Portrait de la semaine: Moustapha Diakhaté, le Menhir libéral

DAKARACTU.COM  Moustapha Diakhaté est un cas dans le landernau politique sénégalais, surtout dans la mouvance issue bon gré mal gré du Pds. Voilà un homme qui s’est montré lors du règne de Wade sans concession par rapport aux idéaux qui avaient mené le Sénégal à l’Alternance en 2000. Il s’est toujours positionné comme le gardien du temple de la lutte qui a fait partir les socialistes après 40 ans de pouvoir. Il crée Waccock Alternance pour en être la vigie et celui qui toujours rappellera, à ceux qui se donnaient quelques libertés avec les idéaux de cette alternance, qu’ils s’éloignaient du chemin. Il a la démission facile et sincère, cet homme qui vit simplement dans un quartier populaire de Dakar, d’un commerce facile et souriant, et qui porté à la présidence de la République par un Wade au plus fort de son pouvoir, ne craint pas de claquer la porte de son bureau de conseiller pour incompatibilité d’humeur avec le dieu des couloirs de l’époque, Karim Wade himself. Sa dignité et sa foi de talibé mouride chevillée au corps l’empêchent viscéralement de se « coucher » devant quelqu’un d’autre que son marabout et encore ! Il remet Wade à sa place lorsque des décisions sont prises par lui n’étant pas passées par les organes et les instances du parti. Dix années durant, il demandera vainement la tenue d’un congrès du Pds, auquel il reprochait son côté stalinien, ne fonctionnant que sur ordres de son secrétaire général. Il quitte le Pds lorsque Macky Sall démissionne de celui-ci et ne le quittera plus. Moustapha Diakhaté n’est toujours pas homme à se dédire et lorsque Macky Sall est élu, nul ne l’aperçoit du côté du Radisson où les « dividendistes » du combat présidentiel gagné se faisaient voir en quête d’un poste ou de retour sur investissement. Il n’est pas de cette trempe et Macky Sall s’en rend compte très vite lorsque, poussée par certains de ses politiciens professionnels, l’Apr se met à rêver à haute voix d’un mandat de sept ans et à légitimer constitutionnellement un nouveau Wax Waxeet. Il met sa démission dans la balance au cas où Macky renoncerait à cette promesse. Il est devenu député en allant se battre sur les départementales, celles où il ne faut pas se planquer mais convaincre un électorat. Moustapha Diakhaté est un homme que tout président se doit d’avoir comme conseiller. Car, c’est plus fort que lui, il lui dira toujours la vérité, dût-il en perdre son poste et sa station, mais jamais sa posture droite et fière d’allure. Cet homme étonnera dans les travées d’une Assemblée nationale qui gagnerait à l’avoir comme aiguillon, car il sait marier et la solennité et l’irrévérence, ce qui le fait toujours rester dans les singulières et rares limites de la pertinence.