Me Patricia Lake Diop n’est pas le seul témoin qui peut faire mal à Karim Wade. au contraire, les avocats de l’ancien ministre des transports terrestres et aériens devront faire face à un autre témoin dont l’interrogatoire devant la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) pourrait être très gênant pour leur client. on peut le présager à la suite des informations obtenues par libération et relatives à l’audition de Patrick Ady Williams, ami d’enfance de Karim Wade, devant les juges de la Commission d’instruction de la Crei (Ci-Crei). «lorsque je suis revenu à Dakar, c’est moi qui ai cherché à rencontrer Karim Wade en appelant sur son téléphone fixe et en y laissant plusieurs messages. un jour, il m’a fait appeler par son assistant, un certain Yves, pour me dire qu’il m’accordait un rendez-vous, un samedi, chez lui pour une rencontre de trente (30) minutes. lors de cette première rencontre, nous avons échangé sur des généralités, notamment sur les conditions de mon retour et égale- ment sur ses fonctions de conseiller du Président de la république».
Des sources autorisées renseignent que devant les juges, Williams qui a été interpellé sur les sociétés qu’il dirigeait a répondu : «A l’occasion des différentes rencontres que nous avons eues à propos de la constitution de sociétés, Karim Meissa Wade avait justifié leur création en invoquant le besoin de régler le problème des militants poli- tiques en précisant que, compte tenu de ses fonctions et qualités, il ne pouvait pas apparaître et avait par conséquent besoin d’hommes de confiance sur qui s’appuyer pour lui servir de prête nom. (...) les rencontres que nous avons tenues en présence de Patricia Lake Diop avaient pour objet la finalisation des projets de création des sociétés (...) lorsqu’à l’occasion de ces rencontres Karim Wade m’a fait ces propositions, j’ai compris, sans avoir fait l’objet de menaces quelconques, que je n’avais pas trop le choix». toutefois, poursuit-il, «j’ai tenu à lui dire qu’hormis les démarches administratives de la constitution de cette société, je ne prendrai aucun acte qui pouvait avoir des conséquences financières». n’empêche, Williams a tenu à préciser que lors de leurs rencontres professionnelles et privées, Karim Wade ne lui a pas donné des recommandations à propos du fonctionnement des sociétés ahs et shs. tout comme Karim Wade ne lui a jamais demandé de re- présenter la société shs aux réunions qu’il convoquait en sa qualité de ministre de tutelle.
Interpellé sur les sociétés atlantique Holding sa, atlantique groupe sa, Sénégal distribution presse, www.webdupays.net, istar immobilier sa, istar Capital sa, Cd Média Group, terra Vision sa et Shs, Williams a affirmé selon nos interlocuteurs : «Je connais ces sociétés pour avoir pris part au processus de leur création dans les conditions que je viens de décrire. en fait, mon rôle s’est limité à signer les actes notariés, portant statuts de ces sociétés. Je fais la précision que dans le même temps, on m’a fait signer des actes de cession de parts concernant ces mêmes sociétés (...). Hormis les rencontres à l’initiative de Karim Wade, je n’ai plus eu de contact avec me Patricia Lake Diop même si j’ai eu à lui écrire pour lui demander copie des actes que j’avais signés et dont copie ne m’a jamais été donnée. Je n’ai eu connaissance de l’identité de la personne qui a libéré les sommes nécessaires à la création de ces sociétés que lors de ma confrontation avec Karim Wade. C’est en ce moment seule- ment qu’il m’a révélé que cette personne est Victor Tendeng, chauffeur de Karim Meissa Wade».
Quid des bénéficiaires économiques de ces sociétés ? Williams enfonce le clou face aux juges instructeurs : «a mon avis, le véritable bénéficiaire économique de ces sociétés est la personne qui les a véritablement constituées et qui a versé les sommes nécessaires afférentes à leur constitution et qui n’est personne d’autre que Karim Wade ».
Tahibou Ndiaye et l’actuel directeur des domaines éclaboussés
Les juges se sont aussi intéressés aux baux de 5000 m2 et de 3000m2 octroyés à Istar immobilier au niveau du Hangar des pèlerins et sur la Vdn. «a l’instar des autres sociétés, je n’ai été à l’initiative de rien du tout. un jour, Karim Meissa Wade m’a appelé au téléphone pour me dire de me rapprocher de Tahibou Ndiaye dont il m’a communiqué le numéro de téléphone. Quand j’ai appelé Tahibou Ndiaye, il m’a mis en rapport avec monsieur Tall qui travaillait au premier étage de l’immeuble des impôts et Domaines sis à la Foire. Quand je suis allé voir ce dernier, il m’a mis en rapport avec le nommé Sidy Diakhaté (ndlr : actuel directeur des Domaines) qui m’a conduit auprès d’un agent chargé de rédiger les baux en lui précisant que c’était le dossier du ministre d’Etat. après la rédaction de ces baux, je les ai signés mais, j’ignore totalement les conditions dans lesquelles les sommes nécessaires au paiement des frais relatifs à ces baux ont été payées (...). après que Karim Wade m’a demandé d’aller voir Tahibou Ndiaye, je me suis immédiatement occupé de l’affaire et c’est environ dix (10) jours après que j’ai reçu un appel téléphonique de Elizabeth Dior Chavez, assistante de Karim Wade à l’immeuble Tamaro, qui m’a posé la question de savoir si je m’étais occupé de l’affaire. a cette occasion, elle m’a communiqué les références que je devais déposer au niveau des impôts et Domaines, notamment les numéros des titres fonciers».
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