Mme Ndèye Amy Dioum, nouvelle responsable du Pds à Thiès : « La Crei nous a donné la force et le courage de la mobilisation pour la survie du Pds »


Mme Ndèye Amy Dioum, nouvelle responsable du Pds à Thiès :  « La Crei nous a donné la force et le courage de la mobilisation pour la survie du Pds »

 

Du temps de  la splendeur du Parti démocratique sénégalais (Pds), lorsque Me Abdoulaye Wade était au pouvoir, Mme Ndèye Amy Dioum faisait partie des jeunes libéraux que les grandes dames du comité directeur avaient éclipsés. Il a fallu  la perte du pouvoir pour que Ndèye Amy Dioum et tant d’autres sortent de l’anonymat jusqu’à se frayer un passage forcé au sein du comité directeur où elle est devenue incontournable. Très influente à Thiès où elle est politiquement engagée, Ndèye Amy Dioum,  la nouvelle amazone libérale de la capitale du rail,  s’est confiée  à votre hebdo préféré…   
 

Le Témoin : Depuis que le Pds a perdu le pouvoir, Ndèye Amy Dioum et ses jeunes camarades sont sorties de l’anonymat jusqu’à éclipser les grandes dames ayant marqué le Pds de la grande époque. Qu’est-ce qui explique ce phénomène ?  

Ndèye Amy Dioum : C’est ma fidélité à Me Abdoulaye Wade et mon engagement au Pds qui justifient ce phénomène. Bien qu’étant jeune, je suis une militante de la première heure du Pds. Et je me suis toujours battue contre l’injustice et le parachutage qui avaient miné le Pds d’alors. La preuve, lorsque Bara Gaye sorti du néant avait été parachuté à la tête de l’union des jeunesses travaillistes et libérales (Ujtl), c’est moi qui avais suggéré à Coumba Gaye de créer une structure parallèle. Et durant toute la crise, je m’étais rangée du côté de Coumba Gaye. D’ailleurs, à l’époque, j’avais pris la parole pour dire ouvertement à Me Abdoulaye Wade et à Karim que Bara Gaye n’avait aucune légitimité politique pour nous diriger. Et l’histoire m’a donné raison bien que cela ne soit plus qu’un mauvais souvenir. Depuis lors, Me Abdoulaye Wade m’a remarquée de par mon courage et mon engagement politique.
 

Comment pouvez-vous continuer à militer dans un Pds qui n’avait rien fait pour vous durant ses années de règne ?

Parce que je crois à mon parti ! Vous savez, dès l’arrivée du Pds au pouvoir en 2000, nous étions très nombreux à jouer les premiers rôles à Thiès. Il y avait les Idrissa Seck, Yankhoba Diattara, feu Guirane Ndiaye, Abdou Fall, Abdoulaye Dramé etc… Entre-temps, les uns avaient rejoint le Rewmi d’Idrissa Seck, les autres ont migré vers l’Apr de M. Macky Sall après la défaite du Pds en 2012. Aujourd’hui, je suis la seule rescapée à Thiès du Pds de l’an 2000. Cette défaite politique est riche en enseignements puisque elle a permis à nos leaders libéraux de revenir sur terre puisqu’il leur manquait de la considération et de l’humilité à l’endroit des militants de base que nous étions. Dans les meetings comme dans les réunions du Pds, les Awa Diop, les Awa Ndiaye et autres grandes dames du Pds nous minimisaient, nous marginalisaient, nous snobaient… Elles ne nous saluaient même pas, nous les « insignifiantes » militantes venant de Thiès et d’ailleurs. Aujourd’hui, tout a changé ! Car nos grandes sœurs et aînées politiques sont devenues plus ouvertes, plus humbles et plus disponibles pour nous accueillir et nous encadrer dans l’intérêt et la survie du parti. Et je m’en réjouis !
 

Pensez-vous que le Pds va cette fois-ci reconquérir la mairie de Thiès ?

