Rétro-Politique / Présidentielle 24 Février, réconciliation Wade & Macky et libération de Khalifa Sall : Ces temps forts historiques du Sénégal en 2019.


La scène politique sénégalaise a été marquée  par d’importants événements en 2019. Et la présidentielle du 24 Février aura été un tournant décisif dans le déroulement des évènements politiques au Sénégal.

 

En effet, la majorité présidentielle et l'opposition sénégalaise affûtèrent leurs armes à moins de trois mois de l'élection présidentielle, prévue le 24 février 2019, sur fond de vive polémique sur la fiabilité du fichier électoral.

Le dépôt des candidatures à l'élection présidentielle démarre le 11 décembre 2018 et se poursuivra jusqu'au 26 décembre.

Plusieurs personnalités et leaders politiques  avaient fini d'annoncer avoir recueilli le nombre de parrainages requis par la loi électorale sénégalaise, (au moins 0,8 % des citoyens inscrits sur les listes électorales), pour que la candidature soit validée.

 

Après plusieurs mois de travail sur le terrain, les futurs postulants à la présidentielle commencent à se dévoiler. La mojorité présidentielle avait annoncé l'investiture de son candidat en la personne du président sénégalais Macky Sall.

Le candidat Macky Sall sera officiellement  investi par toute la coalition Benno Bokk Yaakaar (la mouvance présidentielle).

Cependant, du côté de l'opposition, les grandes formations comme le Parti démocratique sénégalais (PDS) de l'ancien président Abdoulaye Wade, le Rewmi de l'ancien Premier ministre Idrissa Seck n'ont pas encore annoncé leurs congrès d'investiture. Car une partie de l'opposition sénégalaise était préoccupée par les modalités d'organisation de la présidentielle. Elle continue de s'interroger sur la fiabilité du fichier général des électeurs, malgré l'audit du processus électoral commandité par l'Union européenne (UE) en février 2018.

87 candidats potentiels se sont inscrits auprès du Ministère de l'Intérieur en vue de recueillir les parrainages nécessaires à la candidature de la présidentielle du 24 Février 2019. 

Le dépôt des parrainages commence et se poursuit jusqu'au 26 décembre 2018. 

À terme, seul une vingtaine de candidats maintiendront leurs candidatures. La caution fixée à 30 millions de franc CFA et la nécessité d'obtenir un parrainage auraient dissuadé plusieurs candidats. L'on s'achemine directement à la présidentielle 24 Février.

 La liste provisoire des candidatures validées par le Conseil constitutionnel est rendue publique le 14 janvier 2019. Cinq sont candidats en lice : Le président sortant Macky Sall,  Madické Niang, Issa Sall, Idrissa Seck et Ousmane Sonko. 

Cette même liste provisoire est validée le 20 janvier par le Conseil constitutionnel. 

Leurs candidatures rejetées par le Conseil constitutionnel, Khalifa Sall et Karim Wade sont écartés de la course à la présidentielle. Ils deviennent ainsi les absents les plus présents dans la scène médiatique.

Le scrutin présente une figure inédite au Sénégal de par le faible nombre de candidats (5 contre 14 en 2012 et 15 en 2007) et par l'absence des partis historiques. Comme  le Parti socialiste sénégalais et l’Alliance des forces de progrès qui  soutiennent en effet le président sortant Macky Sall, tandis que le Parti démocratique sénégalais (PDS) n'a pu faire valider par le Conseil constitutionnel la candidature de Karim Wade.

 

 

Le retour de Wade et l'appel au boycott  de la présidentielle!

 

Le compte à rebours de la campagne  présidentielle lancée le 31 Janvier 2018 à  minuit, et les candidats  se lancent dans la chasse aux voix dans les coins et recoins du Sénégal, le chef de file des libéraux et démocrates annonce son retour au pays natal. Car ne pouvant pas digérer la non validation  de la candidature de son fils Karim et du plus célèbre prisonnier d'alors Khalifa Sall.

Le 07 Février 2019, l’ancien président (2000-2012), qui résidait en France, arrive en jet privé à  l'aéroport  Blaise Diagne de Dakar, après deux ans d’absence.

Son cortège met près de cinq heures pour rejoindre la permanence de son parti dans la soirée, après un trajet jalonné d’étapes en banlieue, acclamé à chaque fois par la foule de ses partisans.

Arrivé à  sa permanence, Abdoulaye Wade, vêtu d’un boubou bleu et d’un châle blanc et coiffé d’une chéchia rouge, réitère son adresse aux quatre candidats en lice face au sortant, à boycotter le scrutin. Il réitère ainsi son appel  aux jeunes à saboter la tenue du scrutin. Un appel qui sera sans suite, même s'il avait fait couler beaucoup d'encre.

 

Une campagne émaillée  de violence

 

Le temps passe et les candidats s'affrontent  sur le terrain politique, l'ambiance des meetings rythme le quotidien des sénégalais. 

