Poids économique et valeur du tourisme dans un pays comme le Sénégal

Demain est un nouveau jour pour le Sénégal ! Je l’espère aussi pour le tourisme au grand bénéfice de notre économie. La déclaration de politique générale du Chef du gouvernement, nous donne l’occasion de rappeler l’importance du tourisme, dans une économie émergente. Et d’appeler à la responsabilité des économistes, des financiers, des politiques, et de la société civile à s’imprégner davantage du rôle extrêmement important du tourisme et de le défendre partout.Je nous invite à partager ces données encourageantes du tourisme, fournies par l’OMT l’organisation Mondiale du Tourisme et l’IATA, l’organe Internationale du Transport Aérien, pour restituer à notre tourisme, son importance, sa vitalité et sa place dans notre développement économique et social.


Poids économique et  valeur du tourisme dans un pays comme le Sénégal
Monsieur Le Premier Ministre, les destinations sont toujours plus nombreuses à travers le monde à s’ouvrir au tourisme et à investir dans ce secteur, de même que plusieurs entreprises qui doivent leur existence grâce au tourisme, qui s’est converti en ressort essentiel du progrès socio-économique de par ses retombées sous forme de recettes d’exportation, de développement des infrastructures, de création de richesses, d’emplois et d’entreprises
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Quel éclatant Constat !
- Au cours des soixante dernières années, le tourisme n’a cessé de croître et de se diversifier. C’est devenu l’un des plus gros secteurs économiques et à plus forte croissance dans le monde.
- On a vu apparaître dans le monde, beaucoup de nouvelles destinations en plus des destinations de prédilection traditionnelles d’Europe et d’Amérique du Nord et plus d’attention apportée à ce secteur par les investisseurs, et les gouvernements.
- En dépit de soubresauts sporadiques, les arrivées de touristes internationaux ont toujours connu, une croissance quasiment ininterrompue, de 1950 à nos jours.
- De 25 millions en 1950, elles sont passées à 278 millions en 1980 puis à 528 millions en 1995 avant d’atteindre 1 milliard 87 millions en 2013.

- L’augmentation du trafic aérien dans le monde, s’est poursuivi avec le boom du tourisme et crée la mise en place de charters, de vols spéciaux et plus tard, des Low Cost. Selon (IATA) l’Association internationale de transport aérien, le trafic des passagers poursuivi sa progression annuelle dans le monde avec un taux d’occupation des appareils de 80,3%. La contribution du secteur des voyages et du tourisme à l'économie mondiale a encore progressé en 2013. Le taux de croissance des recettes a suivi celui des arrivées de touristes internationaux, ce qui montre une constante progression des dépenses touristiques. Par conséquent, le tourisme est et reste la première économie mondiale, malgré les crises économiques. Sa transversalité et son apport dans les produits intérieurs bruts des pays lui confère une place de priorité dans les économies. Il est difficile dés lors de comprendre pourquoi au Sénégal le tourisme n’est pas une priorité qu’il convient de soutenir et de surveiller et d’améliorer.

Voici les chiffres du tourisme mondial en 2013 : 1,087 milliard de voyageurs/ touristes ; 7.000 milliards de dollars à l'économie de la planète ; 1.400 milliards de dollars en exportations ; 9 % du PIB (Direct, Indirect et Induit) ; 6% de taux de croissance ; 6 % des exportations mondiales ; 29% des exportations de service ; 266 millions de personnes employée soit 1 emploi sur 11 dans le monde (OMT-Faits saillants 2014)
Le tourisme fait mieux que le pétrole, le gaz, les métaux précieux, (l’or, le diamant, le cuivre), l’armement, l’aéronautique, l’agroalimentaire, la pêche etc… Compte tenu de tous ces paramètres, le Sénégal doit affirmer sa volonté politique du tourisme et la porter comme la principale priorité.

Comparons l’Espagne et la France, pour mieux voir et comprendre l’importance du tourisme sous deux angles d’approches différentes.

1. Espagne : Le tourisme est l'une des premières activités économiques de l'Espagne : le secteur a représenté en 2012 10,9% du PIB et fourni 11,9% des emplois… Données macroéconomiques
2. La France : Avec plus de 83 millions de visiteurs étrangers, la France du tourisme belle, attractive et dynamique l’est grâce à une forte volonté politique et une densité PME de 240 000 Entreprises et Sociétés créatives ouvertes sur le monde. La France est riche de 39 sites classés au patrimoine mondial de l'Unesco, plus de 8 000 musées, 45 000 monuments historiques classés ou inscrits, des milliers d’infrastructures pour accueillir des festivals en tous genres, des colloques et des conférences en tous lieux, génératrice d’importantes recettes plus de 42 milliards d’Euros : 7 % du PIB et une balance commerciale excédentaire de plus de 15 milliards d'euros… Données basées sur le potentiel et l’importance des infrastructures et des entreprises dédiées au tourisme et enfin les recettes générées.

