Pillage forêt casamançaise : les autorités gambiennes indexées, 40.000 m3 de bois coupés en 2014


10.000 hectares de forêt ont été coupés par des entreprises chinoises, et cela en complicité avec les exploitants sénégalais et les autorités gambiennes, a révélé Haïdar El Ali, écologiste et patron de « Océanium ». « Au quotidien, sur le terrain, nous voyons des centaines de charrettes et de voitures qui traversent avec des autorisations bidons et qui pillent la forêt », a-t-il regretté lors d’une conférence de presse sur le trafic de bois entre la Casamance et la Gambie, tenue à l'Institut Goethe.

« Aucune autorisation ne peut permettre de tuer un arbre de vène qui est vivant. Et au quotidien, le trafic est là et aujourd’hui hélas, nous n’avons plus le temps. Vous avez vu sur la carte filmée par les satellites, 10.000 hectares coupés. Il nous reste encore 30.000 hectares. L’heure est grave. Il faut qu’on se réveille », tonne-t-il, ajoutant qu’« avec trois pick-up, une autorisation en main, en trois mois, je règle cette question et nous atteindrons bientôt le seuil de non-retour qui voudra dire que quoi que nous fassions, il sera trop tard », alertera l’ancien ministre de l’Environnement sénégalais.

Les responsabilités sont à la fois gambiennes et sénégalaises, dira-t-il. « Les autorités gambiennes délivrent un quitus pour dire que ce bois est gambien et l’exportent « légalement » alors que ce bois vient « du sang de notre forêt », s’est-il étranglé de colère. Et de poursuivre : «L’autorité gambienne est fautive dans la mesure où elle permet à la société Westwood d’exporter le bois sénégalais contre le paiement d’une taxe de 3000 dollars par camion. Je pense qu’en encaissant cet argent, elle est complice ». Les trafiquants sénégalais aussi en ont eu pour leur grade. « Ce sont des lobbies très puissants qui sont capables de mobiliser des médias », indique M. Haïdar. « Vous l’avez vu, quand j’étais ministre de l’Environnement, tous les médias m’attaquaient comme quoi j’étais un trafiquant de bois. Ils ont le pouvoir de l’argent, ils ont des autorisations qui sont fausses. Les exploitants sénégalais sont directement impliqués. Vous avez tous suivi l’agression que je subissais. En 2011 et 2012, c’est plus de 100.000 mètres cubes de bois qui étaient coupés et 40.000 en 2013 et 2014. Il y a eu une baisse parce que justement, le ministère était très présent sur le terrain ». Selon Ali Haïdar : « trois pick-up et une autorisation me demandant de mettre un terme à cela, et le problème sera réglé ».
Jeudi 26 Mai 2016




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