Le militants se donnent en spectacle.

Les scènes de  violence surgissent tout au long de la Campagne. Et c'est la coalition PUR 100 qui s'illustre  le plus. Car ayant enregistré un mort dans des affrontements à Tambacounda entre des proches du candidat Issa Sall et ceux de Bby.

La violence se propage un peu partout, comme à  Saint-Louis où des proches du candidat  Ousmane Sonko étaient  gravement agressés par les marrons du feu de la coalition Bby. 

La campagne prend fin le 22 février. 

Le 24 Février 2019, tous les projecteurs sont braqués sur le pays de la Téranga. 

Les citoyens  sénégalais se donnent rendez-vous dans les urnes pour élire le Président de  la  République. 

Un scrutin particulièrement marqué par une sortie massive des personnes du troisième  âge pour aller voter. Les jeunes moins représentatifs de ce scrutin sont mis devant leurs responsabilités. 

Le votre se déroule normalement dans la journée. 

Hormis les quelques omissions de nom d'électeurs notées dans les bureaux de vote, aucun incident grave n'est signalé. 

Un peu plus tard dans la soirée, le secret des urnes commence à se dévoiler petit à petit dans la place publique.

 

Boun Abdallah Dionne, la pression des urnes et la proclamation de la victoire de   Bby dès  le premier tour 

 

Face à la pression liée aux résultats  controversés issus des urnes, après une  journée électorale moins tendue, le Premier  ministre d'alors Mahammed Boun Abdallah Dione investit certains médias dont la RTS en première ligne, pour proclamer la victoire dès le premier tour de Macky Sall, candidat de la majorité présidentielle Bby. 

La pression monte et les déclarations de figent  presque de partout. 

Les autres candidats  se retrouvent  tard dans la soirée et rejettent la déclaration du Premier  ministre. Le candidat Macky Sall est accusé de vouloir renverser la vérité des urnes.

Le lendemain, certains militants de la l'opposition improvisent une marche pour dénoncer les résultats.

 

 

La publication des résultats et le coup de KO de Macky à  l'opposition 

 

Alors que la protestation gagne la capitale  Dakar et un peu partout dans le reste du pays, la commission nationale de recensement des votes publié les résultats  provisoires. Le taux de participation, est de 66,23% CNRV. Et les résultats sont répartis comme suit:

6 683 043 électeurs inscrits ; 4 426 344 votants ; 42 465 bulletins nuls ; 4 383879 suffrages valablement exprimés.

Le candidat  Macky Sall remporte son pari : « Un coup KO ». 

D’après les résultats provisoires rendus publics jeudi, le président sortant a en effet remporté la présidentielle dès le premier tour, avec  58,27 % des suffrages exprimés. Idrissa Seck, crédité de 20,50 %, arrive second, devant Ousmane Sonko (15,67%), Issa Sall (4,07%) et Madické Niang (1,48%).

Des résultats qui seront validés  par le Conseil constitutionnel.

Les quatre autres candidats récapitulent et refusent de faire recours.

Le président réélu Macky Sall prête serment le 02 Avril  2019. Il réitère  son appel au dialogue  à toutes les forces vives de la nation.

"Je renouvelle par conséquent mon appel au dialogue, sans exclusive. Un dialogue constructif et ouvert à toutes les forces vives du pays, à toutes les forces politiques, aux forces économiques et sociales", avait déclaré le chef de l’Etat après la cérémonie solennelle.

Un appel qui trouve des issues favorables du côtes de certains partis de l'opposition avec la participation de leaders comme Omar Sarr et un mandataire du parti Rewmi du candidat malheureux Idrissa Seck, et Cheikh Issa Sall.

Cependant, Ousmane Sonko et les patriotes boycottent le dialogue du président réélu. 

Omar Sarr et Cheikh Issa Sall vont payer cash leur participation au dialogue. Car ils seront mis devant leurs responsabilités par leurs  partis.

En Août 2019, le Parti de l’Unité et du rassemblement (Pur), à l'issue du congrès ordinaire, éjecte le prof Issa Sall du fauteuil de coordinateur du parti. 

Le Marabout, Serigne Moustapha Sy, assure la présidence du parti. Et le poste de secrétaire général ou de coordonnateur national est supprimé dans les instances du parti.

C'est un directoire qui a été mis en place, comprenant, entre autres, un chargé de la vie politique, un chargé des relations publiques etc. "Le 28 mai dernier, M. Sall avait participé au dialogue national sans mon aval. Qu'il  ne soit pas surpris des sanctions qui  seraient prises", avait  annoncé la personne morale du parti, Serigne Cheikh Moustapha Sy.

Le vendredi 22 novembre 2019, par un communiqué signé par Me Abdoulaye Wade,  le Secrétaire général national du Pds dit constater «la démission de fait» de l’ancien coordonnateur national du parti, Oumar Sarr. Me Abdoulaye Wade accuse Oumar Sarr de poser des actes qui sont contraires à la volonté et à la ligne de l’ancien parti au Pouvoir (2000-2012).

