Pour comprendre les faits, il faut remonter à la date de ce vendredi 04 décembre 2020, où les mis en cause ont voulu organiser une marche partant de la place de l'Obélisque à la préfecture. Ce, pour dénoncer les accords de pêche signés par l'État du Sénégal avec les pays étrangers ainsi que le chômage des jeunes. Et, ce n'est que le lundi 07 décembre 2020, qu'ils ont été placés sous mandat de dépôt.
El Hadj Mar Diagne, commerçant domicilié à Cambérène, à qui il est reproché l'organisation d’une manifestation non autorisée et outrage à agent, conteste. "J’ai été arrêté à la place de l’Indépendance. On allait déposer une lettre à la préfecture. C’est juste à mon arrivée que j’ai été interpellé. C’était un vendredi. Le préfet a interdit la marche à la dernière minute. Quand j’ai remarqué la présence de la police au seuil de la préfecture, j’ai fait demi-tour et j’ai conseillé aux autres de se replier", clame-t-il.
Concernant le chef d’outrage qui lui est reproché, le Sieur Diagne a expliqué au tribunal qu’il a trouvé curieux le fait qu’ils soient arrêtés juste à cause d’une lettre qu’ils voulaient déposer. À l’enquête préliminaire, El Mar Diagne avait refusé de répondre aux questions des enquêteurs. Le policier nous a bousculé et nous sommes tombés alors qu’on était assis sur le banc. Une situation qui m'a fait sortir de mes gonds.
Devant la barre, le prévenu a déclaré que c’est leur conseil qui leur a dit de ne répondre à aucune question, car leur détention est arbitraire.
La juge au mis en cause : " Si vous aviez déposé la lettre sans tambour ni trompette, vous n’alliez pas vous retrouver ici. Quand vous faites quelque chose, il faut assumer."
Selon le juge, les prévenus étaient en groupe. Et, ils étaient dans les dispositions de stopper le cortège présidentiel. Il a été repéré à hauteur de la banque de Dakar.
Poursuivis pour organisation d’une manifestation non autorisée, Pape Abdoulaye Touré, né en 1997 étudiant célibataire, a été appréhendé aux alentours de la préfecture, non loin du palais de la République et de la gouvernance. Il a déclaré devant la barre : "Quand notre manifestation a été interdite, nous nous sommes dit que nous n’allons pas braver l’interdit et qu’on va introduire une autre demande. El Hadj Mar Diagne est arrivé avant nous, car il était en scooter. Les autres et moi étions à bord d’un taxi. La lettre concerne le collectif citoyen Nio Lank. C’était pour dénoncer les accords de pêche, le chômage etc", a-t-il expliqué.
Il poursuit : "Le même jour de l’interdiction de la marche, on a décidé d’introduire une autre demande, pour respecter les jours francs. On ne se doutait pas qu’en étant quatre personnes, on allait inquiéter les policiers".
Contestant les mêmes faits qui leur sont reprochés, Thierno Mouhamed Sall né en 1988, commerçant domicilié à Thiès, a déclaré devant le prétoire qu'ils étaient seulement partis là-bas pour déposer une lettre d’information. Et, c'est par la suite qu' un adjudant qui nous connait très bien a alerté ses collègues.
Malick Biaye né en 1994, étudiant, poursuivi pour organisation d'une manifestation non autorisée, corrobore les allégations de ses co-prévenus.
Convaincu de la culpabilité des prévenus, le parquet a fait savoir que le mis en cause Mar Diagne a tenu des propos outrageants à l’encontre des agents. Sur ce, il requiert trois mois d’emprisonnement ferme et application de la loi en ce qui concerne les autres prévenus.
Quant à la défense, la marche était prévue pour le vendredi 11 décembre. C’est parce qu’on les reconnaît que les policiers ont pensé qu’ils sont prêts à poser des actes. Ainsi, la défense demande au juge de renvoyer les prévenus des fins de la poursuite pour organisation d’une marche non autorisée.
Pour le chef d’outrage qui est retenu contre Mar Diagne, Me Senghor a signalé au tribunal que les forces de l’ordre n’ont pas le droit de violenter les citoyens. Il a subi une violence et il l’a dit au commissaire, on le charge à tort.
Pour Me Khoureychi Ba, les policiers ont violé la loi, car ils étaient tenus d’auditionner les jeunes à l’instant. Il y a un groupuscule de flics qui aiment torturer les gens. Ils ont attendu 28h avant de les auditionner. Ils ont même voulu se battre pour l’indépendance de la justice. Ils se battent pour vous, il faut leur renvoyer l’ascenseur. La robe noire ajoute qu'ils disent qu’ils ont reçu des renseignements qu’ils voulaient saboter le cortège présidentiel. Ce n’est pas vrai. Ce jour-là, c’était un jour de deuil. La nation rendait hommage à Pape Bouba Diop. Ces jeunes avaient d’autres préoccupations.
Finalement, le tribunal après en avoir délibéré, a relaxé les prévenus au bénéfice du doute.
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