Sidiki kaba, welcome ! (Oumou Wane)

Le nouveau ministre de la justice, avocat émérite et humaniste reconnu à travers la planète, est l’objet de critiques infâmes dans notre pays parce qu’il défend ou a eu à défendre certaines causes. Critiques venues de personnes ou lobbies qui semblent oublier que Monsieur Kaba est tout d’abord un avocat.



Qu’est ce qu’un avocat ?

Le métier de l’avocat est de défendre, dans le sens noble du terme. Il défend des personnes présumées coupables et fait valoir des arguments pour qu’elles soient reconnues innocentes ou à défaut qu’elles soient condamnées à des peines le moins pénalisantes possibles.

Monsieur Kaba a exercé la profession d’avocat avant d’être ministre. Son métier c’était donc de défendre des gens sans porter de jugements de valeur sur leur personne, leur moralité ou autre pour les extirper de situations complexes.



Quel mal y a t’il à défendre un être humain ?



Dans les sociétés occidentales, le distinguo est nettement fait entre le présumé criminel et celui qui est chargé de le défendre. Il n’ y a que dans les sociétés totalitaires que le présumé coupable ne peut se défendre, est condamné d’avance ou même l’avocat lui est refusé. Dans le pire des cas, l’avocat est vu comme un complice parce qu’il défend un supposé criminel.

Tu défends un criminel, tu es un criminel donc ! Cette foire d’empoigne ne peut pas prospérer dans le monde actuel. Défendre Klaus Barbie fait-il de Jacques Vergès un nazi ? Penser que l’avocat épouse forcément les causes de son client est une vaste erreur que les intellectuels de nos pays émergents devraient se garder de commettre. Cicéron se retourne dans sa tombe !

Au delà de son métier d’avocat, donc de défenseur de personnes ou d’institutions, Monsieur Kaba est un humaniste engagé. Son leitmotiv est le bonheur de l’homme et la protection et le développement des qualités essentielles de ce dernier.



La moralité de notre nouveau Ministre doit se mesurer à l’aune des causes des faibles qu’il a défendus. Les choix de vie, coutumes ou croyances qui déterminent les raisons pour lesquelles certaines catégories de personnes sont rejetées ne relèvent pas de lui. Son propos est de défendre l’homme. Pour lui, c’est l’homme qui est au centre et la sauvegarde de son intégrité physique et morale, le cœur de son action. Toute cause, légitime ou non qui tenterait de faire condamner un homme pour ses penchants avérés ou non, ne peut que le choquer du moment qu’il défend l’homme. C’est cela un humaniste ! Et il l’est !



Chez nous, le problème revêt une autre dimension, coincés que nous sommes entre la fièvre du samedi soir aux Almadies et le refuge de Touba pour extirper nos péchés, nous avons tendance à oublier qu’il y a des valeurs plus sincères qui peuvent habiter l’homme, valeurs aux antipodes de l’hypocrisie.



Un ministre de la République, dès lors qu’il prête serment pour servir la République, donc pour défendre les causes de la République, doit bénéficier de notre indulgence et de notre ouverture d’esprit, son passé ne pouvant être plus fort que le présent pour lequel il s’est engagé corps et âme.



Monsieur Kaba est une fierté, son nom est plus populaire en Occident que sous nos cieux et pour nous vivant hors du pays, d’apprendre qu’il est sénégalais est une fierté.

Laissons le imprimer à cette justice si austère l’humanisme qui sied pour diriger cette institution. Son prédécesseur a toujours eu le sourire aux lèvres malgré la difficulté des tâches, pourquoi vouloir lui retirer ce qui fait son essence même, à savoir son humanisme dans ce Ministère si difficile avec ses dossiers brûlants. Ceux qui doivent être jugés innocents le seront, ceux qui doivent être condamnés le seront sans que les convictions profondes de Monsieur Kaba viennent s’y heurter.

Comme me disait l’autre jour un pair, sans doute exaspéré de certains comportements de nos concitoyens : ‘’Le problème du Sénégal, ce ne sont pas les gens non instruits, ceux sont les gens instruits qui posent problème !’’

L’honnêteté intellectuelle est une valeur forte qui contribue largement au développement de notre pays ! Ne nous laissons pas dévier de ce chemin par l’amour des formules fortes ou par des contradictions non analysées que nous balançons parce que nous avons entre nos mains l’art ou l’opportunité de la plume, une autre responsabilité !



Oumou Wane

Présidente africa7