Real de Madrid Bayern : Munich l’opposition rêvée entre deux habituées de la ligue des champions


Real de Madrid Bayern : Munich l’opposition rêvée entre deux habituées de la ligue des champions
Le club de Madrid reçoit celui de Munich ce soir en demi-finale de Ligue des Champions. Tactiquement, ce match s'annonce passionnant. Deux équipes qui peuvent faire le triplé cette saison, et deux entraîneurs qui peuvent remporter une troisième Ligue des Champions. La demi-finale entre le  Real Madrid et le Bayern Munich déborde d’histoires et de monstres. Elle réunit deux clubs aux trajectoires liées à la Coupe d’Europe. Le Real pourrait remporter sa dixième coupe aux grandes oreilles, le Bayern sa sixième, et la deuxième de suite, un exploit jamais réalisé depuis l’AC Milan d’Arrigo Sacchi en 1989 et 1990. Une équipe où figurait Carlo Ancelotti.
Destins croisés
Sacchi avait réinventé le football à son époque. Un 4-4-2 qui sublimait le pressing et rendait muet les adversaires en s’amusant avec la règle du hors-jeu. Ancelotti et Guardiola ont eux aussi leurs héritages tactiques. L’Italien est un expert des joutes européennes, lui qui a gagné une Ligue des Champions aux tirs au but en 2003 avant d’en perdre une autre deux ans plus tard de la même manière, malgré une première période terminée à 3-0. Sous sa direction, les Rossoneri étaient souvent en retard en Serie A, mais toujours présents en C1. Les Milanais existaient autour d’Andrea Pirlo, meneur de jeu replacé devant la défense par Carlo Mazzone, lorsque le désormais turinois jouait à Brescia. Pirlo ne changea plus jamais de poste. À ses côtés en rouge et noir, Gattuso harcelait les chevilles qui ne portaient pas les mêmes chaussettes et Seedorf apportait cette polyvalence qui l’a toujours empêché d’être clairement défini. Il était sans doute un 8, quelque part entre sa fantastique frappe de balle et sa sérénité qui jurait presque avec cette puissance. Avant tout, Milan était une formation de milieux, parfois en 4-3-2-1 avec Pirlo, Kaka et Rui Costa, trois artistes qui à des époques distinctes, ont revêtu le numéro 10.
L’AC Milan des années 2000 avait un style qui aurait parfaitement accueilli Pep Guardiola le joueur. Le Catalan a vu sa fin de carrière gâchée par des blessures et l’évolution du football vers une dimension plus physique, symbolisée par le succès de Claude Makélélé à Madrid et à Chelsea. Le football réclamait alors un récupérateur pur, un gratteur de ballons infatigable. Guardiola était l’inverse, trop passeur pour être crédible. Un avant-goût de Busquets et de Xavi, simplement né trop tôt pour survivre une fois passée la trentaine. Guardiola, comme Redondo, resta un joueur des nineties, adoré mais démodé le temps de quelques années. Le temps de passer sur le bord du terrain. Inspiré par Bielsa, La Volpe ou Cruyff en tant que technicien, Guardiola a soigné son passé en changeant le présent. Coach le plus influent tactiquement au 21ème siècle, il accumule fréquemment six ou sept milieux dans son onze de départ. Guardiola est obsessionnel. Il veut le ballon. Surtout, il ne veut pas que l’adversaire en dispose. Son Barça confisquait le cuir. Son Bayern manoeuvre selon les mêmes principes. Les Munichois affichent une possession moyenne de 71% en championnat (69% en Ligue des Champions), un pourcentage qui dépasse celui de son ancienne équipe.
Dans sa biographie, Andrea Pirlo raconte le soir de 2011 où Pep Guardiola le convoqua dans son bureau, et lui dit qu’il fallait qu’il vienne au Barça. “Je veux t’entraîner” expliqua l’Espagnol à l’Italien. Comme si Guardiola avait voulu entraîner une autre version de lui-même, réparer les erreurs de sa propre histoire. L’Italien opta finalement pour la Juventus. Ce soir, le Catalan affronte un homme, un autre ancien milieu, qui confia son système à Pirlo et le fit briller. Deux coachs dont le parcours indique une fascination pour les milieux de terrain s’opposent dans un match qui pourrait être jugé sur les ailes, là où ni Ancelotti ni Guardiola n’avaient l’habitude de s’aventurer.
 
Mercredi 23 Avril 2014




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