Mais, on n’a jamais conquis la mairie de Thiès pour la reconquérir ! Justement, c’est là où se situe l’enjeu… À l’époque, malgré les grands moyens dont disposait le Pds, les libéraux n’ont jamais gagné cette mairie. Parce que les leaders politiques auxquels le président Wade confiait cette bataille locale étaient tout sauf des combattants politiques. Un jour, j’ai même eu à les qualifier d’escrocs politiques ! Aujourd’hui, nous, jeunes libéraux, nous voulons sonner la rupture dans tous les domaines. Et surtout la rupture pour l’humilité, l’ouverture et le partage. Donc, pour les élections locales,  on est en train de jeter les bases d’une alliance prometteuse avec les autres partis politiques. Même avec le Rewmi d’Idrissa Seck ! Une alliance qui, au-delà des élections locales, pourrait, au vu des résultats, relancer une nouvelle dynamique politique vers la prochaine présidentielle 2017 où le Pds reprendra son pouvoir. Vous savez, Me Wade n’a pas perdu le pouvoir, il l’a confié accidentellement à ses fils libéraux puisqu’il va le reprendre pour le confier à d’autres mains.
 

Pensez-vous que le Pds risque de connaître le même sort que le Parti Socialiste (Ps) c’est-à-dire  faire définitivement son deuil du pouvoir ?

Écoutez ! Il ne faut pas nous comparaître au Ps… Tenez ! Après la chute du président Abdou Diouf, le Ps de Ousmane Tanor Dieng  est resté plus de deux ans sans congrès.  Mobilisation et Rassemblement, les socialistes avaient même oublié ces deux mots. D’ailleurs, les responsables libéraux se souviennent toujours de ce fameux article du « Témoin » titré  ainsi : « Ps : Deux ans après, le cadavre ouvre un œil !  » Vous voyez !
 

Et quand est-ce que le cadavre Pds va ouvrir un œil ?

(Rires) Heureusement que le Pds n’a jamais connu le triste sort du Ps ! Aujourd’hui, nous remercions la Cour de Répression de l’Enrichissement illicite (Crei) de nous avoir très tôt remobilisés. Quelques semaines après la perte du pouvoir, le Pds a battu le rappel des militants lorsque l’arme de la Crei avait été brandie par Macky Sall. Rappelez-vous, les premières convocations à la gendarmerie de Colobane avaient permis aux militants de se rapprocher de leurs leaders. D’ailleurs, c’était une occasion pour la plupart des Sénégalais « ordinaires » et autres militants de base d’être sous le même arbre que Karim Wade, Madické Niang, Samuel Sarr, Oumar Sarr, Modou Diagne Fada etc. qu’ils ne connaissaient que de noms. Ces responsables ont gagné la sympathie des militants rien qu’à travers ces petites mobilisations devant la gendarmerie de Colobane. Donc n’eut été la Crei, le Pds serait oublié et affaibli comme le Ps.  Parce que cette chasse aux sorcières nous a donné la force et le courage de nous mettre debout et de nous battre.
 

Il paraît que tu as déposé une plainte contre ton camarade Massaly, que s’est-il passé ?

Je ne voulais même pas en parler du fait que l’enquête est au cours à la brigade de gendarmerie de Thiès. Il m’a insultée au comité directeur alors que je ne faisais qu’un compte-rendu c’est-à-dire expliquer les réalités politiques du Pds dans notre ville. Ainsi, Massaly m’a insultée et autres, il a soutenu que je suis la maîtresse d’un responsable politique dont je ne veux pas citer le nom. Pour laver mon honneur et celui du responsable politique, j’ai déposé une plainte contre lui. Ne serait-ce que pour cet honorable père de famille ayant une femme et des enfants, j’irai jusqu’au bout de ma plainte !

Propos recueillis par :

Pape NDIAYE

Article paru dans « Le Témoin » N° 1162 –Hebdomadaire Sénégalais (AVRIL 2014)   
 

Vendredi 25 Avril 2014




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