les satrapes de la dépravation, nous nous inclinons en signe d’honorer ta mémoire.
En ce mois laudateur de ton rappel à Dieu, le Sénégal que tu nous as laissé n’est pas celui qui aurait pu rendre une exclusive reconnaissance à ton égard.
Hélas, il sombre et s’engouffre dans un tunnel ténébreux, dans l’oubli de ta vision du sens de l’Etat et de la Nation.
Un de tes contemporains avait dit un jour d’écouter plus souvent les choses que les êtres…, d’écouter dans le vent le buisson en sanglots. C’est le souffle de ceux qui nous ont quittés. Plus loin il nous fait comprendre le pourquoi de cette attention, quelque peu surnaturelle.

Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :
Ils sont dans l’Ombre qui s’éclaire
Et dans l’ombre qui s’épaissit.
Les Morts ne sont pas sous la Terre :
Ils sont dans l’Arbre qui frémit,
Ils sont dans le Bois qui gémit,
Ils sont dans l’Eau qui coule,
Ils sont dans l’Eau qui dort,
Ils sont dans la Case, ils sont dans la Foule
Les Morts ne sont pas morts.

Nous aurions voulu te laisser te reposer en paix, mais dans ces moments, nous recherchons le temps perdu. Tu es plus que jamais présent dans notre vie et dans la marche de notre Sénégal.
Ta voix continue de nous parler, ton souffle, plus que jamais nous murmure à l’oreille. Ta voix, nous l’entendons à chaque occasion que nous offrent les mouvements de revendication populaire comme ce fut au 23 juin, suite à une tentative de désacralisation de la constitution.
Tu nous disais dans ces termes, on ne peut plus universaliste. En parlant de fédéralisme voici ce que nous apprenions : « une constitution doit consolider le présent et préparer l’avenir. » Nous écoutons et sentons ton souffle nous parler. Mais, par l’entêtement, nos plus hauts dirigeants actuels ne mettent pas en exercice tes conseils pleins de sagesse.
Ton cher et notre pays est à la merci de celui que tu appelais de façon caricaturale « Ndiombor » en totale dissymétrie avec les voies républicaines dont tu as été l’un des précurseurs. La source de ce dysfonctionnement, une constitution taillée sur mesure, de surcroît, une tentative de manœuvre aux finalités népotiques de notre fondement.
Plutôt que de renforcer dans une philosophie collectiviste les liens de notre pacte républicain, celui-ci est violé quotidiennement.
Ton cher et notre pays est en proie à un dérèglement social et politique tirant vers le chaos social, si ce n’est d’ailleurs le cas. « Ndiombor » ne fédère plus et s’accroche au sommet de l’Etat.
La stabilité du Sénégal est plus que jamais menacée par une seule et unique volonté de substituer la nation à un clanisme.
Ton cher et notre pays n’a plus de repères en ce qu’il ne peut plus construire un destin commun. Destin commun trahi par un opportunisme outrancier, créant un Sénégal bicéphale né de l’avènement d’une petite bourgeoisie, non sans moindre kleptomanie. La culture du mérite a disparu.
L’art du dialogue que tu nous as légué est enfoui par un clan à l’esprit obtus qui, outrageusement, pratique l’escroquerie et la malhonnêteté à grande échelle, sans la moindre vergogne. C’est la wadisation, comme pour dire l’immolation de l’intérêt national est à son paroxysme.
Nous sommes loin de cette grandeur d’esprit qui était de ton temps avec une notion très avancée du mérite et de l’intégrité.
Nous commémorons la décennie de ta mort par un syndrome malveillant qui guette ton cher et notre pays, le Sénégal. Au lendemain de cette année de commémoration de ton dixième anniversaire, nous écrirons une page de notre histoire. Sera-t-elle raturée ? Tout, porte à en croire. Nous nous inclinons sur ta mémoire.
Nous croyons que tu gis quelque part au dessus de notre pays tel un ange gardien guidant les créatures que nous sommes vers le salut. Daigne éternellement nous souffler de ta verve et nous conduire vers un Sénégal à l’image de ton Sine natal où tu avais coutume de t’y/t’en inspirer dans tes chants d’ombre. Sois le témoin lumineux de cette nation pour qu’elle se remette sur les rails que tu as tracés, ceux de la grandeur et non ceux de la décadence sur lesquels nous roulons aujourd’hui.
A ces paroles - il suffit de nommer la chose pour qu’apparaisse le sens sous le signe - nous nommons cette chose, PAIX et STABILITE.

Oswald SARR
http://www.ps-senegal-mjese.com/le-mjese
Lundi 26 Décembre 2011
Osawal Sarr




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