« PANAMA PAPERS » : Les liaisons dangereuses de Papa Massata Diack

Le Fisc américain a coincé Papa Massata Diack dans les « Panama papers » avant d’adresser un signalement au parquet national financier français.


Libération est en mesure de révéler que le parquet national financier de Paris et le Fisc américain enquêtent sur des relations sulfureuses entre Papa Massata Diack et une société offshore répertoriées dans les « Panama papers ».
Il y a de cela quelques jours, Frankie Fredericks avait démissionné de son poste à l’instance faitière d’athlétisme (IAAF) où il était membre d’une task-force chargée de lutter contre le dopage à la suite des révélations du journal ‘’Le Monde’’.
Nos confrères écrivaient que le 2 octobre 2009, jour de l’élection de Rio pour les Jeux olympiques de 2016, Fredericks qui était membre du Comité international olympique (CIO) a reçu 300.000 dollars de Papa Massata Diack.
La Justice française soupçonne le fils de Lamine Diack d’avoir remis de fortes sommes d’argent à au moins six membres du CIO par l’entremise de Lamine Diack pour influencer le vote. Selon nos informations, la transmission de fonds entre Fredericks et Massata Diack a été découverte grâce à un signalement du Fisc américain. Au cœur de cette transaction, on retrouve une société offshore Yemi Limited montée au Panama et logée dans les Îles Seychelles. Cette société écran appartient à Fredericks et le versement en cause est venu de Dakar, plus précisément de Pamodzi Consulting, l’entreprise de Papa Massata Diack.
L’ancien athlète affirme que ce dernier lui a payé cette prestation dans le cadre d’un contrat signé en 2007 mais les enquêteurs français ont des éléments qui taillent en pièces les arguments du Namibien qui devrait être mis en examen dans les prochains jours.
D’autres signalements suspects ont été communiqués par le Fisc américain au parquet financier français.
Comme le révélait ‘’Le Monde’’, les enquêteurs savaient déjà que Black Tidings, une société-écran basée à Singapour, avait servi à virer 300 000 euros, le 27 mars 2014, vers le compte d’Igor Shobukhov, lorsque son épouse, Liliya Shobukhova, sachant qu’elle allait être sanctionnée, réclamait le remboursement de son argent.
‘’Le Monde’’ avait ensuite eu accès à de nouveaux documents qui montrent aussi que deux jours plus tôt, le 25 mars, Pamodzi Consulting SARL, une société liée à Papa Massata Diack, a effectué un vire- ment de 434 950 dollars (environ 315 000 euros selon le taux de change de l’époque) vers Black Tidings.
Nos confrères poursuivaient : « Le 5 août 2013, cinq jours avant le début des Mondiaux d’athlétisme à Moscou, Black Tidings effectue trois transferts pour un montant total de 750 000 dollars, dont un virement de 100 000 dollars vers un compte de Ian Tan Tong Han, un proche de PMD, et un autre de 350 000 dollars vers Sporting Age SUARL, une société basée à Dakar et dirigée par Assane Ba.
Pour les seules journées des 6 et 12 novembre 2013, 197 000 dollars ont été virés de Black Tidings vers PMD Consulting, et 20 000 dollars de la société singapourienne vers un compte personnel de Papa Massata Diack. Les liens financiers entre Black Tidings et PMD apparaissent donc multiples. »
D’après toujours le journal français, Papa Massata Diack pourra aussi s’expliquer sur ce virement de 500 000 dollars, le 21 février 2013, de Pamodzi Consulting SARL vers New Mills Investment Limited. « Cette société offshore, domiciliée à Saint-Christophe-et-Niévès, est une structure créée par la Compagnie monégasque de banque pour le compte de Valentin Balakhnichev.
Les enquêteurs devraient par ailleurs bientôt s’intéresser aux nombreux mouvements financiers entre certaines sociétés de PMD et les comptes bancaires de son père », écrivait nos confrères.
Et effectivement, les enquêteurs français ont découvert que Pamodzi a viré entre février et mai 2012, 300.000 euros dans un compte ouvert par Lamine Diack à Monaco. C’est dire que les choses ne s'arrangent pas pour les Diack.
Comme révélé, en marge de l’affaire de dopage impliquant des athlètes russes, le parquet financier français a ouvert quatre nouvelles enquêtes et une information judiciaire sur de nouveaux faits de corruption visant les Diack. L’information judiciaire vise les Jeux olympiques de Tokyo - une commission rogatoire française s’y est déjà rendue pour enquêter sur la somme de 1,7 million d’euros qu’aurait reçu Massata - alors que les enquêtes concernent les Jeux de Rio mais aussi les Mondiaux d’athlétisme à Londres, à Moscou (Russie) et à Doha (Qatar).
Massata a récemment brisé le silence pour soutenir que toutes ces procédures relevaient de l’acharnement.

Mardi 21 Mars 2017




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