NIGERIA : Sommet international sur la lutte contre Boko Haram

François Hollande est arrivé à Abuja, au Nigeria, où s'ouvre ce samedi 14 mai un grand sommet consacré à la coopération internationale dans la lutte contre Boko Haram. En coulisse, les abus de l'armée nigériane devraient aussi être évoqués avec le président nigérian.


François Hollande est arrivé le 13 mai à Abuja, la capitale du Nigeria. Un grand sommet y a lieu ce 14 mai, autour du président Muhammadu Buhari, consacré à la sécurité dans la région et à la lutte contre Boko Haram. Tous les chefs d'Etat de la région ont fait le déplacement. Les insurgés islamistes sévissent en effet également au Niger au Tchad et au Cameroun. Boko Haram est en recul mais conserve une capacité de nuisance, notamment par le biais d'actions kamikazes.

Le président français, qui avait encouragé cette coopération entre les voisins du Nigeria à l'occasion d'un sommet à l'Elysée il y a deux ans, a tenu à participer à ce nouveau rendez-vous. C’est au son de la cornemuse d’une garde d’honneur habillée à l’écossaise, avec pantalon en damier rouge et noir, que François Hollande a été accueilli ce matin au palais présidentiel, au pied d’«Aso Rock », le fameux piton rocheux qui domine la ville d’Abuja.



Rien à voir avec la visite très discrète de Jacques Chirac au même endroit. C’était en juillet 1999 du temps du président Olusegun Obasanjo. Ce samedi matin, le deuxième successeur de Jacques Chirac a reçu tous les honneurs militaires, comme si le nouveau président nigérian, le général Muhamadu Buhari, voulait signifier à son hôte : « Oui, nous comptons sur l’armée français, mais sachez que depuis mon arrivée au pouvoir il y a un, l’armée du Nigeria retrouve sa vigueur d’antan ».

La France avance ses pions au Nigeria

Au milieu d’une dizaine de chefs d’Etat africains, François Hollande est le seul chef d’Etat non-africain, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne y étant représentés par un ministre. La coopération militaire française est au cœur de la politique africaine du chef de l'Etat français. Depuis l’opération Serval au nord du Mali il y a trois ans, la France est devenue le gendarme du Sahel. Il est donc logique qu’elle essaie de pousser ses pions aussi au Nigeria.

De cette coopération stratégique, le président français espère tirer des dividendes pour les entreprises françaises à la conquête de nouveaux marchés dans la vingtième puissance économique du monde. Mais pour l’heure, les entreprises anglo-saxonnes restent loin devant sur le marché nigérian.

Violations des droits de l'homme

Les premiers pas de Muhamadu Buhari ont été salués par les partenaires internationaux du Nigeria, mais les forts soupçons d’abus des droits de l’homme qui pèsent sur l’armée nigériane sont un frein à la coopération. Ils privent notamment le Nigeria de formations militaires américaines et d’achat d’armes léthales.

« Buhari a l'énorme avantage d'avoir remporté des élections libres et justes l'an dernier, explique John Campbell, ancien ambassadeur des Etats-Unis au Nigeria et membre du Council on Foreign Relations, un think tank basé à Washington. Il a aussi lancé une vigoureuse campagne contre la corruption, et ça compte. Ceci dit, la communauté internationale est toujours préoccupée par les abus des droits de l'homme commis au niveau de l'armée, d'où l'importance du rapport d'Amnesty International publié cette semaine, sur la mort de détenus, y compris mineurs, dans les prisons. De nombreux témoignages indiquent que la population civile a autant peur des forces de sécurité que des insurgés ».

Les Etats-Unis ont désigné le Nigeria comme bénéficiaire d’un programme lancé en 2014 pour permettre aux armées de gagner la confiance des populations civiles dans les zones où elles interviennent. François Hollande devrait évoquer le rapport accablant d’Amnesty International avec son homologue nigérian ce samedi 14 mai. La délégation américaine ne devrait pas être en reste sur ce dossier.
Samedi 14 Mai 2016




Dans la même rubrique :