OUI MONSIEUR, MAIS… Ou de l’approche authentique de l’obéissance de la femme envers son époux dans l’Islam. (Par Mai Mbacké Djamil)


Depuis la publication de mon article intitulé « Autrement féministe, idéalement musulmane », j’ai reçue beaucoup de réactions dont certaines positives à l’assertion c’est à dire à la nécessité de lever le voile d'errements et de mauvaises interprétations qui couvre les fondements islamiques portant sur la question féminine, comme d’autres, totalement contre qui sont à la limite contrariée de l’utilisation des mots « musulmane » et « féminisme » sur une même ligne.
Ces diverses interactions et répliques m’on démontrées que la question des femmes en Islam est assujettie à énormément de paramètres et qu’elle est attachée à un ensemble de stéréotypes qui faussent complètement l’essence de l’entendement que l’on devrait en avoir. Ceci m’a donc poussé à vouloir approfondir l’analyse en m’intéressant à ce qui pour moi, constitue le creux de la problématique à savoir l’acceptation et surtout la compréhension des principes de « soumission » et « d’obéissance » dans l’Islam mais plus particulièrement la relation que la femme doit entretenir avec ces derniers qui constituent des ponts dont une mauvaise conception altèrerait complètement l'interprétation des actes et la quête d’accomplissement spirituel de celle-ci.
 
D’abord et avant tout, je tiens à préciser que cette contribution n’est ni une plaidoirie féministe visant à remettre en cause la règle fondamentale et extrêmement importante de l’Islam à savoir l’obéissance de la femme aux recommandations de son tuteur légal, ni une tentative quelconque de justification de certains comportements interprétatifs d’idéologies occidentalistes, consuméristes et non conformes avec les principes séculiers de l’Islam visant à mettre à distance toute forme de pudeur, de chasteté et d’honneur des femmes afin de déconstruire l’éprit de la décence, de la probité et de la moralité pour ainsi légitimer celle de la turpitude, des bassesses et de la dépravation au détriment des bases vertueuses et valeureuses implantées par l’Islam.
 
Avant donc d’entamer la rédaction de cet article, je me suis lancée dans une prospection étymologique des termes « soumission » et « obéissance », leurs similitudes et bien sûr ce qui les oppose et j’ai trouvé très intéressante la différenciation qui est généralement faite entre ces deux notions à savoir la dissemblance dans l’intensité du sens mais surtout la distance entre la consciente maitrise de soi et par soi, dans l’un, et le total abandon de l’être et du corps dans l’autre.
Ceci m’amenant, dans mon intention d’aborder un sujet sur une relation « humaine » c’est à dire celle qui relie la femme à l’homme, à définitivement retirer la notion de « soumission » de mes assertions car les sources coraniques m’ont démontrées que ce principe n’est légitime que dans la relation que l’être humain entretien avec le Seigneur (swt) et c’est Dieu qui nous en édifie à travers sa parole céleste :
 
Dites : « Nous croyons en Allah et en ce qu'on nous a révélé, et en ce qu'on a fait descendre vers Abraham et Ismaël et Isaac et Jacob et les Tribus, et en ce qui a été donné à Moïse et à Jésus, et en ce qui a été donné aux prophètes, venant de leur Seigneur : nous ne faisons aucune distinction entre eux. Et à Lui nous sommes Soumis ».
(Sourate 3 : Verset 102)
 
Une fois cette précision de taille clarifiée, nous pouvons à présent nous intéresser à ce concept qui intéresse autant et à la fois, la majeure partie des hommes musulmans et l’ensemble des femmes musulmanes : l’obéissance de la femme envers son époux.
Il serait important d’abord de corriger cette fausse et fictive perception occidentaliste qui considère la femme musulmane comme un esclave dont la mission principale est la soumission à son supérieur, en l'occurrence le mari. Et pour plusieurs d'entre eux, l'obéissance de la femme signifie forcement et catégoriquement sa soumission, l'écrasement de ses droits humains de base, l'élimination de son point de vue et de sa perception de choses et l’aliénation de sa dignité et de son honneur. Il s'agit de conclusions complètement à tord et c’est la parole divine qui en apporte la preuve.
 
« Et parmi ses signes Il a créé de vous, pour vous, des épouses pour que vous viviez en tranquillité avec elles et Il a mis entre vous de l'affection et de la bonté. Il y a en cela des preuves pour des gens qui réfléchissent »
(Sourate 30 : Verset 21)"
 
Il est donc nécessaire que l'on découvre pourquoi Allah (swt) a ordonné à l'épouse d'obéir (et non pas de se soumettre) à son mari en démontrant premièrement, les conditions de cette obéissance.
 
Il est important de préciser que la femme obéit à son mari dans la limite du respect des préceptes de l'Islam, dans la limite du respect de sa personne et de ses droits et dans la limite du respect que ce dernier a des obligations et recommandations religieuses. A titre d'exemple, la femme a absolument le droit de refuser d'obéir à son mari quand celui-ci lui demande de ne plus porter le son voile, de ne plus prier...Il s'agit ainsi d'une obéissance soumise à des conditions strictes, respectant la personne de la femme et sa liberté d'agir dans le cadre des préceptes de sa religion, mais surtout, imposant à la personne à qui cette obéissance est destinée, une exemplarité et une démarche responsable pouvant justement assumer ce rôle très lourd de tuteur, de protecteur, de bienfaiteur.
 
Cheikh Ahmadou Bamba nous dit dans la « lettre aux croyantes »
« Ne conçois jamais l’idée d’adorer ton Seigneur tout en refusant de te conformer aux recommandations de ton époux qui quant à lui, craint le Seigneur »
Ceci démontrant toute l’importance de la responsabilité morale du mari, celui qu’ALLAH swt dans sa justesse éminente à voulu placé à la tête de cette institution si complexe du mariage.
 
