Primauté de la Patrie sur le parti : Des partisans de Siré Dia ont osé violer cette loi sacrée


Le slogan, « La patrie avant le Parti », qui était en honneur au nadir du régime de Macky Sall, est malmené, ces derniers temps, par ceux-là mêmes qui devraient être les premiers à le défendre et à l’illustrer par un mécanisme de dialectique règlementaire.

En clair, des militants de l’Alliance pour la République officiant à La Poste, regroupés en comité d’entreprise, suite aux attaques supposées des syndicalistes de la boite contre M. Siré Dia, ont porté hier leurs toges marron-beige pour défendre leur patron.

L’usage et le Droit voudraient que la direction générale soit l’interlocutrice du syndicat, dont la zone de compétence transcende les sensibilités politiques des uns et des autres. Même à l’époque de l’affiliation de la Cnts de feu Madia Diop au Parti socialiste on n’a pas assisté à pareille incongruité, qui ferait se réveiller de sa tombe Léopold Sédar Senghor, à la mystique d’Etat qui passe pour proverbe.    

Et dire que cet empiètement du politique sur le champ étatique n’est pas une première à quelques encablures d’un célèbre rond-point de la Médina. En mars 2017, un certain Lamine Gaye qui émarge à La Poste, se présentant comme le président d’un mouvement de soutien à l’action de Siré Dia avec qui il ne s’entendait plus, a fait une sortie dans la presse pour alerter l’opinion parce que, selon ses dires, le directeur général avait menacé de l’affecter à Ourossogui pour des raisons extra-professionnelles. Cette menace a produit l’effet escompté car, entretemps, les relations sont redevenues normales entre Siré Dia et Gaye, qui a failli être emporté par son rapprochement avec le nommé Pape Dièye, l’autre rival du DG à Thiès.

Suprême sacrilège ! En mai 2017, le directeur général de La poste a utilisé l’entête de cette boite pour communiquer sur des activités de l’antenne thiessoise de l’Alliance pour la République. Cela, suite aux incidents qui s’étaient produits le trois de ce mois-là à la Permanence départementale dudit parti. L’affaire avait défrayé la chronique.

Toutes choses qui nous emmènent à déduire que nous sommes devant des cas de dédoublement fonctionnel qui enfoncent Siré Dia. Et pour cause, celui-ci, à travers le prisme déformant de ses détracteurs, est souvent accusé de gestion politicienne de La Poste.

L’autre illustration tangible de ce monolithisme d’Etat rampant porte la marque de Cheikh Kanté, le « baye-Fall » autoproclamé du président de la République. Au lendemain de son départ, des travailleurs du Port autonome de Dakar, pour la plupart originaires de Fatick, se prévalant uniquement de leur qualité de « militants de la première » du parti au pouvoir, ont reproché au nouveau directeur général Aboubacar Sadikh Bèye d’avoir cassé leurs contrats. Exciperaient-ils de la non-conformité de cette mesure aux lois en vigueur, personne ne trouverait à redire ; mais de là à en vouloir à M. Bèye d’avoir agi suivant une logique d’efficacité et d’efficience sans considération partisane, il y a une ligne rouge qui est franchie. Comme pour enfoncer un coin dans l’arc, des informations ont été, par ricochet, publiées révélant que d’autres pontes de l’Apr ont fait recruter leurs protégés par Cheikh Kanté suivant le même canal.

En définitive, le chef de l’Etat qui, de par son statut, incarne « le processus historique de dissociation entre l’idée abstraite d’Etat et les personnes physiques qui composent celui-ci» doit, pour avoir théorisé une « Rupture » copernicienne, tirer la sonnette d’alarme en rappelant à certains de ses compagnons qu’autres temps, autres mœurs, la politisation de certaines sociétés publiques, caractéristique de la gestion du régime de Wade, n’offre pas une image reluisante du sien propre.
Vendredi 24 Novembre 2017
Dakar actu




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