Le Sénégal : le tourisme veut s’affirmer comme un levier majeur de notre économie nationale après l’agriculture, et contribue pour près de 7% au PIB. Les arrivées touristiques de 2012 ont généré des recettes estimées à 362 milliards de FCFA, avec un taux d’occupation lits de 35% et une forte saisonnalité. Le nombre d’arrivée est différemment apprécié et plusieurs sources indiquent une fourchette entre 600 mille et 9OO mille touristes Les dernières études sur les données touristique au Sénégal, datant de 2003 avaient estimé la contribution du tourisme à 6,8% du PIB et la création de près de 100 000 emplois directs et indirects. (Source ministère du tourisme)

Dans le cadre du plan Sénégal-Emergent, le tourisme est identifié comme un secteur prioritaire, placé comme tête de la grappe Tourisme, Industrie Culturelle et Artisanat d’Art (TICAA), avec un objectif stratégique de développer le micro tourisme. Dans cette Stratégie Nationale, l’objectif est d’atteindre 1,5 millions de touristes en 2016 pour accroître de façon significatif sa contribution au développement économique et social. Mais au plan opérationnel aucune stratégie n’est indiquée, si nous savons que 1,5 millions de touristes c’est 125 OOO touristes par mois soit 4167 touristes par jour. Notre capacité globale d’hébergement toutes catégories confondues (dans une répartition très inégale) fait moins de 21 000 lits pour 320 hôtels. Quel est le gap à combler et combien pour le type de tourisme de loisirs, le balnéaire etc... Qui ne font pas courir du monde face à la vétusté et à la dégradation continue de l’environnement et du cadre de vie des touristes. C’est une lourde machine, une logistique qui fait environ 12 Airbus de 350 places, ou 9 Airbus de 500 places par jour et sans arrêt

- le Sénégal, dans son volet tourisme, du plan Sénégal émergent a une ambition stratégique qui porte sur la promotion de la création de micro entreprises touristiques, avec des objectifs opérationnels par la mise en place d’un fonds d’impulsion prévu au plus tard en fin 2014, la création de 4 incubateurs micro touristiques et la formation de 750 micro entrepreneurs touristiques d’ici la fin 2015. Au regard de cette volonté politique face à la réalité du terrain et de la commande extérieure, l’on est tenté de dire que notre programme/ priorité reste ambigüe et qu’il faille revoir notre stratégie, à moins de dérouler à la fois les programmes du PSE tout en continuant la mise à niveau de notre tourisme par des mécanismes structurants qui permettront de mettre en wagon le micro tourisme sur la locomotive du secteur touristique.

Autre aspect du plan Sénégal émergent, on note une absence de coordination et de cohérence sur les stratégies. Tantôt c’est le tourisme de luxe, avec les aménagements de nouveaux sites Mbodiéne, joal finio, Pointe saréne, tantôt c’est le micro tourisme et la formation, sans qu’il y ait un plan opérationnel de mise en œuvre avec un chronogramme d’exécution précise dans les réalisations. Qui sont les investisseurs, quels sont les entreprises, quels sont les moyens etc…

Les réalités du terrain et autres obstacles du moment : le Sénégal doit changer de concept économique

• Le Sénégal vit un tourisme par procuration avec la majeure partie des pays émetteurs. • La faiblesse de l’investissement est un obstacle à lever pour accélérer le développement du tourisme. C’est l’investissement qui crée la croissance et le secteur du tourisme est très gourmand en investissement, rarement non productif. Ils sont les plus rentables. • L’insuffisance ou l’absence de contrats de destinations, aux contrats de performances pour marquer notre territoire • L’absence de politique de transport fluvial touristique. C’est un axe mal exploité en dépit de son caractère important • La pression fiscale et douanière sur le tourisme est un désavantage. La charge fiscale ne doit pas déstabiliser l’équilibre de la destination. • Le manque de vision sur Comment intégrer dans la promotion de la destination la cuisine sénégalaise qui est une vitrine du tourisme, qui ouvre une fenêtre sur le Sénégal depuis l’extérieur. • Le manque de formation de promotion, de bien-être du personnel, et l’inadaptation des outils de travail, de gestion dont dispose le secteur hôtelier.

Les pistes et les solutions formulées et attendues du gouvernement devront permettre d'atteindre les cibles fixées au Plan stratégique de développement durable du touristique (PSDT 2014/2018). Qui reste cependant à améliorer et à réajuster. L'objectif étant à la fois d’harmoniser les positions dans l’exécution des tâches par le partage, mais également d'atteindre une croissance annuelle des recettes touristiques. Pour faciliter les consultations avec l'ensemble des partenaires, le Ministère devra crée un consensus autour des problématiques majeurs sous la direction du Conseil national du tourisme (CNT) pour que le public et le privé et tous les partenaires puissent avoir les mêmes référentiels de lecture du tableau de bord. Nous attendons beaucoup de cette déclaration de politique générale, plus de fermeté, plus de moyens, plus d’orientation et de rigueur dans la politique touristique. Il faut changer de concept économique.

Mouhamed Faouzou DEME
Lundi 10 Novembre 2014
Mouhamed Faouzou DEME




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