Ndioro Ndiaye, experte en migration : « Les femmes participent maintenant à la planification et à l’action du terrorisme ou du djihadisme »


Qu’est ce qu’on peut retenir après ces deux jours de forum sur la paix et la sécurité ?
Il y a eu tellement de choses qui ont été dites.  Des choses utiles au développement de la vie, vu que presque tous les pays Africains   ont été représentés, l’Europe est présente, l’Asie, les Etats-Unis, même l’Amérique latine est présente. Je pense que c’était une excellente idée pour le Sénégal de créer ce leadership, on a gagné depuis ces trois années de la maturité et en manière de faire.
 Le forum de cette année est meilleur par rapport au fond et à la méthodologie de partage d’expérience. Ce que je retiens de la journée d’hier c’est qu’elle a été très riche en société, phénomènes de société… Comment le terrorisme, le djihadisme est en train de pénétrer la plupart de nos régions géographiques, comment le djihadisme est en train de changer la mentalité de nos jeunes, de nos femmes. Elles sont présentes de plus en plus. Pas simplement pour exécuter une tache de reproduction, parce que quand elles étaient prises auparavant par les djihadistes, c’était juste pour les mettre enceinte et avoir des gosses qu’il récupère et élèvent eux-mêmes  avec leurs propres idées, maintenant les femmes participent elles mêmes à la planification et à l’action du terrorisme ou du djihadisme.
Donc les choses ont évolué et un pays comme le nôtre est sauf mais pas sain. Nous sommes un pays musulman, la distinction entre les musulmans et ce qui font ces types de pratiques est nécessaire, il faut qu’on en parle, il faut qu’on argumente de manière raisonnable que les gens puissent comprendre sans se fâcher.
 Sur le point d’aujourd’hui c’est plutôt autour des armes, les forces de sécurité et de défense globalement. Comment peut on faire pour que toutes nos forces et de sécurité de défense acceptent l’idée de se réformer, de se réformer de l’intérieur d’abord par la présence de ressources humaines.
Moi je défends souvent les femmes d’abord par la présence des femmes qui sont capables d’être formées, de gagner des galons d’abord, en santé militaire  par exemple nous avons des femmes.   Je pense que bientôt nous aurons des généraux qui ont fait les armes au même titre que les hommes, et je ne conçois pas que l’on puisse se marrer quand on parle de femmes dans ce groupe de forces. Moi ce que je retiens aujourd’hui c’est la nécessité de réformer nos armées au plan structurel, opérationnel  et dans la restructuration de nos forces armées que l’on tienne compte de la capacité des  femmes à changer la donne, à créer de la sécurité humaine, la sécurité physique qui a toujours été l’ apanage des hommes  et également la sécurité vue au plan du combat ou de la guerre parce que  il s’agissait de défendre l’état. Que la sécurité soit comprise comme quelque chose qui amène la paix, le bien être et la sécurité à l’intérieur des communautés. Donc que l’on fasse tout ce travail là sans tenir compte de l’apport de la communauté que se soit les femmes, les jeunes dans le design des réponses que l’on donne à ce type de défis et d’enjeux je crois que ce serait une erreur et une perte de temps. On a eu un très bon dialogue avec les chefs d’état-majors des armées de certains pays qui sont loin mais également  avec Africom, la Mauritanie avec le GS SAHEL avec les chercheurs  pour que l’on voie à partir du forum de Dakar comment mettre en place une prospective   qui prenne en compte la capacité des  femmes et des hommes dans la réponse à construire contre le djihadisme ou le terrorisme.
Alors ils ont parlé de la migration, des jeunes et de femmes. Qu’en pensez-vous ?
Le général Guèye a parlé de ce qu’on a pu détecter en Libye, Syrie et en Afghanistan pour être formé, pour être davantage impliqué et le risque c’est qu’ils reviennent  et puissent changer la donne chez nos jeunes. Je pense qu’au delà de cet autre aspect de la migration qu’il faudrait d’ailleurs trouver des solutions pour contre carrer cela; il y a la donne de l’emploi qui est à prendre à compte puisque les jeunes qui disent qu'ils n' ont rien sont parmi les recrutés et les terroristes leurs disent «  vous allez à l’étranger pour faire vivre vos familles,mais venez avec nous  on vous donne plus que cela  » et il y en a qui acceptent. Donc la migration est encore là et je comprends pourquoi le chef de l’état donne énormément d’importance à non seulement la compréhension de comment gérer la migration mais aussi aux enjeux et défis sécuritaires liés à la migration. On a eu une première conférence il y a un mois ici avec l’institut africain de gouvernance et le président Kufor était là tout comme le président Macky Sall. Mais je veux dire que la problématique elle est là, la construction des réponses nous incombe, l’endogènéité de la réponse nous incombe également puisque si c’est une réponse exportée on aura rien de pérenne. Mais tant qu’on ne prendra pas la chose à bout de bras et que nous réfléchissions sur la réponse à donner que ce soit pour la migration, pour la sécurité comme pour la paix, eh bien l’Afrique sera toujours à la traine encore...
Jeudi 8 Décembre 2016




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