SERIGNE MASSAMBA / l’homme qui a consacré toute sa vie à Serigne Touba - Les Mourides du monde se rappellent...

Le monde mouride célèbre ce jeudi Serigne Massamba Mbacké. Il fut petit-frère de Serigne Touba mais l’histoire retient bien plus de lui. Il fut né à Patar en 1883, le 27ème jour du mois lunaire de shacbân. Ce fut juste quelques mois après la disparition de son vénéré père Mame Mor Anta Saly.


Le Cheikh, Serigne Dame Abdourahmane Lô et Mame Thierno Birahim Mbacké guideront ses premiers pas. D’ailleurs, les exégètes mourides racontent qu’il a été baptisé par son grand frère et marabout Cheikh Ahmadou Bamba qui était allé se recueillir devant la tombe de leur père Mame Mor Anta Saly qui lui suggéra d’attribuer au nouveau-né le prénom de son grand-père Massamba Anta Thièbo.
Il est le benjamin des fils de son père Mame Mor Anta Saly dont l’aîné était Mame Mor Diarra suivi de Cheikh Ahmadou Bamba. Quant à sa mère, elle portait le nom de Sokhna Aissatou Diop, Fille de S. Mor Khoudia Coumaba Diop, S. Médoune Penda Bouyo et de S. Makhtar Ndoumbé. Cette dernière était issue de la famille la plus célèbre de Coki. Auparavant, Sokhna Aïssatou Diop était épouse du Damel Lat Dior Diop avec qui elle a eu un enfant nommé Serigne Mor Isseu Diop.
Depuis la fin de ses études jusqu’à la disparition de son grand frère Cheikh Ahmadou Bamba le 19 juillet 1927, Serigne Massamba ne s’est jamais éloigné du Cheikh. À ce titre, aussi bien à Thiéyène qu’à Diourbel, il s’occupait exclusivement de la confection de chambres de demeurés ou de concessions pour le grand marabout. Cet ingénieux travail à posture debout l’a occupé au moins pendant six années d’affiliée. À cette tache, il était secondé par de fervents talibés. Passée cette période, une autre tache d’ordre purement intellectuel lui sera confiée.
 
Elle consistait à rendre lisibles et très compréhensibles les poèmes et écrits de Cheikh Ahmadou Bamba à Diourbel puis à Touba où des talibés lui apportaient des malles remplies d’écrits du Cheikh. D’ailleurs, l’emplacement où il faisait ce travail est resté jusqu’à nos jours un haut lieu de recueillement et de prières se trouvant dans la concession de son fils Serigne Abdoul Baki à Touba.
Étant ensemble à Diourbel, Serigne Touba recommandait aux talibés de s’adresser à Serigne Massamba qui était le seul habilité à comprendre parfaitement les propos énigmatiques du marabout et à les clarifier avec toute la pédagogie requise aux nombreux disciples. Ayant lancé l’idée de la construction de la mosquée de Diourbel et exigé cent quarante francs (140f) pour le début des travaux, le cheikh qui s’éclipsé momentanément avait ordonné à tout talibé de s’adresser ou de remettre son apport à Serigne Massamba et que celui qui en était incapable, pouvait retourner chez lui.
Il avait également le privilège en compagnie de Serigne Modou Moustapha et de Serigne Fallou Mbacké de rechercher les bonnes pierres devant servir à l’édification de la grande mosquée de Touba. Lesquelles pierres ont été trouvées à Ndock village situé à 7 km au sud de Touba. De la même manière, Serigne Massamba vouait une considération et une assistance exemplaires à ses frères aînés et aux fils de Serigne Touba. Il fait partie des premiers à assister Serigne Modou Moustapha, le premier Khalife de Serigne Touba, qui ne cessait de recueillir son avis sur toute entreprise qu’il se chargeait de faire.
Serigne Massamba n’est pas seulement un simple copiste à belle plume ; il s’est aussi distingué dans l’art d’embellir le Coran et les Qaçidas dans un style exceptionnel d’enluminure qu’il a mis à l’honneur. Il reste jusqu’à nos jours le plus grand enlumineur du Mouridisme.
On conserve aujourd’hui jalousement à la Bibliothèque Cheikhoul Khadim de Touba des manuscrits dont la facture est rehaussée par son art merveilleux d’une symétrie surnaturelle. Ses entrelacs, ses fresques, ses coniques, ses ronds et les messages de ses traits codés dans des labyrinthes séduisant les regards.
Grand calligraphe, érudit, dévot et serviteur infatigable de son Maître, il n’a jamais daigné offrir ses services d’enlumineur à un autre que le Cheikh. Cet exclusivisme est une reconnaissance au grand Maître car pour lui, c’est par la grâce de celui-ci et dans son service qu’il a acquis ses dons ; c’est comme s’il voulait dire : » des aptitudes et des dispositions acquises par DIEU ne doivent être destinées qu’au service de DIEU et utilisées que pour la face de DIEU.»
Son attachement à la calligraphie et le rôle qu’il jouait dans ce domaine sous l’ombre du Cheikh étaient tels qu’un jour, alors que Cheikh Ahmadou Bamba se trouvait en déportation en Mauritanie, il lui envoya des malles contenant 24.000 calames (plumes), taillés selon la rigueur qui sied à son personnage.
Autant Serigne Massamba disposait d’une équipe d’enlumineurs qu’il avait lui-même formée, autant il avait mis sur pied une équipe de conservatoire en chants religieux sur les œuvres du Cheikh, et dont les mélodies jusqu’à nos jours sont à l’honneur.
 
Serigne Massamba avait une équipe qu’il avait sélectionnée selon des critères les plus pointus allant du timbre de la voix à la parfaite maîtrise de la lecture. Pour Serigne Massamba, chanter les Qaçaïds est, au-delà de la mélodie qui apaise les coeurs et bercent l’âme, un acte d’adoration qu’il faut faire avec une grande concentration. (Toubamajalis).
Dans ce reportage proposé par Dakaractu, la vie de l’homme est revisitée...
Jeudi 31 Mars 2022




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