Par ailleurs, l’époux ne devrait surtout pas profiter de cet attribution (et non pas avantage) pour en abuser et imposer à sa femme tout ce qu'il souhaite, car, comme les principes religieux l'ont bien précisé, l'homme est dans l'obligation de respecter la dignité de la femme et de la fréquenter de la manière la plus correcte car l’Islam, à travers ses sages directives, veille à la protection de la femme musulmane, à la préservation de son honneur et sa dignité. Elle se porte garante de sa gloire et son bonheur et lui assure les conditions nécessaires à une vie agréable éloignée des tentations et perversions. Tout ceci démontrant justement l'immense miséricorde d'Allah (swt) envers Ses serviteurs, d'ailleurs, le dernier message que le prophète Mohammed (psl) a communiqué à la « Oumma » avant sa disparution s'articulait autour de la nécessité de préserver la prière et de bien se comporter avec les femmes.
Comme précédemment cité dans d'autres articles, l'homme est tenu à prendre en charge tous les besoins matériels et non matériels de son épouse et de ses enfants, il s'agit ainsi du rôle du père de famille dont le mari en est entièrement responsable en Islam, en contre partie de cette responsabilité et afin qu'il puisse gérer au mieux son foyer dans un environnement propice et favorable, l'Islam a ordonné à la Femme de l'assister en obéissant non pas à des chantages ou menaces comme perçu malheureusement, mais à des recommandations et ordres conformes à ceux d’ALLAH (swt) et éviter de s'opposer continuellement à ses demandes ou suggestions pour quiconque raison banale, d'écarter et de négliger très souvent ses propos, de mettre une pression additionnelle sur lui....
 
ALLAH (swt) nous dit :
« Les épouses pieuses sont obéissantes à leurs maris… »
 (Sourate 4 : Verset 34)
 
Il s'agit donc d'une souplesse naturelle que la femme devrait faire jaillir afin que le mari puisse respecter ses engagements envers elle et envers son foyer de manière globale dans les meilleures conditions.
Malheureusement, il est constaté qu’au sein de plusieurs couples musulmans, les droits et obligations que l’Islam a bien énumérés et détaillé ne sont pas respectés, d’où les multiples cas de divorces constatés dans une bonne majorité de pays musulmans comme le Sénégal. Très souvent, l’on constate que les maris se plaignent du mauvais comportement de leurs épouses envers eux et du non respect de leurs obligations, de même pour les épouses qui se plaignent du désengagement de leurs maris et de leur ignorance de l’importance de la vie de couple et des responsabilités y afférents. Des problèmes issus tout simplement de la non-application des préceptes de l’Islam.
 
L’Islam authentique propose un équilibre et une équité social entre l’homme et la femme et celle-ci est justement l’une des sources principales de la réussite de la vie de couple : un mari responsable, traitant respectueusement son épouse, considérant ses points de vues et une épouse obéissante, facilitatrice et ouverte à toute concession tant qu’elles ne touchent pas à ses droits fondamentaux.
L’épouse donc est censée obéir à son mari et ne pas le contrarier de manière abusive et exagérée sans aucun prétexte ni fondement, cette obéissance devrait encore une fois être corrélée avec les préceptes de l’Islam et les droits dont disposent la femme envers son mari.
 
Il existe cependant de nombreux hadiths et récits hérités de cultures et traditions diverses, tous plus ou moins dans une configuration d’unir la femme à une nature esclavagiste, inferieure, non intelligente et incapable de s’assumer en tant qu’être humain, qui sont reconnus comme peu fiable et dont l’authenticité est controversée, mais qui sont pourtant toujours rapportés et transmis de générations en générations, afin d’ancrer dans les mentalités des idées altérées comme la dévalorisation des femmes et leur devoir absolu de soumission à l’homme.
Il est inadmissible, au nom de l’islam même, d’accepter et de perpétuer ce genre de corrélations qui ont fini par être sacralisés, et qui ont semé le doute et la culpabilité dans le cœur d’un grand nombre de musulmans, dont notamment les femmes musulmanes pratiquantes, qui se sentent obligées de se plier à ces diktats imposés par une idéologie foncièrement discriminatoire et contraire à l’éthique islamique.
 
Nous sommes en effet, très loin des différents principes énoncés par le Coran, tels que l’engagement moral entre les deux époux, leur consentement mutuel, leur concertation, l’amour et la tendresse réciproques. Ces notions, au fur et à mesure ont donné place à des concepts instrumentalisés par les cultures et les traditions et donc faussant totalement l’esprit authentique et objectif dans lequel s’inscrit les droits fondamentaux des femmes en Islam ce qui contredit le Coran qui décrète à maintes reprises que le propre de l’être humain, homme et femme, réside dans son honneur et sa dignité.
 
Dieu a honoré l’être humain, vieux, jeune, homme et femme en lui attribuant justement cette distinction, cette singularité, cette dignité.
Comment donc pourrions-nous accepter de nous approprier des positions qui dans tout ce qu’ils sont, vont à l’encontre de ce principe élémentaire, sommaire mais extrêmement fondamental de la vie humaine ?
Comment pouvons-nous nous identifier à la sacralité musulmane en biaisant chaque jour un peu plus, une affirmation principale de ce qui fonde cette sacralité ?
Comment pouvons-nous légitimer le déshonneur de plus de la moitié des êtres humains tandis que le Coran atteste : « Certes, Nous avons honoré l’être humain (le fils d’Adam) » ?
(Sourate 17 :Verset 70)
 
 
Mai Mbacké Djamil
Chercheur, Doctorante en Économie
maimbackedjamil@gmail.com
Vendredi 23 Décembre 2016




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