«Pièces non communiquées» à la cour et aux conseils des prévenus : Ces nouveaux documents du Parquet spécial qui irritent la défense

Les avocats de Karim Meissa Wade ont encore manifesté leur mécontentement à l’endroit du Parquet spécial. Ils ont attiré l’attention de la Crei pour qu’elle puisse intercéder en leur faveur. Ainsi, la défense a exprimé son ras-le-bol par rapport aux «pièces non communiquées» et exploitées par le substitut du Procureur spécial.


«Pièces non communiquées» à la cour et aux conseils des prévenus : Ces nouveaux documents du Parquet spécial qui irritent la défense

«Ce Parquet spécial, je le combattrai jusqu’au bout», tels sont les propos tenus par Me Pape Dialy Kane à l’endroit du Parquet spécial. Selon lui, il n’est pas concevable que le Procureur spécial Alioune Ndao ainsi que son substitut Antoine Diome brandissent à tout bout de champ des pièces sans pour autant que la cour et les avocats de la défense ne puissent en disposer au préalable. Toutefois, précise-t-il, des pièces nouvelles peuvent être communiquées et discutées à toute étape du procès. Son collègue de la défense, Me Demba Ciré Bathily a abondé dans le même sens. Il a qualifié la démarche du Parquet d’«extrêmement grave» et «déloyale». Il ironise même en soutenant que Antoine Diome  «se croit être dans un château magique pour se permettre de brandir des pièces sans avoir à les présenter d’avance à la cour». 


Cette ire de la défense est née après que le substitut du Procureur spécial a brandi un document qui n’était pas à la connaissance de Alioune Samba Diassé et des avocats chargés de sa défense. Il s’agit d’une lettre rédigée en anglais et signée par le prévenu en qualité de directeur général de Abs Corporate où il dit n’avoir été qu’un directeur commercial. Antoine Diome, lui aussi, exhibe une facture de même nature. Suffisant pour que l’un des avocats de M. Diassé saute de sa chaise. Me Ousmane Sèye tonne que son client a été un mandataire.

Pour les conseils de Wade-fils, le Parquet ne peut en aucun cas avoir recours à des pièces non mentionnées et non cotées dans le dossier Karim Wade qui fait 47 000 pages. Et de renchérir que le combat judiciaire n’est pas «une guerre de tranchées». «Nous ne sommes pas là pour contempler nos clients mais pour les assister», martèle Me Seydou Diagne.

Cependant, le président de la cour n’est pas resté insensible à ces observations de la défense. Il a tenté de rassurer en rappelant que «si le document n’est pas communiqué à la cour, il sera purement et simplement écarté». Une affirmation que le substitut du Procureur spécial, Antoine Diome, n’a voulu gober. A cet effet, il cite l’article 414 alinéa 2 du Code de procédure pénale qui prévoit, selon lui, «qu’en tout état de cause, le Parquet, pour renforcer ces preuves, a le droit de faire recours à des pièces qui n’émanent ni de la commission d’instruction ni des enquêtes préliminaires». 
Cet argument est balayé d’un revers de la main par Me Madické Niang. Ce dernier estime que «si la pièce n’est pas communiquée, elle perd sa crédibilité». 

Le Quotidien

Mercredi 17 Septembre 2014




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