Un vent de rébellion souffle dans le PDS. Les frondeurs à savoir Oumar Sarr, Maitre Amadou Sall et compagnie lancent le Suxxali Soppi. Ils se réclament du PDS authentique. 

Du côté de la mouvance présidentielle et du PDS le vent de rapprochement souffle et les retrouvailles s'annoncent entre le père et son fils. 

 

Inauguration de Massalikoul Jinaan, retrouvailles entre Wade & Macky, ou  le triomphe du Khalife général des mourides.

 

 

Le  vendredi 27 septembre 2019, un jour spécial et doublement solennel, qui restera très  longtemps gravé dans l'histoire politique et religieuse du Sénégal.

À Colobane est inaugurée la mosquée Massalalikoul Jinaan.  

Construite sur 6 ha et d’un coût de plus 20 milliards F Cfa, les fidèles accourus de toutes les contrées du pays, qui trépignaient d’impatience, pour rallier la capitale sénégalaise afin d'assister à la prière de 14 h.

Une journée remplie d'histoires.

En effet, le Khalife général des Mourides a désamorcé une tension vieille de plusieurs années entre l’ancien Président Abdoulaye Wade et son successeur à la tête du Sénégal Macky Sall. Après avoir effectué la prière du vendredi, entre les deux hommes, Serigne Mountakha les a reçus en privé dans une pièce de la Grande mosquée Massalikoul Jinaan.

À leur sortie, Wade a tenu Macky Sall dans la main. Les deux sont sortis ensemble après leurs échanges avec le saint homme. Wade et Macky ont embarqué dans le même véhicule pour se rendre chez le "Pape du Sopi". 

Les images font le tour du monde et alimentent  pendant  quelques jours les débats dans les médias et les places publiques.

Comme cela ne suffisait pas, le chef de l'État  Macky Sall frappe encore fort en signant le dimanche 29 septembre, le décret de remise totale de peines pour le plus célèbre  prisonnier de son temps Khalifa Ababacar Sall. Une grâce présidentielle très polémique. Car le concerné dit n'avoir pas demandé de grâce. 

Cependant  la classe politique salue une volonté de décrispation de la scène politique du pays.

"La libération de Khalifa Ababacar Sall est un acte historique pour le renforcement de la cohésion nationale et la consolidation de la paix sociale dans notre pays.

C’est aussi une victoire des libertés et de la démocratie », salue Malick Gakou, président du Grand parti (opposition).

"Cette décision montre que le président de la République a compris que la paix et la stabilité sociale dans un pays n’ont pas de prix", soutient pour sa part Déthié Fall, député à l’Assemblée et vice-président du parti Rewmi.

Du côté de la mouvance présidentielle, l'on salue la victoire et le courage du président  Macky Sall.

"L’alliance pour la République  (APR) se félicite de cette décision courageuse et républicaine qui s’inscrit dans la (…) décrispation et la consolidation de la paix sociale », avait  soutenu le parti présidentiel dans un communiqué.

Le temps passe, les événements  se succèdent, le dialogue commence. Le consensus trouvé autour de la personne de  Famara Ibrahima Sagna.

 

Famara Ibrahima  Sagna ou  le consensus

 

De son élan de poursuivre son appel au dialogue, le président  Macky Sall accède à la demande de l'opposition c'est à dire la nomination d'une personnalité neutre pour conduire le dialogue.

Famara Ibrahima Sagna ou le consensus des acteurs du dialogue est nommé par le décret  2019-1110, comme président du comité de pilotage chargé de conduire le dialogue national.

Homme d’Etat, Administrateur Civil Honoraire, Analyste Financier, Ancien DG de Banque, Président Honoraire du Conseil Économique et Social, l’ancien ministre de l’Intérieur (du 27 mars 1990 au 8 avril 1991) sous le règne du président Abdou Diouf, Famara Ibrahima Sagna, est un multitâches qui aura la lourde  responsabilité de diriger le dialogue politique dans le cadre de la Concertation nationale ouverte le 27 Mai 2019 au Palais de la République.

 

Report consécutif des élections locales, le non respect du calendrier républicain 

 

L'année  2019 est également marquée par le report des élections locales.

Initialement prévues en juin 2019, après deux reports consécutifs, les élections municipales et départementales devraient avoir lieu "au plus tard le 28 mars 2021", renseigne le texte du gouvernement soumis à l’Assemblée nationale et voté en séance plénière, sous le régime de la procédure d'urgence défendu par le ministre de l'intérieur.

Tout pour dire que  l'année  2019 a été  très  riches en soubresauts politiques, et d'importants  événements  historiques  ont rythmé  le quotidien des citoyens, tout comme  les acteurs politiques témoins oculaires des faits devant nos projecteurs et micros.

Mardi 24 Décembre 2019




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