Sénégal : Le cauchemar des hommes polygames lors de leur nuit de noces, entre maraboutage et violence conjugale…


Au Sénégal, les hommes qui décident d'épouser une deuxième femme se trouvent confrontés à de véritables défis. Même si certains parviennent à le faire sans heurts au sein de leur foyer, ils rencontrent souvent des difficultés lors de leur première nuit de noces, a-t-on appris dans le journal l’Observateur de ce mardi 14 mai. C'est une étape que les premières épouses ont du mal à accepter, allant même jusqu'à mettre en œuvre des stratagèmes pour empêcher que cette nuit se déroule. 
 
Après huit ans de mariage, Oulimata Diaw vient d'accueillir une coépouse. Bien qu'elle semblait initialement apprécier cette situation, la réalité est tout autre et elle a du mal à l'accepter. Lorsque son époux lui a annoncé son intention d'épouser une deuxième femme, Oulimata a salué cette décision, pensant qu'il était plus responsable de se consacrer à une seule autre femme plutôt que de courtiser différentes jeunes filles. Cependant, elle ressent aujourd'hui une aversion profonde envers cette union. Elle est attachée à préserver son époux, même si elle est maintenant contrainte de partager sa vie avec une autre femme. Cette situation la hante et perturbe son sommeil depuis la conclusion de ce mariage. 
 
Le visage pâle, l'air affligé, elle peine à trouver le sommeil depuis que son mari lui a annoncé son intention de passer sa nuit de noces avec sa nouvelle épouse avoue-t-elle à nos confrères de l’Obs. « Lorsque mon époux m'a dit qu'il allait prendre une deuxième femme, j'ai trouvé cela normal. Mais lorsque, par la suite, il a exprimé le désir de passer la nuit de noces avec elle, j'ai craqué. J'étais angoissée et rongée par une colère sourde. Je ne pouvais pas supporter l'idée que mon mari partage le lit d'une autre femme. C'était insupportable pour moi. J'en ai énormément souffert », raconte Oulimata. 
 
Elle ajoute que cette première nuit de noces a été son pire cauchemar. Elle avait du mal à l'imaginer et ne cessait de perturber leur tranquillité. « C'était comme un film d'horreur. Lorsque mon mari m'a dit au revoir pour se rendre à l'hôtel avec ma coépouse, j'ai caché les clés de sa voiture. J'ai même failli lever la main sur lui. Il m'a calmée et m'a proposé une somme de 100 000 FCFA en guise de cadeau. J'ai refusé. Lorsqu'il est retourné dans la chambre pour chercher les clés, je l'ai enfermé à l'intérieur en verrouillant la porte », relate-t-elle d'un ton railleur. Oulimata poursuit en racontant qu'il a fallu l'intervention de son beau-père pour qu'elle laisse son mari partir. « Lorsque je l'ai enfermé dans la chambre, il a appelé son père. Ce dernier s'est déplacé pour me raisonner. J'ai finalement laissé mon époux partir avec ma coépouse, mais cette nuit-là a été la plus longue de ma vie. Lorsqu'il m'a tourné le dos et est parti avec sa valise, je me suis effondrée. J'ai tellement pleuré. Cette nuit-là, j'ai passé mon temps à l'appeler au téléphone pour perturber leur romance. Il a fini par éteindre son téléphone. J'ai passé cette nuit sans fermer l'œil », confie-t-elle. 
 
Oulimata ne s'est pas arrêtée là. Le lendemain, elle a simulé une maladie pour contraindre son époux à écourter son séjour. Une stratégie que son mari a rapidement comprise, tout en demandant à sa mère de venir l'assister. « J'ai inventé une maladie pour faire revenir mon époux, mais cela a échoué. Tous mes caprices ont été dévoilés. J'ai fini par accepter cette situation et maintenant je gère correctement notre foyer », affirme la dame. 
 
Dans nos sociétés, épouser une deuxième femme est un vrai combat. Il faut savoir faire face aux caprices et manœuvres de la première épouse pour s'en sortir indemne. Car la plupart des femmes font des manigances pour empêcher leurs époux d'épouser une autre femme ou même de consommer le mariage. Certaines font des crises de jalousie dès la première nuit de noces. Lesquelles les poussent à poser des actes parfois exagérés dans le but d'empêcher leur époux et leur coépouse de consommer le mariage. 
 
Pour son cas, Fatou Ndiaye est allée jusqu'à rendre son époux impuissant pour l'empêcher de consommer son mariage. Cette femme n'a jamais accepté que son mari en épouse une autre. Mais celui-ci fera tout pour y arriver. Un deuxième mariage qui sera fatal à cet homme qui n'avait pas pris au sérieux les menaces de sa première épouse qui lui répétait à chaque fois qu'il n'arriverait jamais à consommer son mariage. « À trois jours du mariage, j'ai engagé un marabout pour qu'il rende mon époux impuissant. Je ne pouvais supporter de le voir partager la couche d'une autre femme. Je ne veux pas partager mon homme. Je trouve cela inhumain. C'est pourquoi j'ai payé ce marabout pour l'empêcher de consommer ce mariage. Lors de sa première nuit, quand j'ai appris qu'il n'arrivait pas à avoir une érection, j'ai crié de joie. Il est rentré à la maison, nerveux et j'ai fait semblant de ne rien comprendre », affirme Fatou. Avant d'ajouter : « Mon époux devenait impuissant à chaque fois qu'il allait chez ma co-épouse. Mais chez moi, il retrouve toute sa puissance. Il a compris que j'en suis l'artisane, mais j'ai nié. Il fait le tour des guérisseurs pour se soigner, mais il n'y arrive toujours pas. Cela fait bientôt deux mois. Ma coépouse parle maintenant de divorce, mais mon époux lui demande toujours de patienter espérant recouvrer sa virilité », dévoile-t-elle.
 
Fatou dit être déterminée à maintenir ce cap pour garder son homme pour elle seule. L’Obs rappelle qu’en 2018, une affaire de nuit de noce a failli virer au meurtre à Pikine (Dakar). Une femme a asséné des coups de machette à sa co épouse qui rejoignait son époux au domicile conjugal pour y passer leur nuit de noces. Quand cette femme a appris que sa co épouse allait venir pour consommer son mariage, elle s'est trouvée une machette pour aller l'attendre à quelques mètres du domicile. À son arrivée, elle l'a violemment attaquée avec plusieurs coups de machette qui lui ont causé des blessures graves. La victime finira à l'hôpital au moment où sa co épouse était conduite en prison. Au lieu de laisser son époux passer une nuit de noces avec sa deuxième femme, la première épouse a choisi la prison. 
 
Coumba Faye a failli répéter le même scénario sur sa co épouse. Quand cette dernière a voulu rejoindre leur époux dans son domicile conjugal, elle s'y est opposée avec un gourdin. Elle a bloqué cette femme à la porte puis l'a pourchassée avec cette arme. « Mon mari a pris une deuxième femme sans mon accord et a voulu l'amener dans notre domicile pour leur nuit de noces. Je pouvais supporter tout sauf le fait de voir mon époux partager le lit d'une autre, sous notre toit en plus. Je lui ai demandé d'aller à l'hôtel ou de lui louer un appartement, il n'a pas voulu m'écouter. J'ai attendu qu'il envoie son ami amener cette femme pour me préparer à une bagarre. À son arrivée, je ne lui ai pas laissé le temps de franchir le seuil de la maison. Je lui ai versé de l'eau avant de brandir un gourdin pour la frapper. C'est l'ami de mon époux qui a bloqué le coup qui a atterri sur la porte en verre de la maison. J'étais noire de rage et prête à la tuer et aller en prison », déclare Coumba, sans une once de regret. 
 
La co épouse, pour éviter de subir une agression, a refusé de remettre les pieds dans ce domicile. Elle a préféré mettre un terme à son union plutôt que de risquer sa vie. Seynabou Guèye, elle, est d'avis qu'aucune femme ne souhaite partager son homme, mais elle croit que cela ne justifie pas la violence. « C'est dur, c'est vrai, mais cela ne vaut aucune violence. Quand cela m'est arrivé, j'en ai souffert moralement. J'ai fait semblant de n'avoir aucun mal, mais j'étais atteinte intérieurement. Quand il est parti, j'ai craqué. J'ai pleuré toute cette nuit et j'avais perdu l'appétit. Dans un moment de faiblesse, j'ai pensé au pire, mais je me suis ressaisie par la suite... », a-t-elle confié. 
 
Mardi 14 Mai 2024
Mouhamadou Moustapha GAYE



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